Anneau des Sciences – Saint-Genis-Laval à proximité de l’écoquartier du Vallon des Hôpitaux et d’une maternité (photo : Antoine Merlet)

Anneau des Sciences de Lyon : Collomb sort peinture verte et autoroute

Ce mardi, le maire de Lyon et candidat à l’élection métropolitaine, Gérard Collomb tenait une conférence sur le thème "l'Anneau des Sciences au cœur des mobilités" (ex TOP). Cet exercice d'équilibriste a consisté à expliquer pourquoi ce projet d'autoroute urbaine était propre et allait permettre de relier tous "les poumons verts" que sont les parcs de Lyon.

Relier en voiture les poumons verts de la métropole

Rien de bien nouveau pour ceux qui ont suivi le dossier. Le candidat Gérard Collomb continue le greenwashing (verdissement) de son idée d'autoroute urbaine annonçant qu'elle permettra "de relier les grands parcs de l'agglomération, poumons verts de la métropole", mais aussi "les grands secteurs économiques de l'agglomération".
Les arguments habituels, en vigueur depuis près de vingt ans, ont été répétés encore une fois : "écarter la circulation de l'agglomération, éviter la pollution, les nuisances sonores", engendrés par les 115 000 véhicules par jour qui passent par l'A6 / A7, dont 16 000 en transit. Enfin, surtout les déplacer loin de l'emblématique quartier de Confluence (même si "le nuage" ne s'arrêtera pas à la frontière de Fourvière).
Selon le candidat, l'Anneau des Sciences doit capter 50 à 60 000 véhicules quotidiennement, "plutôt que de les avoir dans nos rues, on les aura dans un parcours enterré à 80 %". Un argument largement remis en cause depuis plusieurs années. Comme en témoigne le tunnel de la Croix-Rousse, cacher les voitures n'a jamais fait disparaître la pollution qui se concentrera à la sortie des puits d'évacuation et des échangeurs. Loi Mont-Blanc oblige, il est interdit d'avoir des bouchons dans les tunnels et la régulation se fera à l'entrée des échangeurs, qui eux seront en extérieur.
Gérard Collomb promet également de supprimer des routes dans la métropole de Lyon, sans préciser lesquelles. "Nous n'ajouterons pas des voies avec l'Anneau des Sciences", se contentera de répliquer le candidat. Une réponse aux théories scientifiques qui indiquent que lorsque l'on ajoute des routes, on engendre du trafic induit, donc plus de congestion. Néanmoins, la réponse reste partielle puisque des voies rapides peuvent entraîner quoi qu'il arrive une augmentation du trafic à cause de leur efficacité supérieure à des voies urbaines classiques.

Un étrange mélange déclassement / Anneau des Sciences pourtant sur deux temporalités différentes

Gérard Collomb entre désormais dans une phase des négociations pour faire accepter son projet et le lie au déclassement de l'A6/A7. Un étrange choix puisque les calendriers sont éloignés de dix ans. Le candidat a ainsi défié ceux qui mettraient des bus en site propre sur l'autoroute déclassée, projet qui sera pourtant effectif dès 2020. A cette occasion, l'effet sur le trafic sera attentivement scruté puisque si ce dernier diminuait, suivi par du report modal, les conséquences réduiraient un peu plus la pertinence d'un contournement à l'Ouest. Dans tous les cas, les travaux du déclassement ont déjà commencé, quand l'Anneau des Sciences, lui, pourrait n'être inauguré qu'en 2030 selon Gérard Collomb (vision très optimiste, les projections parlent désormais de 2035 / 2040).

Premier coup de pelle en 2022, en théorie

Pour ne plus attendre, le candidat a déjà établi un planning promettant une enquête publique en 2020 et le début des travaux en 2022. Là encore, un certain optimisme prime puisqu'il ne tient pas compte des recours contre le projet qui ne font aucun doute, certains étant déjà prêts selon nos informations. De même, du côté des services de l'État on se prépare à l'installation de plusieurs ZAD le long du parcours d'une quinzaine de kilomètres, qui passe par certaines zones boisées (lire ici).

Interrogé sur ce point, Gérard Collomb a rappelé sa gestion du dossier de Notre-Dame-des-Landes lorsqu'il était ministre de l'Intérieur, omettant qu'in fine, l'aéroport n'avait pas vu le jour. Par ailleurs, si l'ambition affichée était de présenter une infrastructure censée régler les questions de mobilité à l'horizon 2030, pour l'urgence actuelle, rien n'a été présenté ce mardi (lire ici).

La question du financement

Aujourd'hui, que ce soit l'Europe ou l'État, personne ne veut financer l'Anneau des sciences dont les travaux sont estimés entre 3 et 5 milliards d'euros, au minimum. Pour Gérard Collomb, la métropole serait en mesure de porter seule le projet avec un reste à charge entre 75 et 100 millions d'euros par an sur trente ans. Pour cela le candidat souhaite passer un contrat de concession avec un accès qui nécessiterait le paiement d'un péage.

À l'heure où la métropole de Lyon a choisi de casser le contrat de concession Rhônexpress (lire ici), ce mode de financement souvent mis en avant par Gérard Collomb ne manquera pas de cristalliser d'autres débats, dont celui de voir les coûts s'envoler encore plus. Par ailleurs, de son côté, en renonçant à l'Anneau des Sciences, David Kimelfeld avançait un coût pour la métropole de 150 à 200 millions d'euros par an (lire ici), enveloppe jugée comme crédible par plusieurs acteurs du secteur pour ce type de chantier hors norme, hypothèse renforcée avec une concession.

Des tentatives de verdissement

Dans une ultime tentative de verdissement, Gérard Collomb promet le développement "d'espaces paysagers sur les routes "comme à Madrid et sa "forêt de pins", mais aussi des bus qui pourront prendre l'Anneau des Sciences et dans lesquels il sera possible de monter son vélo.

Selon le candidat, ces lignes feront la liaison entre plusieurs parcs relais situés sur le périphérique. Cette idée pourraient néanmoins se heurter à des limites de taille : une fois dans l'anneau, les automobilistes vont-ils se contenter de tourner sur l’infrastructure et ne pas entrer dans la ville avec leur véhicule ? Par ailleurs, cette hypothèse étudiée par les services de la métropole a été jugée comme difficilement réalisable : soit les bus sont dans la circulation et donc bloqués dans la congestion, notamment aux échangeurs, soit il faut construire une troisième voie en site propre, ce qui augmenterait le budget d'un chantier déjà complexe, ou enfin réserver une voie aux voitures et l'autre aux bus.

Enfin, Gérard Collomb a une nouvelle fois imaginé un Anneau des Sciences propre qui serait parcouru par des voitures électriques ou à hydrogènes, malgré les conclusions de l'Anses qui indiquent que ce type de motorisation ne fait pas disparaître les émissions de particules fines (lire ici). De même, pour l'Anses, "Le transport « tout-électrique » à l’horizon 2025 ou même 2040 apparaîtrait sans doute assez peu réaliste".

Comme une ultime preuve de sa foi dans l'innovation, Gérard Collomb a clôturé sa présentation en expliquant que l'un de ses soutiens avait découvert des drones taxis volants en Chine. "Mais si les voitures voleront demain, pas besoin d'Anneau des Sciences ?", avons-nous rétorqué. Gérard Collomb en est resté bouche bée.

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