La candidature d’Annecy pour l’obtention des JO 2018 avance. Jeudi soir, les porteurs politiques et sportifs du projet présentait leur club de soutien économique. Un passage obligatoire dans une candidature mais parfois très éloigné de l’idéal olympique.
Il n’y a pas de Jeux Olympiques, autrefois chantre de l’amateurisme et de l’esprit sportif, sans grandes entreprises dans l’olympisme du XXIème siècle. Annecy 2018 l’a bien intégré et lançait jeudi soir son Club 2018 où sont réunis tous les mécènes de la candidature française à l’organisation des Jeux Olympiques d’hiver en 2018. Le casting était conséquent : toutes les grandes entreprises de Haute-Savoie étaient présentes et d’autres entrepreneurs, beaucoup plus petits, garnissaient les rangs de la salle. L’impression laissée par cette soirée mondaine est, elle, assez mitigée. Entendre Bernard Accoyer, maire d’Annecy-le-Vieux et président de l’Assemblée Nationale, remercier les entreprises qui s’engagent au Club 2018 en les énumérant les unes après les autres laisse songeur. Les sportifs se muent en VRP. Edgar Grospiron, le directeur général du projet, demande aux entrepreneurs de s’applaudir. Gwendal Peizerat, médaillé d’or olympique en 2002 et nouveau conseiller délégué aux sports de la Région, évoque sans poésie ni détour, l’intérêt que les entrepreneurs ont à porter au Club 2018. “Nous voulons que ce soit du gagnant-gagnant. Vous allez augmenter votre réseau business en participant à cette aventure”, harangue-t-il.
Coubertin appartient au passé
Même sensation étrange quand sportifs ou chefs d’entreprise se succèdent au micro pour revisiter l’idéal olympique “l’essentiel est de participer” en “l’essentiel est de gagner”. Le baron Pierre de Coubertin qui a réinventé les JO en 1896 doit se retourner dans sa tombe. Mais les JO ont changé. En 1996, Atlanta s’apparentait aux Jeux de Coca-Cola. En 2014, à Sotchi, ce sera ceux de Gazprom et aussi de Vladimir Poutine.
Alors pour Annecy 2018, on pourrait parler de JO de Danone. Franck Riboud, le PDG du groupe agro-alimentaire, est en effet le promoteur principal du Club 2018. “Je mets à disposition d’Edgar Grospiron tout ce dont il a besoin. Il n’a qu’à demander”, explique Franck Riboud. Plus tard dans la soirée, à l’heure où un clip défile rassemblant les sportifs qui s’engagent pour Annecy 2018, la patte Riboud deviendra manifeste. Zinédine Zidane, pas franchement expert en sports d’hiver, apporte tout son soutien à la candidature haute-savoyarde. Zizou est un ambassadeur du groupe Danone et un ami de Franck Riboud. Les autres entreprises promettent, elles, d’apporter des deniers et leurs compétences.
UMP Land
Le volet politique d’Annecy 2018 sautait aussi aux yeux. Ils seront ceux de l’UMP ou ne seront pas. Le projet lancé par la municipalité Nouveau Centre d’Annecy avec l’aide de la région socialiste est tombé dans l’escarcelle de l’UMP. Les élus qui se succèdent à la barre sont tous affiliés à ce parti. Bernard Accoyer, Guy Drut, ancien ministre de Chirac, David Douillet, député UMP et ancien judoka. Gwendal Peizerat, fraîchement élu sur les listes socialistes à la région et nouveau conseiller délégué aux sports, est initialement présenté comme chef d’entreprise et champion olympique. Il faudra une intervention de Roselyne Bachelot pour rappeler quelques minutes plus tard qu’il est aussi élu socialiste. Annecy 2018, c’est un peu UMP Land. “Derrière notre candidature, tout s’articule, les politiques sont avec nous. Nicolas Sarkozy nous soutient”, lance David Douillet. Roselyne Bachelot, ministre de la Santé et des Sports, passe la seconde couche. Dans son registre, la ministre de la Santé et des Sports parle d’abord du “bel Edgar” avec un sourire gourmand avant de se faire plus sérieuse mais de manière toujours aussi directe : “l’État donnera des sous (sic), 3,5 millions pour le soutien logistique. Nous apporterons les moyens nécessaires pour que le 6 juin 2011 Annecy devienne la ville olympique”.
Rendre populaire la candidature
Annecy 2018 a encore un an pour convaincre le Comité internationale olympique (CIO) de lui donner l’organisation des JO. La candidature française est sérieuse. Les sites existent, le projet est porté par des sportifs et de grands mécènes. Annecy 2018 a déjà rempli les critères minimum. Il reste désormais le plus dur à faire et les différents intervenants l’ont annoncé : “il faut allumer la flamme olympique dans le coeur des français”.
Les commentaires sont fermés