Albert Doutre
© Tim Douet

Albert Doutre, un flic, un homme, un républicain

Depuis quelques mois, les relations ne sont pas simples entre Lyon Capitale et Albert Doutre, le directeur départemental de la sécurité publique du Rhône. Hier, je l’ai rencontré à l’hôtel de police, afin de tenter de normaliser nos rapports. Et nous avons tous deux réalisé que nous devions dépasser nos différences.

Je ne reviendrai pas sur les différentes affaires dont notre journal s’est fait l’écho, y compris à sa une, ni sur les divergences d’appréciation y afférentes. Toujours est-il que j’ai rencontré hier Albert Doutre, le directeur départemental de la sécurité du Rhône, à l’hôtel de police de la rue Marius-Berliet, afin de tenter de normaliser nos rapports. Nous ne nous connaissions pas encore personnellement.

À la suite de la tragédie nationale survenue le 7 janvier, qui a si durement touché les journalistes et les policiers, nous avons l’un et l’autre très vite réalisé que nous devions dépasser nos différences, parce que nos missions respectives nous conféraient de lourdes responsabilités, particulièrement dans cette période qui s’ouvre et qui ne sera pas facile pour notre pays.

Je dois dire que j’ai trouvé un homme intelligent, sensible et profondément attachant. Un grand flic (cela, tout le monde le savait et s’accordait à le reconnaître) mais aussi, au-delà d’un caractère bien trempé et de méthodes parfois brutales – lui préfère l’adjectif “rigoureuses” –, un homme de bonne volonté.

Parler juste, plutôt que fort

En restant parfaitement nous-mêmes et en répondant strictement à nos missions respectives, je crois pouvoir affirmer que nous pourrons de nouveau travailler de concert dans la sérénité et la confiance. Car, sans qu’il ait été besoin de le formuler, nous avons tous deux ressenti, tout au long de ce rendez-vous d’une heure, que lorsqu’on parlait juste il n’était pas nécessaire de parler fort. Hier, je me suis senti flic, je me suis senti français, je me suis senti Charlie. Je ne le crie donc pas mais je l’écris, parce que c’est tout simplement la vérité.

Parfois, par nos articles, nous pouvons blesser un homme et, au-delà, l’équipe qui lui fait confiance et se sent par conséquent tout autant atteinte dans son honneur. Cela n’a jamais été la volonté d’aucun des journalistes de Lyon Capitale, seulement animés par la passion de leur métier – je puis l’affirmer et m’en faire le garant.

Hier, en quittant Albert Doutre, j’ai repensé à ces quelques lignes d’un de mes auteurs fétiches, André Malraux, lequel écrivait dans L’Espoir : “Il y a quelque chose que j’aime ici : les hommes sont comme des gosses. Ce que j’aime ressemble toujours aux gosses, de près ou de loin. Tu regardes un homme, tu vois l’enfant en lui, par hasard tu es accroché… Regarde-les, ils sortent tous l’enfant qu’ils cachent d’habitude.”

Hier, nous étions bien comme deux enfants de la République : pleins d’espoir, dans un monde en proie au chaos. Cela nous oblige mutuellement car, depuis le 7 janvier, rien ne sera plus jamais comme avant.

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