Ils étaient trois à passer en comparution immédiate, mardi, devant le tribunal de grande instance de Lyon. Parmi eux, deux membres du GUD sont accusés d’avoir agressé deux couples pour des raisons racistes.
Dans la nuit de vendredi à samedi dernier, deux couples se sont fait agresser par une dizaine de personnes alors qu’ils rentraient de soirée. Parmi les agresseurs, quatre ont été arrêtés. Un adolescent a été déféré au parquet des mineurs et les trois autres sont passés devant le tribunal de grande instance de Lyon, en comparution immédiate. Les accusés sont poursuivis pour des faits de violences aggravées en réunion et à connotation raciste.
“Toi, l’Asiatique, tu ne passes pas”
Vers 3 heures du matin, dans la nuit de vendredi à samedi, deux couples rentrent de soirée. Ils sont trois en Vélo’v et le quatrième à pied. Parmi eux, une jeune femme originaire de la Réunion. Par malchance, ils tombent sur un groupe d’une dizaine de personnes plutôt énervées et fortement alcoolisées. L’un d’entre eux, membre du Gud, se serait placé devant les deux couples, les aurait bloqués et aurait fait un contrôle au faciès : "Toi, le Blanc, tu passes. Toi, l’Asiatique, tu ne passes pas", aurait déclaré Christophe M. Un des deux hommes s’est alors interposé et les coups ont commencé à pleuvoir. "On n’a pas cherché cette violence", explique une des victimes. On a juste croisé leur chemin."
Les quatre victimes sont présentes à l’audience. Elles paraissent encore choquées. Les violences physiques se sont surtout déchaînées sur les deux hommes et ils en ont encore les stigmates. Tous deux portent une minerve, l’un a perdu deux dents et l’autre a un œil au beurre noir et un poignet cassé. Du côté des parties civiles, on retrouve également maître Bouillet qui représente la Licra (Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme) et maître Sayn, SOS Racisme.
“On n’est pas forcément des haineux violents”
Pour ce qui est des accusés, ils sont trois face à la cour. Christophe M. est le seul à avoir été mis en détention, la justice affirme qu’il serait l’instigateur principal de l’agression. Ce membre du Gud est déjà poursuivi pour des faits de violence envers un représentant des forces de l’ordre et pour entrave à la circulation dans le cadre de la Manif pour tous. Il se revendique de ce groupe d'extrême droite où "on fait des réunions, de la politique. On n’est pas forcément des haineux violents", dit-il. Lorsqu’on lui demande quelles sont les valeurs de son mouvement, il explique que c’est le nationalisme qui, selon lui, serait "d’avoir des valeurs françaises et d’aimer son pays". Il reconnaît avoir été alcoolisé le soir de l’agression et avoir mis un ou deux coups, "mais c’est un peu sombre".
Le deuxième accusé, David C., comparaît libre, sous contrôle judiciaire. Il explique à la cour ne pas être membre du Gud mais sympathisant. "Que trouvez-vous de sympathique dans le Gud ?" ironise alors l’avocat de SOS Racisme. Il reconnaît avoir donné un coup de pied mais affirme également avoir tenté de prévenir les victimes et leur avoir conseillé de partir.
Quant au troisième accusé, il semblerait qu’il se soit trouvé là par hasard. Dimitri S. affirme qu’il rentrait chez lui, à 15 mètres du lieu de l’agression. Les victimes ne sont pas certaines de l’avoir vu et les deux accusés affirment ne pas le connaître. Par ailleurs, le jeune homme, un ancien militant antifasciste, était fiché comme d’extrême gauche. L’audience est finalement renvoyée en 14e chambre, celle des comparutions immédiates, à la date du 20 juin. Jusque-là, Christophe M. est maintenu en détention et les deux autres accusés restent sous contrôle judiciaire.