Alexandre Vincendet, maire Horizons de Rillieux-la-Pape, est l'invité de 6 minutes chrono pour évoquer la nomination de Michel Barnier.
C'est une alliance qu'il prônait depuis des mois et qui s'est fait finalement conclu après son éviction des Républicains et de l'Assemblée nationale après la dissolution de l'Assemblée nationale. C'est donc avec une pointe d'amertume qu'Alexandre Vincendet, maire de Rillieux-la-Pape et soutien d'Edouard Philippe, a accueilli la nomination, à Matignon, de Michel Barnier, symbole d'une alliance entre le bloc central et Les Républicains : "J'ai envie de dire, en tout cas, c'est bien pour la France désormais d'avoir un Premier ministre. Après plus de 50 jours, il était important qu'il y ait un locataire à Matignon et de l'autre côté, quel gâchis. Parce que pendant deux ans, j'ai prôné, non pas cette alliance, en tout cas cette entente pour créer une majorité stable pour le pays et après la dissolution, mon ancienne famille politique, les Républicains décident enfin de franchir le pas".
Il revient aussi sur l'annonce de la candidature à une prochaine élection présidentielle d'Edouard Philippe : "Édouard Philippe est un homme d'État. C'est quelqu'un qui se prépare et pour le côtoyer régulièrement, il se prépare avec un très grand sérieux, avec une très grande détermination. Il l'a dit lui-même, on ne pourra pas refaire du neuf avec du vieux. Il va falloir proposer un projet de changement massif et profond pour que notre pays se remette sur le droit chemin. C'est un long chemin, bien sûr, qui nous attend à horizon derrière Édouard Philippe".
La retranscription intégrale de l'entretien avec Alexandre Vincendet
Bonjour à tous et bienvenue, vous regardez 6 minutes chrono, le rendez-vous quotidien de la rédaction de Lyon Capitale. Aujourd'hui, on va revenir sur la nomination du nouveau Premier ministre, le Savoyard Michel Barnier. On va en parler avec vous, Alexandre Vincendet. Vous êtes maire horizon de Rillieux-la-Pape, ancien député Horizons, on en parlera aussi tout à l'heure, puisque Edouard Philippe a annoncé qu'il serait candidat à une présidentielle, laquelle, qu'en quelle année, ça on verra peut-être. Mais d'abord, je voulais revenir avec vous sur la nomination de Michel Barnier, issu des LR, comme vous, votre ancienne famille politique, dont vous avez été exclu parce que vous preniez un rapprochement avec le bloc central macroniste. Est-ce qu'on a toujours tort d'avoir raison trop tôt en politique ?
J'ai envie de dire, en tout cas, c'est bien pour la France désormais d'avoir
un Premier ministre. Après plus de 50 jours, il était important qu'il y ait un locataire à Matignon et de l'autre côté, vous le dites parfaitement, quel gâchis. Parce que pendant deux ans, j'ai prôné, non pas cette alliance, en tout cas cette entente pour créer une majorité stable pour le pays et après la dissolution, mon ancienne famille politique, les Républicains décident enfin de franchir le pas. Et ça a été cette idée pendant deux ans, je l'ai défendue avec d'autres, avec Jean-François Copé, avec Nicolas Sarkozy et même d'autres parlementaires qui siègent encore à l'Assemblée nationale. Et si ce rapprochement, ce pacte de stabilité avait été fait avant le 9 juin dernier, on n'aurait pas eu de dissolution, on n'aurait pas eu d'instabilité ou de risque de blocage institutionnel. Et je pense que la France aurait avancé beaucoup plus vite. Donc quel gâchis ? Malheureusement, aujourd'hui, on est passé par cette dissolution, mais enfin, j'ai envie de dire, la responsabilité et le bon sens a prôné par dessus les petits intérêts partisans. Et je suis finalement plutôt satisfait qu'aujourd'hui, en tout cas, on essaye de stabiliser tant bien que mal pour une durée assez limitée, finalement, parce qu'on se rend bien compte qu'à l'Assemblée nationale, ça va être extrêmement difficile de dégager des majorités de projets. Le vrai défi sera le budget d'ici la fin de l'année. Mais en tout cas, essayer de stabiliser pour un temps donné, en tout cas, avec cette bonne entente entre un Premier ministre LR, Michel Barnier, et le Bloc Central.
Est-ce que ça vous gêne que ça se soit fait sous le haut patronage du RN et de Marine Le Pen ?
Il ne faut pas avoir les choses comme ça. Ceux qui ont vraiment loupé le coche, déjà, c'est le nouveau Front Populaire, qui est simplement un cartel des Gauches à pur but électoral, pour une bonne et simple raison. C'est qu'ils ne s'entendent sur rien. Ils ne se sont même pas entendus pour essayer de gouverner. On essaye de nous faire croire que Mme Castey, qui est sortie de nulle part dans cet été, était programmée pour Matignon. Je crois savoir qu'ils avaient la possibilité de soutenir un homme de gauche raisonnable, responsable, reconnu par tous pour son sens de l'État, qui était Bernard Cazeneuve. Ils ne l'ont pas fait, à partir du moment où ils refusent. La France Insoumise a dit, si c'est Bernard Cazeneuve, nous censurons. Les écologistes ont dit, si c'est Bernard Cazeneuve, nous censurons. Et le Parti Socialiste a très clairement dit, nous aussi, il y a un risque de censure.
