Après le report de l’interdiction du diesel à Lyon, la ZFE pourrait encore être étendue

Annoncée par l’exécutif écologiste de la Métropole de Lyon pour 2026, l’interdiction des véhicules diesel dans la Zone à faibles émissions ne devrait finalement pas se faire avant 2028. Le périmètre réglementé devrait également être revu et étendu. 

C’est au beau milieu d’un pic de pollution, ce mardi matin, que le président de la Métropole de Lyon a choisi de révéler sa décision de repousser à 2028 l’exclusion de la ZFE des véhicules classés Crit’Air 2. Une annonce qui a surpris jusque dans les rangs de l’opposition, tant les écologistes avaient fait de l’interdiction des véhicules diesel en 2026 un cheval de bataille de leur politique pour améliorer la qualité de l’air dans l’agglomération. 

"Il faut mettre de la bonne intelligence collective. Ce dispositif est trop rapide, trop contraignant, trop sévère"

Philippe Valentin, le président de la CCI Lyon Métropole Saint-Étienne Roanne

"Un désaveu de la majorité"

Dans un entretien accordé à nos confrères de Tribune de Lyon, le président de la Métropole, Bruno Bernard, explique qu’il était "naturel d’écouter. Et d’adapter les choses". Depuis plusieurs mois, les critiques d’une partie de la population, des communes et du monde économique affluaient, le calendrier proposé par les verts étant jugé trop serré. "Le monde économique n’est absolument pas contre cette transition, bien au contraire. C’est juste (…) qu’il faut mettre de la bonne intelligence collective. Ce dispositif est trop rapide, trop contraignant, trop sévère", nous confiait lundi Philippe Valentin, le président de la CCI Lyon Métropole Saint-Étienne Roanne.

Un rétropédalage de l’exécutif, au goût de victoire pour les élus d’opposition de droite qui menaient la fronde contre l’extension de la ZFE et l’accélération de son calendrier. "C’est un désaveu de la majorité", confie le maire de Saint-Priest Gilles Gascon, "ils commencent à nous entendre, après on est aussi à mi-mandat, donc je pense que Bruno Bernard a compris qu’il fallait réagir". Pour l’élu LR, alors que "cette affaire commençait à devenir une espèce de bombe, car les gens ne comprenaient pas les tenants et les aboutissants de la ZFE", le président de la Métropole de Lyon jouerait aussi une partition électoraliste à mi-mandat.

Quid de la qualité de l'air ?

"Ça n’a rien à voir avec un calendrier électoral" peste Jean-Charles Kohlhaas, le vice-président de la Métropole de Lyon en charge du déploiement de la ZFE. Décidé il y a deux semaines, selon lui le report de l’interdiction des Crit’Air 2 de deux ans n’est que la conclusion de la concertation engagée depuis la rentrée sur l’élargissement de la ZFE. "Je comprends qu’ils [les élus d’opposition, NDLR] n’aient pas l’habitude que l’on écoute les gens dans les concertations, mais nous c’est notre ADN. Sur le téléphérique nous avons abandonné le projet face à la contestation", contre-attaque l’élu écologiste.  

"En termes d’effets sur la santé publique, il n’y a pas beaucoup de différences"

Jean-Charles Kohlhaas, le vice-président de la Métropole de Lyon

À l’en croire, ce report n’aurait d’ailleurs que peu d’impact en termes de santé publique et d’amélioration de la qualité de l’air. "Nous avions déjà validé une dérogation jusqu’au 1er janvier 2028 pour 70% de la population, donc on savait que l’efficacité en termes de santé publique et de qualité de l’air ne se ferait pas avant. Tout en sachant que les 30% de la population les plus aisés [qui bénéficieront du report, NDLR] sont ceux qui possèdent le plus grand taux de véhicules Crit’Air 0 et 1", fait valoir Jean-Charles Kohlhaas. 

Étendre la ZFE à l’Ouest

Plutôt que de voir dans ce report un échec de l’acceptation de son calendrier plus rapide que celui de l'État, le vice-président de la métropole préfère donc insister sur le fait que ce délai permettra d'apporter plus de cohérence aux usagers, de mieux expliquer le principe de la ZFE et de clarifier son périmètre d’application. "Cette loi sur les ZFE, votée par le gouvernement en 2019, est complexe à mettre en oeuvre et beaucoup de métropoles sont en train de se rendre compte qu’elles vont droit dans le mur", explique l’élu en appuyant sur l’importance de travailler de concert avec les différents acteurs concernés par sa mise en place. 

"On avait présenté ce périmètre en septembre parce qu’il correspondait aux objectifs de qualité de l’air, il est donc hors de question qu’on le réduise"

Jean-Charles Kohlhaas, le vice-président de la Métropole de Lyon
Le calendrier, initialement prévu, d'élargissement de la ZFE dans la Métropole de Lyon (à droite) et la carte de la future ZFE en vert (à gauche)

Pour autant, pas question de revoir à la baisse l'envergure de la ZFE. Validée en septembre 2022, l’extension du périmètre dans le Sud et l'Est lyonnais jusqu'à la Rocade Est ne devrait pas être rabotée. Au contraire, la volonté de l’exécutif serait plutôt d’élargir la ZFE à l’Ouest. "On avait présenté ce périmètre en septembre parce qu’il correspondait aux objectifs de qualité de l’air fixés, il est donc hors de question qu’on le réduise. On va se donner un petit peu plus de temps, mais plutôt pour agrandir ce périmètre, notamment à l’Ouest, où des communes ont demandé à être intégrées", précise l’élu. Le nouveau périmètre devrait être dévoilé en juin, lors du vote d’une nouvelle délibération, qui fera sans doute l'objet de nouveaux débats houleux au sein de l'hémicycle de la Métropole de Lyon. 

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