EXCLUSIF - D'après nos informations, l'État, l'actionnaire majoritaire des aéroports de Lyon, vient de réclamer d'urgence la tenue d'une réunion du conseil de surveillance de l'aéroport ce lundi 19 avril à 17h. La rencontre devrait se tenir dans les bureaux de la Chambre de commerce et d'industrie de Lyon (CCI). L'objet de cette convocation inopinée: les comptes des aéroports de Lyon.
Une provision financière libellée de façon anonyme serait, d'après plusieurs sources, directement liée à l'affaire Rhônexpress, le marché public du tram qui doit relier l'aéroport à la Part-Dieu et sur lequel le parquet financier a ouvert une enquête préliminaire depuis près d'un an (lire l'enquête de Lyon Capitale à ce sujet).
Cette provision financière équivaut au montant de la facture émise par Yann Gaillard, l'intermédiaire soupçonné d'avoir été mandaté par Guy Mathiolon, le patron de la CCI, pour faire modifier le tracé de Rhônexpress dans son débouché à l'aéroport. Gaillard réclamait plus de 300 000 euros à M. Mathiolon qui jure ne lui avoir jamais donné mandat. Le montant de cette facture semble pourtant avoir été provisionné dans les comptes des aéroports de Lyon qui ont été approuvés le 26 mars dernier lors d'une réunion réunissant Guy Mathiolon, Michel Mercier, Gérard Collomb et un représentant du préfet.
Personne, y compris la commission d'audit, ne s'est rendu compte de l'inscription de cette provision alors que l'affaire Rhônexpress était devenue publique et connue de tous après les révélations de Lyon Capitale. Chacun connaissait donc le caractère sensible du dossier, ainsi que le nom de Yann Gaillard et le montant réclamé par celui-ci. L'État, par l'intermédiaire de l'Agence des Participations de l'État (APE) qui détient 60% du capital des aéroports de Lyon, réclame aujourd'hui que cette provision soit retirée du bilan comptable des aéroports.
Des questions
Reste plusieurs questions en suspens. Pourquoi cette somme s'est retrouvée provisionnée alors que Yann Gaillard n'a jamais reçu de mandats officiels, ni de la part de la CCI, ni de la part des aéroports? Qui a fait inscrire cette provision dans les comptes dont la responsabilité incombe à la direction des aéroports de Lyon ? Yves Guyon, le président du directoire des aéroports, était depuis un an au courant de cette affaire Rhônexpress et des réclamations de Yann Gaillard.
Dans un courrier en date du 5 août 2009, M. Yves Guyon écrit même à M.Gaillard : la société aéroports de Lyon "ne vous a commandé aucune prestation ou intervention d'aucune sorte se rapportant au projet de tram-train Rhônexpress. Par conséquent Aéroports de Lyon n'est pas redevable de la facture que vous nous avez adressée." C'est écrit en toutes lettres de la main du patron des aéroports de Lyon alors pourquoi les comptes des aéroports provisionnent-ils la somme du montant de la facture de M. Gaillard?
Manipulations ?
C'est cet aspect qui surprend l'entourage de Guy Mathiolon. Certains y voient une manipulation de plus pour déstabiliser le président de la CCI. Cette ligne comptable permettrait de mieux entériner la thèse d'une implication crapuleuse de Guy Mathiolon. Ce dernier entend demander des explications ce soir lors de ce conseil de surveillance extraordinaire. Ce qui paraît vraisemblable, c'est que ce n'est pas M. Mathiolon qui a fait inscrire cette provision dans les comptes puisqu'il n'a aucun pouvoir d'intervention dans ces derniers. C'est Yves Guyon, le président du directoire de la société Aéroports de Lyon, qui a la responsabilité de présenter ses comptes au conseil de surveillance. Alors qui a fait inscrire cette provision ? Dans ce dossier où les manipulations et instrumentalisations sont présentes à tous les étages, le rôle de certains n'est toujours pas éclairé par les investigations de la brigade financière.
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