Des membres du collectif des victimes d'agressions sexuelles du père Ribes ont pris la parole vendredi matin à Lyon pour faire part de leurs demandes à l'Eglise.
Pour la première fois, le collectif des victimes du prêtre Louis Ribes a tenu une réunion publique, devant la presse, vendredi 6 mai.
Les victimes de Louis Ribes, prêtre pédo-criminel surnommé "le Picasso des églises", ont déjà participé à six réunions de libération de la parole en janvier et février 2022.
Ordonné prêtre en 1947, Louis Ribes commence à être enseignant à la Cléricale, école catholique de St-Martin-en-Haut, dans l’ouest lyonnais. Le père Ribes a un don de peintre et il a déjà beaucoup fréquenté les milieux artistiques de Lyon. Pendant la guerre, il est dessinateur pour l’hebdomadaire Temps Nouveau, à Lyon.
Jusqu’à sa mort en 1994, il est soupçonné d'avoir agressé sexuellement des centaines d’enfants dans tous les lieux où il a enseigné ou est il intervenait, depuis le séminaire de Vienne-Estressin où il formait les futurs prêtres, aux trois diocèses de Lyon, Grenoble et St-Etienne, où il se déplaçait continuellement.
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Dans un communiqué du 9 février, dernier, les trois diocèses expliquaient "au cours de ces réunions, certaines victimes ont pu parler pour la première fois. D’autres se sont signalées par la suite. C’est ainsi que nos diocèses ont recueilli à ce jour 48 témoignages dont 18 à Saint-Etienne, 19 à Lyon et 11 à Grenoble-Vienne. Il faut noter par ailleurs qu’un collectif de victimes de Louis Ribes a vu le jour et organise également des rencontres".
Vendredi matin 6 mai, les victimes ont organisé leur première réunion publique, à Lyon, rappelant brièvement la chronologie des faits, devant une trentaine de médias présents, dans une ambiance alourdie par quelques témoignages glaçants.
Les 10 revendications des victimes
Les victimes ont surtout souhaité présenter leurs revendications, "sans trop revenir sur ce qui s'est passé, car cela s'est passé".
- la désinscription des oeuvres du père Ribes au titre des monuments historiques
- l'accompagnement des victimes, dès leur manifestation auprès des diocèses, dans une démarche de reconnaissance et de réparation
- la prise en charge de tous les soins par l'Eglise catholique, sans limite de temps et de durée
- la mise à disposition par les diocèses d'un lieu pour que les victimes puissent se rencontrer et échanger
- l'instruction de chaque signalement au procureur de la République
- l'imprescriptibilité des crimes contre les mineurs
- le respect par l'Eglise catholique des 45 recommandations de la Ciase (Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église)
- la reconnaissance par l'Eglise du caractère systémique de ses crimes
- la réparation à hauteur des crimes commis
- la prévention, afin d'éviter que de tels crimes se reproduisent
Un patrimoine estimé entre 172 et 200 millions d'euros
L'Eglise a-t-elle les moyens de payer ? La question a été posée en fin de conférence. Roger-Pierre Jérabek, expert comptable et commissaire aux comptes, a présenté une analyse des biens du diocèse de Lyon. "Le patrimoine du diocèse peut être évalué a minima entre 172 et 200 millions d'euros, avec une trésorerie de 50 millions d'euros. "
Luc Gemet, l'un des initiateurs du collectif de victimes a expliqué : "Pour nous réparer, on risque d'attendre encore longtemps mais eux (les diocèses), ils dépensant beaucoup d'argent pour communiquer. On est les grands oubliés."
"Il y a le coté financier, a ajouté une victime, mais il y a aussi le côté respect aussi."