Une start-up lyonnaise fait du titre-restaurant un levier RSE permettant aux commerces, entreprises et salariés d'investir dans des projets de résilience agricole et alimentaire.
Lancée en septembre dernier , cette carte titres-restaurants va plus loin que les solutions déjà en place sur le marché et propose à ses utilisateurs de financer des projets agricoles.
Canicule, pluies diluviennes, grêle…, chaque année de plus en plus d’agriculteurs doivent faire face aux conséquences directes du réchauffement climatique. Pour s’adapter, beaucoup choisissent de diversifier leurs activités ou optent pour renforcer leurs installations. Une pérennisation qui a un coût important et qui n’est pas toujours financée par les banques. C’est ici que Coup de Pousse intervient : "c'est une carte titre-restaurant un peu comme les autres. Il y a, par exemple, Eden Red ou Swile, qui sont très connus. Dans le fonctionnellement, on fait la même chose, sauf qu'on veut créer, nous, un levier pour reconnecter l'alimentation aux exploitations. Et ce levier, c'est le titre-restaurant et c'est le projet Coup de Pousse, donc d'où le nom. L'idée, au-delà du paiement des repas, ou d'aller au restaurant ou de faire ses courses avec sa carte, c'est d'inciter à mieux consommer, c'est de penser à nos agriculteurs, à nos commerçants engagés."
Deux mois après son lancement, cette start-up lyonnaise compte déjà plus de 250 détenteurs de sa carte titres-restaurants et ambitionne d’atteindre les 10 000 utilisateurs dans moins d’un an. Son objectif ? Financer des premiers projets agricoles dès le premier trimestre 2024.
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Bienvenue à tous dans ce nouveau rendez-vous de 6 minutes chrono. Nous recevons aujourd'hui Sophia Akhmatova, co-fondatrice et présidente de Coup de Pousse. Bonjour. Coup de Pousse, c'est une start-up qui a lancé une carte titre-restaurant innovante, et là l'originalité, qui va permettre de financer l'agriculture durable. L'agriculture, ça résonne bien en ce moment avec les manifestations des agriculteurs. Expliquez-nous comment fonctionne votre carte titre- restaurant.
C'est une carte titre-restaurant un peu comme les autres. Il y a, par exemple, Eden Red ou Swile qui sont très connus. Dans le fonctionnellement, on fait la même chose, sauf qu'on veut créer, nous, un levier pour reconnecter l'alimentation aux exploitations. Et ce levier, c'est le titre-restaurant et c'est le projet Coup de Pousse, donc d'où le nom. L'idée, au-delà du paiement des repas, ou d'aller au restaurant ou de faire ses courses avec sa carte, c'est d'inciter à mieux consommer, c'est de penser à nos agriculteurs, à nos commerçants engagés. Donc il y a vraiment un volet de sensibilisation. Donc on donne des informations sur l'agriculture sur l'alimentation. Dans notre application il y a un volet financement de projet.
Imaginons que je veuille avoir cette carte Coup de Pousse, comment je fais ?
En fait, c'est un avantage salarial. Donc vous demandez à votre employeur ou vous la prenez pour vos salariés. Ça marche aussi pour les associations, les collectivités. Et donc vos salariés utilisent la carte. 25 euros par jour maximum. Donc vraiment comme les autres. Sauf que, nous, on vient rajouter l'impact et l'engagement, c'est-à-dire financer des projets d'agriculture durable ou régénératrice et aussi faire des partenariats avec des commerces qui soutiennent le circuit court, qui soutiennent les produits.
Oui, mais comment, concrètement, se fait ce coup de pousse aux agriculteurs ?
Alors, vous, votre cagnotte en tant que salarié, par exemple, n'est pas touchée. Nous, on vient chercher un coup de pouce financier supplémentaire du côté des entreprises. Donc, dans les frais de service, on reverse une partie mais on incite aussi à "l'arrondi solidaire" et aux dons du côté des salariés. Et on travaille avec différents acteurs comme Agribio ou Action contre la faim. Mais on est aussi en contact avec AgroParisTech, l'Isara (école d'ingénieurs agronomes, NdlR). L'idée c'est de s'entourer d'experts pour choisir des projets qui font sens et qui permettent à nos agriculteurs, agricultrices de s'adapter aux changements climatiques et aux aléas financiers actuels.
