Dégradations Lyon manifestation
De nombreux incendies ont été allumés par des manifestants en marge du cortège du 1er-Mai, causant des dégradations importantes. (Photo Julien Barletta)

"Ambiguïté", "récupération", la violence des casseurs à Lyon s’invite au conseil municipal

Les nombreux dégâts enregistrés à Lyon ces dernières semaines ont vivement fait réagir le conseil municipal ce jeudi 11 mai. Recherchant l’apaisement, Grégory Doucet n’a pas forcément été aidé par son adjoint à la sécurité, fervent défenseur de la "désobéissance sans violence".

Sans grande surprise, la question des violences commises lors des manifestations contre la réforme des retraites s’est invitée à la table du conseil municipal ce jeudi 11 mai. Dix jours après les très nombreuses dégradations enregistrées le 1er-Mai sur l’avenue Jean-Jaurès et le cours Gambetta, ou le caillassage de la mairie du 3e arrondissement le 8 mai en marge du déplacement d’Emmanuel Macron à Lyon, c’est Grégory Doucet lui-même qui a abordé le sujet d’entrée de jeu.

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"Cette situation appelle à l’unité et à la décence"

"Depuis le début de l'année, notre ville a été touchée par des phénomènes de violences […]. Ces casseurs pénalisent le fonctionnement de notre société et notre service public et affaiblissent le combat contre la réforme de retraites", a une nouvelle fois rappelé l’édile écologiste. Avant d’ajouter, "l’exercice du pouvoir jupitérien aveugle et sourd aux enjeux de justice social et climatique est insupportable, mais les violences d’individus utilisant les méthodes de black bloc sont insupportables aussi. Sans ambiguïté, je condamne sans réserve le saccage de nos mairies, de nos commerces et de notre mobilier urbain".

"A Lyon, la concorde a toujours été notre méthode. Il est encore temps monsieur le maire de l’adopter et de perpétuer cette tradition"

David Kimelfeld, élu d'opposition Progressiste et Républicain

Pensant sans doute couper la chique à son opposition avant de lui céder la parole, ou anticipant tout simplement ses réactions, Grégory Doucet déclarait alors "cette situation appelle à l’unité et à la décence, malgré nos divergences politiques. Il est de notre devoir d’apaiser. La récupération politique n’est pas à la hauteur de ce que nous devons à ceux qui sont affectés". 

Une occasion rêvée pour l’ancien président de la Métropole de Lyon, David Kimelfeld, de demander au maire de Lyon un apaisement plus général de la Ville. "Apaiser la ville de Lyon , ce n’est pas prendre en compte uniquement le contexte y compris climatique, c’est prendre en compte son histoire. […] A Lyon, la concorde a toujours été notre méthode. Il est encore temps monsieur le maire de l’adopter et de perpétuer cette tradition", plaide l’élu du groupe Progressistes et Républicains. 

"Discours trop ambiguë"

Beaucoup moins conciliant, Yann Cucherat, le chef de fil du groupe Pour Lyon, accuse la majorité de "souffler sur les braises et s’étonner ensuite qu’il y ait le feu". "En matière d’apaisement, je regrette dans cette majorité un discours trop souvent ambiguë. Je vous l’ai déjà signalé mais on ne peut pas d’un côté soutenir la désobéissance civile et de l’autre, proposer à l’Etat de créer un fonds de soutien à nos commerçants dont les locaux ont été détruits", poursuit l’élu d’opposition, pointant notamment du doigt les déclarations récentes de l’adjoint à la sécurité Mohamed Chihi sur la "désobéissance sans violences". 

"Vous êtes coresponsables, par vos prises de positions, notamment en faveur de la désobéissance civile, de ce climat délétère que connaît aujourd’hui notre ville. Vous êtes en quelque sorte des pompiers pyromanes" 

Romain Billard, élu du groupe Droite centre et indépendants

Des propos répétés à l’envie par l’élu écologiste ces dernières semaines et que la droite n’a visiblement que très peu goûtés. "Combien de mairies d’arrondissement saccagées, faut-il pour que vous dénonciez sans réserve les agissements de casseurs, de groupuscules anarchistes, de l’ultra gauche ?", tonne Romain Billard. Dans son propos liminaire, l’élu du groupe Droite centre et indépendants est même allé jusqu’à accuser le maire de Lyon "d’angélisme" et de "condescendance sur ces sujets".

Lire aussi : Mohamed Chihi : "la violence ne fait que le jeu du pouvoir"

Désobéissance et grève

Piqué au vif, en voulant remettre "l’église au milieu du village", Mohamed Chihi n’a pas facilité la tâche du chef de l’exécutif qui semblait plutôt vouloir apaiser le débat et mettre en avant un front républicain de la Ville de lyon contre les violences commises par les casseurs. En déclarant "cette désobéissance est instituée par notre constitution, accepter la grève c’est accepter la désobéissance", l’adjoint à la sécurité a fait naître une véritable bronca venue des rangs de l’opposition, outrée par l’association des mots grève et désobéissance. Pas de quoi faire flancher l’élu écologiste, déterminé à faire entendre sa pensée : "j’assume jusqu’au bout ce propos, parce que quand vous désobéissez vous refusez de coopérer au processus qui vous est imposé […]  par la grève nous refusons donc des diktats qui arrivent de notre gouvernement". 

"Ce qui est inacceptable c’est de dire que nous, à notre niveau, nous serions responsables de ces violences, que nous aurions encouragé, voire laissé faire ces violences"

Mohamed Chihi, adjoint à la sécurité

Accusé "d’ambiguïté", Mohamed Chihi condamne des "propos inacceptables". "Ce qui est inacceptable c’est de dire que nous, à notre niveau, nous serions responsables de ces violences, que nous aurions encouragé, voire laissé faire ces violences. Nous condamnons toutes les violences d’où qu'elles viennent. Il n’y a pas d’ambiguïté, il n’y a pas de réserve", lâche très remonté l’adjoint à la sécurité.  

Pas de nature à apaiser les débats, le sujet de la désobéissance s’étant invité par la suite à plusieurs reprises au sein de débats, chacun y allant de sa définition pour contester les propos de Mohamed Chihi. 

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