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Agression anti-juifs : comment le procureur de Lyon a essayé d'éteindre le feu à Villeurbanne

5 jours après l'agression présumée de trois jeunes juifs qui portaient la kippa samedi à 18h00 à Villeurbanne, et alors que deux des trois principaux auteurs présumés de l'agression se sont rendus d'eux-mêmes à la police à 14h ce mercredi, le procureur de la République de Lyon a reproché aux médias leur emballement "irresponsable" mercredi matin.

Des dizaines d'articles parus dans la presse depuis samedi, un quartier assiégé par les journalistes autour du lieu de l'agression. Depuis samedi les rédactions parisiennes et locales font leurs choux gras des rebondissements des suites de l'agression antisémite présumée qui s'est déroulée samedi dernier à Villeurbanne. Trois jeunes de 19, 23 et 24 ans qui portaient la kippa ont croisé ce jour-là un groupe de jeunes d'origine maghrébine, âgés de 19 et 22 ans pour deux d'entre-eux.

Ils ne se connaissent pas, mais vivent dans le même quartier. Quel est l'élément déclencheur ? " Un regard, des insultes ? Nous ne le savons pas encore, les éléments discordent ", admet le procureur (photo ci-contre). Mais les coups pleuvent. Les agresseurs s'enfuient en courant et reviennent dix minutes plus tard, entourés de 7 autres jeunes, armés d'un marteau et d'une barre de fer. L'un d'entre-eux, "plus âgé ", selon le procureur, porte le coup de marteau entrainant 5 jours d'ITT chez sa victime. Un autre est frappé avec une barre de fer. Un autre reçoit encore des coups (3 jours d'ITT). La seconde agression a lieu cours Emile Zola, à 500 mètres. Des constatations médicales seront faites sur les victimes.

"Une interpellation de police a échoué mercredi matin"

"Le caractère antisémite de l'agression ne fait aucun doute, affirme le procureur de la République, mais ne mélangeons pas tout, ce qui est grave avant tout, ce sont les coups, le marteau, la barre de fer, le fait d'arriver en courant à 10". Depuis samedi les policiers en charge de l'enquête, la DDSP aidée des services de Villeurbanne, disposent de témoignages. L'agression a eu lieu en pleine rue sous les yeux des passants et des voisins. "Mais avec l'emballement médiatique, certains témoins ont refusé de témoigner, dont un très important qui a tout vu. Nous avons dû recueillir deux témoignages sous X ", reproche le directeur de la DDSP. "Une interpellation de police a même échoué mercredi matin" affirme Albert Doutre, à cause de la "pression médiatique". "En général, la présence de caméras de télévision et le bon déroulement des interpellations ne font pas bon ménage" rappelle-t-il.

Et en effet, mercredi matin, plusieurs journalistes présents sur place prévenus de l'arrestation imminente ne se seraient pas montrés très discrets. "Plusieurs étaient sur le pied de guerre dès mardi soir " témoigne un journaliste spécialisé. "Ce n'est pas très responsable" sermonne Marc Cimamonti qui a réuni mercredi après-midi les représentants de la presse lyonnaise au palais de justice de Lyon pour leur faire la leçon."On compte une trentaine d'agression antisémites depuis début 2011 dans le Rhône, c'est 30 de trop, mais ce ne sont qu'une trentaine de faits sur 35 000 crimes et délits commis depuis le début de l'année dans le Rhône", minimise le DDSP.

"Et dans moins de 5 cas, ces faits sont associées à des violences physiques", rappelle le DDSP. Le procureur poursuit : "Mieux vaut porter plainte contre une agression verbale, je vous assure que nous instruisons les plaintes et que les personnes sont poursuivies en justice. Nous ne baissons pas les bras" affirme le procureur qui invite les personnes victimes d'agression antisémite à ne pas faire justice elle-même.

Les représentants des communautés appelés à apaiser les esprits

Albert Doutre admet avoir déployé tous les moyens en sa possession depuis le début de la semaine, une trentaine d'hommes, pour retrouver les auteurs des coups portés aux jeunes de la communauté israélite. Marc Cimamonti affirme lui être en contact rapproché avec le président local du CRIF "dans les limites du secret de l'enquête". Il invite les représentants des communautés respectives et autres responsables de la ville à se parler et à faire leur part du travail pour apaiser les esprits.

"Nous sommes allés voir les familles, reconnaît Albert Doutre, et nous leur avons expliqué qu'il valait mieux que les jeunes se rendent d'eux-mêmes plutôt que nous allions les chercher ". Deux d'entre-eux, parmi les trois auteurs présumés de l'agression se sont ainsi rendus à 14h mercredi après-midi. Les deux jeunes de 19 et 22 ans sont entendus depuis 14h en garde à vue. L'auteur principal, plus âgé demeure en fuite. Poursuivis pour "violences aux personnes" avec trois circonstances aggravantes : "en réunion", "en raison de l'appartenance à une communauté religieuse ", et "avec armes", les trois jeunes encourent jusqu'à 7 ans de prison. La procédure judiciaire durera plusieurs mois et une information judiciaire devrait être ouverte en fin de semaine a annoncé le procureur.

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