Est-ce que vous comprenez que le fait que ce soit les Républicains qui se retrouvent avec le poste de Premier ministre, alors qu'ils ont été plutôt parmi les battus, ils n'ont que 47 députés, est-ce que vous comprenez que ça peut se choquer ?
Je ne sais pas si c'est choquant ou quoi que ce soit. C'est essayer d'avoir une stabilité institutionnelle, la meilleure possible, dans une configuration complètement chaotique, où finalement, personne n'a de majorité, puisque personne n'a gagné ses élections. La gauche n'a pas gagné ses élections. Je rappellerai simplement qu'entre 2022 et 2024, la France Insoumise disait, du Bloc Central, que c'était la minorité présidentielle. Il y avait certes une majorité, qui était relative, mais qui était importante. Il y avait 260 députés, plus les 62 députés et les Républicains, donc ce qui faisait qu'un bloc assez cohérent. Ils expliquaient que ce bloc n'était pas légitime. Et aujourd'hui, à 193 députés, c'est-à-dire près de 70 députés de moins, ils expliquent qu'eux seraient légitimes et seraient majoritaires. On marche un peu sur la tête. Il y a un moment, non, je suis désolé, ceux qui sont principalement responsables de la possibilité de blocage, c'est bien sûr d'abord et dans un premier temps, la Nouveau Front Populaire, avec le haut patronage de Jean-Luc Mélenchon à leur tête. De l'autre côté, Marine Le Pen essaye justement aussi de faire monter les enchères. Donc chacun des deux extrêmes, comme d'habitude, se rejoignent pour essayer de déstabiliser un petit peu les partis de gouvernement. Après, aux partis de gouvernement aussi, et ça, je l'ai toujours dit aussi, pour faire baisser les extrêmes, de tenter d'apporter des solutions efficaces sur les sujets qui préoccupent nos concitoyens, sur la justice, sur la sécurité, sur l'immigration, sur la justice sociale, sur le fait de pouvoir vivre dignement de son travail, sur la justice sociale. Bref, il y a beaucoup de sujets à mettre sur la table. La question, encore une fois, il faut que tout cela puisse se faire après l'adoption d'un budget pour notre pays.
On va maintenant évoquer l'annonce d'Édouard Philippe. Il a annoncé qu'il serait candidat à l'élection présidentielle. Alors, il n'a pas donné de date, puisque peut-être qu'Emmanuel Macron n'ira pas au terme de son mandat...
Ce n'est pas souhaitable pour la solidité des institutions. Je tiens à le dire, la démission du président de la République, en tout cas, n'est pas souhaitable.
C'est pas paradoxal, à un moment où la France cherchait un Premier ministre, ou avait besoin de toutes les bonnes volontés, de dire, non, moi ça, le court terme, gérer le pays, ne m'intéresse pas. Moi, ce qui m'intéresse, c'est l'étape d'après, c'est la présidentielle...
C'est bien gérer le pays, vouloir se présenter à une élection présidentielle. Par ailleurs, il ne vous aura pas échappé qu'à chaque fois qu'Édouard Philippe prend la parole, il y a toujours une question. Alors, Monsieur Philippe, vous vous préparez pour 2027 ? Vous êtes prêts ? Et à chaque fois, vous avez les circovolutions de circonstances. Je pense qu'Édouard Philippe a tout simplement voulu un petit peu arrêter la langue de bois en disant cette espèce de numéro où tout le monde sait qu'il sera candidat, mais qui n'est pas dit clairement. Et aujourd'hui, Édouard Philippe a dit une chose. Il a voulu être franc avec les Français. Oui, j'y suis prêt. Oui, je me prépare. Et oui, je serai candidat. Et je pense qu'il a brisé finalement cette espèce de numéro que chaque politique, avant une élection présidentielle, alors qu'il sait qu'il va y aller, essaye de jouer. Et ce jeu aussi avec les journalistes qui essayent à chaque fois de poser cette question comme une retournelle. Aujourd'hui, les choses sont très claires. Édouard Philippe est un homme d'État. C'est quelqu'un qui se prépare et pour le côtoyer régulièrement, il se prépare avec un très grand sérieux, avec une très grande détermination. Il l'a dit lui-même, on ne pourra pas refaire du neuf avec du vieux. Il va falloir proposer un projet de changement massif et profond pour que notre pays se remette sur le droit chemin. C'est un long chemin, bien sûr, qui nous attend à horizon derrière Édouard Philippe. Mais je pense qu'aujourd'hui, le débat est posé. Il faudra compter avec Édouard Philippe dans le débat. Édouard Philippe, j'ai toujours dit, en tout cas, je pense qu'il a la sincérité, l'épaisseur, la stature pour être président de la République. Ça n'empêche pas qu'aujourd'hui, et il l'a dit, Horizon se aidera à Michel Barnier le plus possible pour qu'il réussisse à stabiliser les choses et faire passer un certain nombre de mesures importantes pour notre pays. Et puis, dans le même temps, bien sûr, le débat présidentiel s'ouvrira. On le sait, le président de la République actuel, qu'on soit pour ou contre lui, ne pourra pas se représenter. Donc aujourd'hui, simplement, Édouard Philippe a voulu clarifier les choses.