Jean-Michel Aulas, Gérard Collomb et David Kimelfeld © PHILIPPE DESMAZES / AFP

Aréna - ASVEL : une “allégeance” de Kimelfeld à Aulas pour Bret

Le maire de Villeurbanne a critiqué le rôle de Jean-Michel Aulas dans l’abandon du projet de salle à Villeurbanne et dénoncé “l’allégeance” du président de la métropole de Lyon David Kimelfeld au président d’OL Groupe.

La métropole de Lyon a voté ce lundi une déclaration de projet pour la mise en compatibilité du plan local d'urbanisme et de l'habitat (PLU-H) avec le projet d'Arena de l'OL dans le secteur du Grand Stade. Les débats ont été houleux entre Jean-Paul Bret et la majorité de David Kimelfeld. Le maire de Villeurbanne, après l'abandon du projet d'Arena sur le site du stade Georges-Lyvet, a dénoncé les conditions de ce renoncement. “Il y a eu une réunion dans votre bureau, monsieur David Kimelfeld, avec l'Asvel et ceux qui portaient le projet. Il y avait aussi un compromis à signer entre le futur exploitant (Live Nation) qui avait mis d'accord les intérêts de l’Asvel et du promoteur. Mais comme l’exploitant est aussi celui des spectacles du Groupama Stadium, certains lui ont fait comprendre qu'il irait se faire voir pour les prochains spectacles au Grand Stade”, a-t-il raconté. L’élu PS a ainsi dénoncé le “chantage” et les “pressions” de Jean-Michel Aulas “pour que le projet villeurbannais n'ait pas lieu”.

Selon Jean-Paul Bret, ce dossier montre une forme d'allégeance de la collectivité au vu de la rapidité de la procédure. “Le président d'OL Groupe propose. Le président s'exécute. C'est une incontestable continuité dans les pratiques. Vous qui cherchez à vous différencier de votre prédécesseur, on assiste là à du Collomb sans Collomb et même davantage”, a-t-il taclé. Et d'ajouter : “Quand des projets communaux d'intérêt général doivent attendre les modifications du PLU-H tous les deux ans, d'autres projets portés par des opérateurs privilégiés bénéficient d'une forme d'allégeance”.

“Cet OL City aura des airs d'Europa City”

Sur le fond du dossier, Jean-Paul Bret estime que cette nouvelle salle va déstabiliser l'équilibre des équipements dans la métropole: “OL City sera tout sauf un morceau de ville (…), ce sera un temple de la consommation du sport et des spectacles. Des équipements fondés exclusivement sur le loisir marchand. Des espaces privés qui ne seront accessibles qu'à condition d'ouvrir le porte-monnaie. Cet OL City a des airs d'Europa City. Si le projet parisien a été jugé “daté et dépassé” par le président de la République, ici le président de la métropole déroule le Tapis rouge”.

Les groupes Synergies-Avenir, Les Républicains et GRAM ont aussi critiqué (les deux premiers ont tout de même voté pour) l'asymétrie dans les délais de traitements entre dossiers. “Vous démontrez par ce texte qu'il est possible d'aller plus vite sur des dossiers alors que d'autres traînent en longueur. Souhaitons que tout le monde soit traité à égalité à la métropole”, a déclaré Michel Forissier (LR), ancien maire de Meyzieu. “Le problème n'est pas celui de l'égalité des maires entre eux, mais des maires face au lobby financier”, a jugé Nathalie Perrin-Gilbert (GRAM).

Un choix nécessaire pour la majorité

David Kimelfeld a répondu en retraçant la certaine chronologie des faits. “Nous avons passé du temps ensemble avec l’objectif que l'ASVEL trouve son terrain d'atterrissage pour se développer en lien étroit avec la commune de Villeurbanne, a débuté le président de la métropole. Nous avons d’ailleurs voté une délibération en ce sens ici. Mais, force est de constater que pour un certain nombre de raisons, ça n'a pas pu être possible”. Selon lui, “avant d'être projet OL City”, cette salle “est un projet ASVEL”. “Pour rester en Euroligue en 2023, l’ASVEL doit avoir une salle avec une capacité de 16 000 places”, a-t-il aussi justifié. Ce déménagement ponctuel “n'est pas choquant” pour David Kimelfeld puisqu'“il y a aussi la garantie pour Villeurbanne de conserver l'ASVEL au sein de sa salle historique qui accueillera plus de matchs que celle de Décines”.

Un vote compliqué et politique

Le vote de cette délibération a connu quelques rebondissements. Retirée au dernier moment lors du conseil de novembre, elle a été ajoutée au tout dernier instant lors de ce conseil. L'exécutif explique ce choix par sa volonté d'associer lors d'une réunion les “trois maires des communes concernées” (Décines, Chassieu, Meyzieu) et l'OL. Alors qu'elle devait faire l'objet d'un vote à main levée, Philippe Cochet a demandé un vote à bulletin secret.

Au sein de son groupe LR, comme dans d'autres, ce mode de scrutin aurait permis à certains élus de glisser un vote différent de ce que les postures locales ou politiques les obligent. Ce vote à bulletin secret nécessitait l'accord d'un tiers des élus. La majorité a voté contre, même si certains élus pro-Gérard Collomb (Richard Brumm, Renaud Georges) ont levé la main pour acter la validation de ce mode de scrutin plus discret. “Une volonté d'embêter David Kimelfeld”, a jugé un proche de ce dernier. Finalement, le tiers des votes n'a pas été réuni et la délibération a été très largement adoptée à main levée. Une concertation sur la modification du PLU-H aura lieu après les élections municipales de mars 2020, une fois les nouveaux exécutifs installés.

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