Colonie d’Izieu, été 1943 © Maison d’Izieu / Coll. succession Sabine Zlatin

Ain : c'était un 6 avril, le drame de la rafle des enfants d'Izieu, exterminés à Auschwitz

6 avril 1944. Il y a pile 78 ans. Les soldats allemands raflent 45 enfants présents dans la colonie d’Izieu, dans l’Ain, ainsi que les 7 adultes qui les encadrent. Presque tous seront tués à peine descendus du train dans le camp de concentration, à Auschwitz.

Il y a 78 ans, jour pour jour, 45 enfants de 5 à 17 ans sont raflés à Izieu dans l'Ain par la Gestapo. L'une des tragédies du XXe siècle. A Izieu, ce jeudi 6 avril 1944, les enfants sont en vacances pour Pâques. Leur institutrice est partie se reposer dans sa maison, située elle aussi sur la commune d’Izieu. Le village se réveille doucement, les habitants se rendent à la messe. À la colonie, les enfants, âgés de 5 à 17 ans, vont prendre leur petit-déjeuner. Soudain, le bruit de deux camions se fait entendre. Il est trop tard pour fuir. L’armée allemande et la Gestapo sont aux portes du bâtiment. Sans pitié, ils raflent 45 enfants et 7 adultes qui les encadraient. Les plus petits n’arrivent pas à monter à l’arrière du camion, les soldats les jettent sans ménagement comme des fétus de paille. Le jeune Léon Reifman parvient à s’échapper en sautant d’une fenêtre.

Il se cache dans un buisson pour échapper aux nazis, qui le recherchent sans ménagement. La famille Perticoz, qui habite à côté de la colonie, le cachera avant qu’il ne parte dans un autre refuge à Belley. Non loin de la maison d’Izieu, Julien Favet, garçon de ferme, est témoin de la rafle ; il expliquera plus tard avoir reconnu Klaus Barbie parmi les Allemands. Il sera le seul à affirmer cela. Rien n’indique la présence du Boucher de Lyon ce jour-là. Les camions repartent. À l’église, la messe est interrompue, une voix hurle : “Ils emmènent les enfants !”.

La plupart des enfants envoyés à Auschwitz et fusillés dès leur arrivée

La colonie est vide, les camions sont partis. Les moteurs qui fonctionnent au gazogène obligent les Allemands à s’arrêter à La Bruyère pour se ravitailler en bois. Les ouvrières de la confiserie Bilbor remarquent les véhicules ainsi que les enfants. L’une d’elles reconnaît le jeune René-Michel Wucher à l’arrière d’un camion et explique aux Allemands qu’il n’est pas juif. Les négociations prennent du temps, mais il est sauvé. Les autres enfants n’auront pas cette chance. Ils sont amenés directement à la prison de Montluc, à Lyon, parqués vraisemblablement dans les ateliers, dans la cour de l’édifice, à côté de la baraque aux Juifs. Le soir même, Klaus Barbie envoie un télex à la Gestapo de Paris pour l’informer de l’opération. Entre avril et juin, les enfants et leurs accompagnateurs sont envoyés au camp de Drancy, puis vers le camp de concentration d'Auschwitz, où ils sont tués à peine descendus du train. Seule Léa Feldblum survivra, “choisie” par les nazis pour servir de cobaye… Elle sera libérée en même temps que le camp, en janvier 1945.

Qui a trahi les enfants ?

Pour Pierre-Jérôme Biscarat, historien spécialisé sur la maison d’Izieu, la question de la dénonciation n’a jamais trouvé de réponse : “On a pensé pendant longtemps que la colonie était clandestine, ce n’était pas vrai. De nombreux documents administratifs témoignaient de son existence.” Mais alors pourquoi cette rafle le 6 avril ?

Lyon Capitale vous raconte l'histoire de cette tragédie ici. Des zones d’ombre perdurent encore aujourd'hui sur cette tragédie du XXe siècle.

Une cérémonie commémorative devant la maison d'Izieu est prévue ce mercredi après-midi, le 6 avril 2022, à partir de 14h. Avec notamment les présences de Beate et Serge Klarsfeld.

Lire aussi : Ain : 78 ans après la tragédie, la maison d'Izieu lance un financement participatif pour un beau projet

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POUR ALLER PLUS LOIN

Le CHRD (Centre d'histoire de la résistance et de la déportation de Lyon) fête ses 30 ans en 2022. Un musée situé dans un bâtiment qui a une histoire lourde, dans un ancien haut lieu de barbarie nazie. Isabelle Doré-Rivé, la directrice du CHRD, était l'invitée de 6 minutes chrono, la quotidienne de Lyon Capitale, le 26 janvier. Elle retrace l'histoire du musée.

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