Le maire PS de Villeurbanne, Cédric Van Styvendael, est favorable à l'accord entre le PS et la France Insoumise en vue des élections législatives. Mais c'est "un accord extrêmement douloureux à Villeurbanne", reconnaît-il. Interview.
Ville dirigée par le PS depuis 100 ans, Villeurbanne n'aura pas de candidat PS aux législatives. L'accord voté jeudi soir au conseil national du PS entre les Socialistes et les Insoumis prévoit que la 6e circonscription du Rhône, celle de Villeurbanne, revienne aux Insoumis. Et pas aux socialistes. Au grand dam du PS local. C'est Gabriel Amard, le gendre de Jean-Luc Mélenchon, qui portera les couleurs de l'union de la gauche à Villeurbanne.
La candidate PS à Villeurbanne, Cristina Martineau, adjointe à la ville de Villeurbanne en charge de la petite enfance et des séniors, ne sera pas soutenue par son parti. Ce vendredi, elle hésite encore encore à maintenir sa candidature. Elle se laisse trois jours pour prendre sa décision, le temps de consulter, et annoncera sa décision le mardi 10 mai.
A Villeurbanne, 19e commune la plus peuplée de France (plus de 150 000 habitants), le maire PS Cédric Van Styvendael a soutenu l'accord avec les Insoumis. Tout en regrettant le "parachutage" de Gabriel Amard. Il s'explique.
Lyon Capitale : Pourquoi êtes-vous favorable à cet accord PS - Insoumis ?
Cédric Van Styvendael : Je conduis une majorité plurielle à Villeurbanne dans laquelle tous les partis qui sont dans l'accord (EELV, Insoumis, PC) sont représentés. J'entends le peuple de gauche qui nous interpelle en nous demandant de nous unir. Il est important de faire face au bloc libéral, voir ultra-libéral, et au bloc de l'extrême droite. Il y a un appel à la responsabilité des partis de gauche et je suis satisfait que le PS ait pris ses responsabilités jeudi soir.
A Villeurbanne, le PS ne sera pas représenté...
C'est un accord extrêmement douloureux pour les militants du PS à Villeurbanne. J'étais jeudi soir avec eux. Avec notre candidate Cristina Martineau. Il n'y a pas eu de joie. Il y a la satisfaction de l'union car les socialistes villeurbannais sont très attachés à l'union. Mais c'est une union douloureuse oui à Villeurbanne. On ne va pas sauter de joie. C'est douloureux, ça se rajoute au fait qu'on substitue à une candidature féminine, un parachuté. Je n'ai rien contre Gabriel Amard en particulier. Mais ce sont des manières qui ne sont pas agréables.
"Je n'ai pas caché mon opposition à l'arrivée de Gabriel Amard, j'ai envoyé des messages d'alerte à tout le monde"
La décision de soutenir cet accord a-t-elle été difficile à prendre pour vous ?
Il y a une responsabilité qui était indispensable à prendre. Je l'ai prise. Le PS a toujours été un parti national dans lequel on prend des décisions collectives. On a l'équivalent d'un Parlement pour faire ça. C'est le conseil national. Il y a des gens qui sont élus pour prendre ce genre de décisions. On ne peut pas dire "une fois je suis d'accord", "une fois je ne suis pas d'accord". Quand le CN soutient ma ligne je suis d'accord, quand il la soutient pas je ne suis pas d'accord. J'ai pris mes responsabilités.
Je n'ai pas caché mon opposition à l'arrivée de Gabriel Amard. J'ai envoyé des messages d'alerte à tout le monde, j'ai indiqué que ça ne me semblait pas une bonne idée. Après, il faut voir au-delà de ça, ne pas s'arrêter à son seul intérêt local. Derrière, c'est le peuple de gauche qu'on déçoit. Bien sûr, des militants villeurbannais sont tristes et en colère. Je les comprends.
Cristina Martineau hésite à maintenir sa candidature. Que ferez-vous si elle la maintient ?
Ce n'est pas la bonne question. J'applique la décision du conseil national et je l'appliquerai en tant que militant. Le maire de Villeurbanne, ce n'est pas lui qui décide qui est la ou le candidat. Ce sont les militants. Les militants l'avait désignée. Après, il y a un accord. L'accord dit que la circonscription va à quelqu'un de la France Insoumise. Il lui appartiendra de savoir si elle, à titre personnel, elle se plie ou elle ne se plie pas à cette décision. Ce n'est pas moi qui décide de cela. Cristina est une forme engagée, responsable. Je n'ai rien à indiquer en terme d'orientation dans le choix qu'elle doit prendre.
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