On a récemment connu de nombreuses manifestations d'agriculteurs, et il y en aura probablement encore, inquiets pour leur avenir. Quand vous avez pensé le projet c'est venu de quel constat ?
J'étais assez loin de tout ça de par ma formation, mais j'ai souhaité vivre plusieurs mois avec des agriculteurs. Donc je suis allée sur le terrain voir maraîchers, éleveurs, grande culture, céréaliers et autres. Et c'est en vivant avec eux, en essayant de partager un peu leur quotidien que j'ai compris que leur métier est difficile, ça on nous apprend rien, mais avec le changement climatique avec les contraintes financières, avec les normes, ça devient vraiment impossible. On a perdu 100 000 exploitations ces dernières années. Ça m'a vraiment fait un choc en tant que consommatrice mais aussi en tant que citoyenne. Et j'ai voulu en fait imaginer, avec les autres personnes de l'équipe, un projet qui permette à tout le monde de donner un coup de pouce. Nous citoyens, nous consommateurs, on a un peu une responsabilité, aujourd'hui, d'accompagner ce changement, qu'il soit environnemental ou social, et d'aider nos agriculteurs, pour pouvoir manger français dans les années à venir.
Aujourd'hui, tout le monde tout le monde prône l'agriculture française. Et d'un autre côté, les Français consomment de nombreux produits importés. En quoi reconnecter le consommateur à l'agriculteur est primordial ?
Je pense qu'il est important de vraiment retrouver ce lien avec la terre, en tout cas comprendre ce qu'on consomme, d'où ça vient, combien a été payé le producteur. Il y a des projets comme "C'est qui le patron ?" qui font très bien avec la brique de lait. Je pense qu'il y a beaucoup de sensibilité : les gens ont envie d'aider. Et il faut leur donner les moyens de pouvoir agir. Il ya plein de projets vraiment super qui se développent et on espère en faire partie en tout cas et donner notre coup de pouce à notre échelle.
Quant a été lancée la carte titre-restaurant Coup de Pousse ?
Le projet a débuté en mars 2022. On a obtenu une accréditation nationale l'été dernier puisque l'État régule tout ça. Et donc, là, on a nos centaines d'utilisateurs qui utilisent la carte. Et on est en partenariat avec Groupama Auvergne-Rhône-Alpes sur ce projet. Ils sont associés fondateurs avec nous sur le projet. Ils nous ont fait confiance. Et Groupama vraiment supporte l'innovation chez les jeunes.
L'idée c'est d'arriver à combien de cartes titre-restaurant d'ici la fin de l'année ?
Aujourd'hui, on en a a plusieurs centaines et on aimerait attendre plusieurs milliers d'ici la fin de l'année. Donc voilà se déployer, grossir.
Et là vous déployez comment ? C'est vous qui allez voir les entreprises stocker aux portes ? Comment ça se passe ?
Alors on est une équipe. C'est pas que moi. Donc on a des gens en développement commercial, sur le développement de l'application. On a commencé par des réseaux partenaires, Entrepreneurs pour la planète notamment. On s'appuie aussi sur les réseaux InPACT et sur les gens qui sont convaincus du message. J'ai bientôt 26 ans et je trouve ça chouette de se dire qu'on peut lancer des projets à tout âge et qu'on peut vraiment agir à toutes les façons. Et qui ont un impact sur l'environnement.
Une goûte d'eau pour se donner bonne conscience d'un côté, mais de l'autre continuer à soutenir une économie qui fait que l'individu a toujours cette tentation d'aller acheter "le moins cher" sinon il a l'impression de se faire arnaquer.
QUID de la transparence totale des produits chimiques utilisés ? Sans pétrole il n'y a plus de fertilisants pour "l'agriculture FNSEA", alors que font-ils avec leur projet contre cette utilisation de pétrole permanente ?
N'oubliez pas, si on crève de faim un jour, c'est "voulu" par un système qui ne plante toujours pas massivement des arbres fruitiers (y compris châtaigniers, fruits à coques) dans les villes et villages.
Les "pénuries" et la rareté artificielle font les prix. L'abondance ruine le système basé sur la monnaie.