Alors que la Nupes est parvenue à faire voter sa proposition de loi visant à constitutionnaliser le droit à l'IVG, à Lyon, ce dernier reste fragile.
Le 24 novembre, une proposition de loi visant à inscrire le droit à l'avortement dans la constitution, portée par la Nupes, a été adoptée par les députés. Si le texte a globalement fait l'unanimité, 32 députés ont tout de même voté contre, d'autres, majoritairement issus des Républicains, ont tenté l'obstruction parlementaire en déposant des centaines d'amendements.
Pour aboutir, ce texte doit maintenant être voté par le Sénat - composé à 64,9 % d'hommes - qui avait déjà rejeté une proposition similaire le 19 octobre. L'occasion de faire un point sur l'accès à l'IVG à Lyon où "la situation est fragile", selon Valérie Radix du Planning familial.
"Certains professionnels vont aussi mettre une limite à leur pratique, en s'arrêtant à 10 semaines, d'autres à 12."
Valérie Radix, Planning Familial
C'est que, même au Planning, on peine à mesurer et récolter l'information sur le sujet. En moyenne, "nous étions facilement à deux ou trois semaines d'attente ces derniers temps", explique Valérie Radix. Le Planning accompagne les femmes souhaitant avorter en informant sur les méthodes possibles et les établissements vers lesquels se diriger.
La membre du conseil d'administration observe "un problème d'accès à l'hôpital", contraignant des femmes à l'IVG médicamenteuses à domicile sans qu'elles ne puissent décider de la méthode qu'elles souhaitent adopter. "Cela peut être problématique pour une femme avec des enfants, qui n'a pas la possibilité d'être seule. Certaines souhaiteraient avoir une présence médicale", déplore-t-elle.
Des personnels engagés
L'accès à l'IVG tardif, entre 12 et 14 semaines de grossesse est lui d'autant plus compliqué qu'il nécessite pour l'établissement hospitalier d'être adossé à un service d'urgence gynécologique. A Lyon, les hôpitaux de la Croix-Rousse, Femme mère enfant et Lyon Sud sont les seuls à le réaliser. "Certains professionnels vont aussi mettre une limite à leur pratique, en s'arrêtant à 10 semaines, d'autres à 12, déplore Valérie Radix. Et d'ajouter : nous sommes inquiétés parce que cela fait reposer toute la charge sur les hôpitaux."
Malgré tout, le Planning tient à rappeler que les équipes hospitalières impliqués dans le services pratiquant l'avortement "sont des personnes plutôt engagées sur la question. Et d'ajouter : les personnes qui seraient dans une volonté de dissuader ou dans un jugement brutal restent complètement minoritaires".
Des enjeux d'accès à l'information
Du côté de l'information, "il y a de gros enjeux d'accès", insiste Valérie Radix. Si de nombreux sites gouvernementaux ont été créés pour informer, quelques sites de désinformation tenus par des anti-avortement persistent et sont très bien référencés. C'est le cas de ivg.net, qui apparaît dans les cinq premiers résultats lorsque l'on tape IVG dans la barre de recherche. On peut notamment y trouver des fait-divers sur la mort d'une femme ayant souhaité avorter, le tout, drapé dans une apparence d'informations neutres et strictement juridiques.
Une méthode dont certains groupes politiques sont adeptes et que le Planning familial surveille de près : "on très vigilant à toutes les propositions de loi qui, insidieusement tentent de créer une brèche dans le droit à l'IVG", prévient Valérie Radix. Référence notamment à une proposition de loi de 2003 issus de sénateurs, qui visait à pénaliser "l'interruption de la grossesse causée par maladresse, imprudence, inattention, négligence ou manquement à une obligation de sécurité ou de prudence prévue par la loi".
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