A45 : Sarkozy avance, Collomb recule

Le président de la République a annoncé qu'il allait lancer les appels d'offre européens pour la construction de la nouvelle autoroute A45 reliant Lyon à Saint-Étienne, serpent de mer, espéré dans la Loire depuis des années. A Lyon, le préfet a été désavoué et Gérard Collomb a freiné des quatre fers réitérant son opposition. Explications. (Actualisé à 23h)

C'est un retournement de situation dont le préfet du Rhône, Jean-François Carenco se souviendra sûrement longtemps. Après lui avoir demandé, il y a quelques mois, de réunir tous les acteurs intéressés de près ou de loin par le projet, le président de la République vient de le désavouer ce mardi. Le préfet de région, ancien chef de cabinet de Jean-Louis Borloo au ministère de l'Ecologie et des Transports avait en effet pour mission de dresser un diagnostic éclairé du projet de l'A45. Il avait jugé bon de l'abandonner purement et simplement avant Noël. En contrepartie, il proposait d'améliorer le contournement de Saint-Étienne, de réaménager l'autoroute existante (A47) et de construire un tunnel sous Givors à l'arrivée à Lyon aboutissant sur l'A46 sud afin de désengorger Lyon.

Mais après avoir reçu un courrier des 25 représentants du monde économique de la Loire et du Rhône samedi dernier, et à la veille de son déplacement mi-présidentiel mi-partisan à Lyon ce jeudi, Nicolas Sarkozy a annoncé, le 17 janvier, qu'il allait "lancer les appels d'offres européens pour la construction de la future autoroute A45". Le président du conseil général de la Loire et le maire de Saint-Étienne ont reçu sa missive.

Certes le président ne s'est pas prononcé pour un tracé ou pour un autre, mais son intervention fait office de désaveu par rapport au travail de son représentant à la préfecture de région qui ne "s'exprimera certainement pas après le président" estime son entourage. Nathalie Kosciusko-Morizet et Thierry Mariani ont été chargés officiellement par le Nicolas Sarkozy mercredi de lancer prochainement les appels d'offres du projet a précisé le chef de l'Etat.

La gauche opposée au projet réitère son opposition

Gérard Collomb a réagi ce mercredi, en marge d'un point presse sur le Grand Stade, autre sujet d'intervention présidentielle ce mercredi à Lyon. Il s'est évidemment prononcé une nouvelle fois contre l'A45 en l'état. Il a rappelé que ni lui ni Michel Mercier, président du conseil général et néanmoins ministre d'Etat, n'envisageaient de verser un centime pour le projet si celui-ci débouchait à Pierre-Bénite, au sud de l'agglomération. "Slides" à l'appui, Gérard Collomb a estimé que "si l'on [faisait] arriver des autoroutes à l'intérieur du tissu urbain de l'agglomération, il ne faudrait pas s'étonner demain que celle-ci soit complètement engorgée".

A droite, Dominique Perben, député UMP du Rhône et ancien ministre des Transports (2005-2007) a salué la décision du chef de l'Etat à propos d'un projet autoroutier qu'il a "toujours soutenu". "Contrairement aux positions timorées de plusieurs élus de notre région, Nicolas Sarkozy a fait le choix du courage et du développement" a-t-il relevé dans un communiqué.

Nora Berra, opposante au maire de Lyon et membre du gouvernement, en a profité pour attaquer Gérard Collomb : "[Il] nous expliquera sans doute, en feignant l'indignation, que les problèmes d'entrée de l'A45 dans l'agglomération lyonnaise ne sont pas résolus : qu'il se rassure, ils le seront, et des études ont été conduites en ce sens bien qu'il feint de l'ignorer".

Collomb : "Il manque toujours 350 millions d'euros"

Les élus Verts au conseil régional Rhône-Alpes ont fait savoir qu'ils considéraient l'annonce du chef de l'État comme le dernier coup de canif porté au Grenelle de l'environnement - "l'ultime trahison"-, dans un communiqué de presse envoyé mercredi. Les écologistes préconisent plutôt, tout comme Gérard Collomb, un réaménagement de l'autoroute existante et, de plus, un renforcement des liaisons TER entre Lyon et Saint-Étienne plutôt que la construction d'un "nouvel aspirateur à voitures".

Pour finir, Gérard Collomb a rappelé ce mercredi après-midi devant la presse que l'appel d'offre de l' A45 était encore loin d'être bouclé : "Il manque toujours 350 millions d'euros, espérons que de généreux donateurs vont se manifester" a-t-il plaisanté devant les caméras. Le président du Grand Lyon ne désespère pas d'imposer ses vues en matière de transports dans l'agglomération, y compris pour les autoroutes qui dépendent de l'État.

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