REPORTAGE - 85% des agents de sureté selon la direction, 100% selon l'Unsa, sont en grève depuis 8 jours à l'aéroport Lyon Saint-Exupéry. Remplacés par des agents d'autres entreprises de sécurité, les grévistes assurent que les procédures de sécurité ne sont pas respectées. La préfecture et la direction d'Aéroports de Lyon ne communiquent pas.
Des écrans-rouges au-dessus des comptoirs d'enregistrement indiquent aux passagers que l'aéroport connait un mouvement de grève. Les voyageurs sont invités à se rendre deux heures avant l'embarquement à l'aéroport. Ils patientent dans le calme, prêts à tout pour rejoindre leur famille à Noël. Le terminal 3 est fermé, seul le terminal 2 fonctionne depuis le début de la grève. Quelques retards sont possibles à l'embarquement, mais tous les avions décollent. Aucun voyageur ne remarque de changements par rapport à la normale. Interrogée à l'aéroport, Paulette Brunet, 58 ans, se dit "solidaire des grévistes" mais ne supporte pas d'être "prise en otage". Elle estime que "200 euros [l'augmentation de salaire demandée par les grévistes], c'est quant même une somme ! Et quand on voit la réaction du gouvernement qui a décidé de les contrer en demandant l'intervention des forces de l'ordre, on ne sait même pas si leurs revendications vont aboutir".
Les grévistes se tiennent tranquilles
Les CDD et intérimaires des sociétés de sécurité appelés en renfort sont à pied d'oeuvre. Quelques policiers sont là pour parer à tous mouvements de foule. Mais tout est parfaitement calme. Réunis dans leur local au rez-de-chaussé du Terminal 2, les grévistes se tiennent tranquilles. "Le préfet nous a félicité pour notre comportement hier", témoigne Edouard Nunez, syndicaliste Unsa à la Brinks qui dit "ne pas titiller les passagers ni les salariés de l'aéroport". Jeudi à 18h, il a été reçu avec une petite délégation de syndicalistes en préfecture. "Une première prise de contact avec le préfet" selon lui. La préfecture n'a rien laissé filtrer du résultat de cette rencontre. Mais les syndicalistes expliquent avoir fait part au préfet des problèmes de sécurité constatés à l'aéroport. "Les procédures de sécurité habituelles ne sont pas respectées, nous constatons plusieurs points noirs, notamment dans les points de palpations", témoigne Edouard Nunez. La direction d'Aéroports de Lyon se refuse à tout commentaire, précisant simplement qu'elle remplace les agents grévistes par des "salariés d'entreprise de sécurité avec lesquelles nous avons l'habitude de travailler le reste de l'année".
L'inspection du travail est sur place
Hier, l'inspection du travail était d'ailleurs présente en préfecture. Selon les syndicalistes, "ses représentants assurent une permanence actuellement sur le site de l'aéroport. Ils rendront leur rapport prochainement", affirme Edouard Nunez de l'Unsa.
Quant à la possibilité de remplacer les grévistes par des policiers à Lyon, il n'en était pas question jeudi soir. "On fonctionne très bien avec les effectifs que nous avons, tant qu'il n'y a pas de vols annulés. On n'en a pas besoin", précise la direction d'Aéroports de Lyon. "La Police n'en a pas les moyens, commente le syndicaliste Edouard Nunez, comment se démunirait-elle de 350 hommes sur le terrain ?". A Roissy, l'appel aux policiers a mis le feu aux poudres hier, provoquant la colère des grévistes qui ont manifesté bruyamment dans l'aéroport.
A Lyon, ce vendredi, la totalité des 150 vols programmés pour la journée devraient décoller sans problème, peut-être avec un peu de retard. Idem pour les vols de ce week-end, 105 sont prévus samedi et 86 ce dimanche.
Une réunion avait lieu ce matin entre les représentants nationaux des grévistes et le syndicat patronal des entreprises de sûreté aérienne et aéroportuaire (Sesa). Le président de ce dernier aurait proposé une prime annuelle de 300 euros aux salariés en grève. Ils voteront cet après-midi la poursuite ou non de la grève ce week-end.