Les sols dans les Alpes du Nord atteignent actuellement des degrés de sécheresse record en surface, notamment en Savoie, selon des responsables de Météo-France.
"Il n'y a qu'en 1976 que nous avons eu un enneigement aussi faible au 1er juin sur les Alpes", indique à l'AFP Denis Roy, responsable du centre de montagne des Alpes du Nord pour Météo-France à Grenoble.
"2022 a été tout le temps sec, il n'y a pas eu un mois où on était excédentaire en précipitations. Mai a été très sec et juin est mal parti même si la semaine prochaine reste encore très incertaine", explique-t-il à l'AFP.
Terrible évolution de l’Indice @meteofrance d’humidité des sols depuis 1er avril en Haute-Savoie @Dep_74 : passage en 15 jours d’un niveau « correct » - sec ~1 année/5 en avril et début mai grâce à 3 épisodes humides- à un actuel niveau égalant les records de sécheresse… pic.twitter.com/u56nENFCAY
— Serge Taboulot (@sergetab) May 26, 2022
Des valeurs record de sécheresse en Savoie
Le degré de sécheresse des sols, calculé au moyen de modélisations et en s'appuyant sur des observations, atteint des valeurs record en Savoie et dans les Hautes-Alpes et "tangente le record" en Isère, tandis que la Haute-Savoie "s'en tire légèrement mieux" grâce à quelques pluies tombées au printemps, selon lui.
Une sécheresse dite "superficielle"
En question: une sécheresse dite "superficielle", c'est-à-dire qui concerne les deux premiers mètres du sol. La situation est "meilleure" pour les nappes souterraine: "pour les eaux un peu plus profondes, les nappes phréatiques, on bénéficie encore de l'apport de l'année 2021 qui a été très pluvieuse, avec un été pluvieux et un mois de décembre extrêmement pluvieux sur les Alpes du nord", explique l'expert à l'AFP.
"Par contre, en surface, on n'a jamais eu des sols aussi secs à cette période. Cela veut dire que la moindre pluie est absorbée par la végétation et n'a aucun impact sur les nappes phréatiques", ajoute-t-il.
"Dans ce contexte de changement climatique on va se retrouver avec des périodes de vagues de chaleur de plus en plus précoces. Cette année, c'est un avant-goût de notre climat futur"
Denis Roy, responsable du centre de montagne des Alpes du Nord pour Météo-France à Grenoble
Un avant-goût de notre climat futur
La situation a été aggravée par la précédente vague de chaleur de mai qui a provoqué "une fonte accélérée du manteau neigeux", lequel sert habituellement de "château d'eau ou réserve pour l'été". Cette année, ce manteau a déjà fondu.
"Dans ce contexte de changement climatique on va se retrouver avec des périodes de vagues de chaleur de plus en plus précoces. Cette année, c'est un avant-goût de notre climat futur", confie Denis Roy à l'AFP.
Malgré les #orages récurrents et parfois forts de ces derniers jours sur le Sud des Alpes, l'indice d'humidité des sols reste parmi les 5 plus bas depuis 1959 et la #sécheresse continue de s'aggraver sur ces régions comme sur de nombreux secteurs français.
Cartes : @meteofrance pic.twitter.com/jzUMGw7XG2— Meteo60 (@meteo60) May 10, 2022
Alpes du Sud: l'été trop en avance
Dans les Alpes du Sud, où les précipitations ont été très faibles et l'enneigement très déficitaire pendant tout l'hiver, "on est déjà dans des conditions estivales avec peut-être un mois et demi d'avance", explique à l'AFP Cécile Coleou, de la cellule montagne et nivologie de Météo-France. Dans les Alpes du Nord et les Pyrénées, l'avance est plutôt de l'ordre de "trois semaines".
"On a un décalage dans le temps de cette disponibilité de l'eau, et associé à une période chaude et sèche, ça aggrave la situation", relève-t-elle, soulignant les impacts potentiels pour la récolte du foin, ou les risques exacerbés de feux de forêt.
Des mesures d'économie d'eau renforcées
La préfecture de l'Isère, après celles de Savoie et Haute-Savoie, a déclaré l'alerte sécheresse et renforcé les mesures d'économie d'eau. "La sécheresse des sols reste très alarmante et le niveau des cours d’eau du département est très bas pour la saison", avec des tendances "chaudes et sèches" pour l’été à venir, selon son communiqué.