Quatre salariés de l'hôpital Edouard-Herriot de Lyon ont témoigné lundi au procès du violeur de la patiente octogénaire atteinte d'Alzheimer. Ils ont exprimé leur incompréhension et leur malaise quant au manque de sécurité de l'hôpital. Compte rendu.
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Lorsque l’avocat général s’exclame au Palais de justice ce lundi après-midi que "Julien a brisé un tabou en s’introduisant dans cette chambre", c’est bien le manque de sécurité des locaux de l'hôpital Edouard-Herriot qu’il vise. Le bon sens exige aussi de reconnaître que "le risque zéro" n’existera jamais complètement dans un service qui doit être ouvert à tous, comme les urgences. Mais le représentant du ministère public déplore que les membres du personnel aient pris sur le fait l'accusé en train de violer une de leur patiente, le 6 mai 2010.
"Ce n’est pas normal, pas à l’hôpital"
En ce lundi après-midi, le deuxième témoin appelé à la barre est infirmier de nuit à HEH. C'est lui qui a découvert, lors de sa ronde de nuit, l'accusé en train de violer la patiente. Il revient bouleversé sur la nuit du 6 mai 2010 : "On l’a très mal vécue, on n'a pas pu fréquenter ce secteur durant 2 ou 3 mois" explique-t-il incluant ses collègues ce soir là.
Sa collègue, aide-soignante, est intervenue auprès de la victime après l’agression. Son état d’esprit après cette affaire ? Elle confie qu’elle ne travaille plus de la même manière qu’avant : "quand on fait des nuits, on sursaute quand on croise un balai". En larmes, elle ne comprends toujours pas comment un tel crime a pu se produire dans un lieu de soins : "ce n’est pas normal, pas à l’hôpital".
Interrogée par le juge sur la raison de l’accueil du jeune SDF ce soir-là, comme de nombreuses fois auparavant, elle se défend néanmoins : "On est à l’hôpital public, on fait une petite place à ceux qui viennent…".
"On ne va pas mettre un garde derrière chaque porte"
L’avocat général pose alors la question, un tantinet provocante : "les familles vont-elles être informées de ce risque ?". L’infirmier semble alors vexé, il réplique : "on ne va pas mettre un garde derrière chaque porte, c’est un service ouvert !".
Suivent les excuses du représentant du Parquet : " je ne voudrais pas culpabiliser le personnel" regrette-t-il. Mais elles semblent vaines face au souvenir tenace de cette nuit dramatique. Les quatre membres du personnel intervenus cette nuit là semblent durablement blessés par cette affaire et certains d’entre eux ont depuis demandé un soutien psychologique. L’infirmier qui a appelé la police ce soir là concède : "on fait face à beaucoup de situations auxquelles on n'est pas préparé".
"Ce scénario est-il envisageable aujourd’hui ?"
L’attention du juge se porte alors sur le système de surveillance en place à l’Hôpital Edouard-Herriot. L’infirmier précise qu’aujourd’hui: "Il n’y a pas de caméras, il y a des gardes disponibles mais je ne sais pas où ils sont". Et pour l’avenir ? "Pleins de projets sont en cours, on ne sait pas quand ils seront réalisés". A la question : "ce scénario est-il envisageable aujourd’hui ?", la sentence tombe dans la bouche du témoin infirmier : "je le pense".
Quant au violeur présumé, il encourt 20 ans de prison. Le verdict est attendu cet après-midi.