Nuit Debout Lyon a repris mardi soir après deux jours de pause pour proposer de nouvelles actions à mener pour lutter contre le projet de loi travail.
Les membres de Nuit Debout Lyon se sont réinstallés sur la place Guichard après deux jours de pause pour cause de marché. Pour ce 11e jour d’occupation de la place, la foule est au rendez-vous, foule toujours jeune même si plusieurs têtes grises sont visibles.
L’animatrice de l’assemblée générale du jour propose un retour aux sources du mouvement, c’est-à-dire la lutte contre le projet de loi-travail renommée "loi-chômage" par Nuit Debout. Après 10 jours d’occupation place Guichard, se pose la question de l'évolution du mouvement et de son inscription dans la durée. Pour y répondre, les participants ont décidé de s’attaquer à de nouveaux moyens d’action à mettre en place pour pérenniser leur lutte.
"Là-haut, il faut les faire trembler"
Selon la mode de fonctionnement de Nuit Debout, plusieurs personnes se succèdent pour prendre la parole et proposer leurs idées d’action tout en respectant les trois minutes réglementaires. Chaque intervention est traduite en langage des signes par deux femmes qui se relaient à tour de rôle.
Plusieurs des “nuit deboutistes” veulent autre chose que des manifestations. Une femme d’une cinquantaine d’années prend le micro et appelle à la grève générale, à une vraie convergence des luttes soutenue par les syndicats pour “faire trembler le pouvoir là haut”. Un discours soutenu par un ouvrier qui pense qu’une telle convergence avec les syndicats donnera “plus de poids au mouvement et lui donnera une vraie image sérieuse”. Mais cette grève générale pose de réelles questions et tous ne sont pas d’accord dans les rangs. Les murmures commencent à bruisser. Parmi les autres propositions, attaquer le système dans un de ses fondements : la consommation. Plusieurs personnes soumettent ainsi de boycotter les grandes surfaces, de pique-niquer dans les supermarchés ou de bloquer les caisses.
D’autres essaient de voir plus loin : "Il ne faut pas seulement demander le retrait de la loi Travail, mais demander d'autres choses, explique un autre orateur. Il faut demander les 32 heures, l'augmentation du Smic et il faut bosser ces sujets. Aujourd'hui on nous taxe d'être anti-réforme. Alors que c'est l'inverse. Il ne faut pas que limiter les dégâts que causerait cette loi, il faut proposer. Il faut imaginer quelque chose de nouveau pour le monde".
Plus de droits sans oublier les personnes défavorisées
D’autres s’interrogent aussi sur l’organisation de squats dans des bâtiments inoccupés de la ville. Cette proposition est relayée par un sans-abri qui rappelle que, s’il soutient le mouvement, c’est aussi pour exprimer le ras-le-bol de ceux qui dorment dans les rues. Son discours est largement salué par l’assemblée.
Puis une discrète jeune femme s’avance, micro à la main, pour demander que Nuit Debout oeuvre pour les gens qui, comme elle, sont en situation de handicap. “Je suis comme vous, mais on l’oublie parfois, que je suis aussi compétente que quelqu’un de valide”, plaide-t-elle pour sensibiliser aux difficultés qu'ont les handicapés à trouver un emploi.
D’autres demandent que l’écologie ne soit pas oubliée dans les revendications du mouvement. Toutes ces propositions seront discutées prochainement au sein du groupe de travail “Action”. En attendant, Nuit Debout Lyon continuera d’occuper la place Guichard jusqu’au 23 avril au minimum et se joindra à la manifestation organisée le 28 avril prochain pour peut-être aussi occuper la place Bellecour.