Walid Nazim était aux deuxièmes rencontres du mystère et de l’inexpliqué, ce samedi 13 juin. L’auteur du livre "L’énigme des arêtes de poisson" y a donné une conférence sur ces étranges souterrains lyonnais, dont maints secrets n’ont pas encore été percés.
A Lyon, on sait qu’il y a des catacombes sous Fourvière et un important dédale de couloirs sous la Croix-Rousse. Ce que l’on sait moins, c’est qu’une partie de ce réseau souterrain est unique en son genre et clairement énigmatique.
Sur le côté Est de la colline de la Croix-Rousse, entre Gros-cailloux et le Rhône, un ensemble de galerie court à trois mètres sous la surface des pentes. C’est les fameuses "arêtes de poissons", qui tirent leur nom de l’aspect général du plan de ces couloirs. D’une longueur totale de plus d’un kilomètre, cette structure souterraine se compose d’une colonne principale de 156 m et de trente-deux galeries parallèles de 30 m chacune, réparties en seize paliers de niveaux différents. Découvertes en 1959 par la ville de Lyon, leur existence n’a été révélée qu’en 1963. Walid Nazim, qui a passé cinq années à enquêter sur ces couloirs, ne peut affirmer qu’une seule chose : en matière d’origine des arêtes, on n’est sûr de rien.
Des pierres du Beaujolais
"Ce qui est certain, c’est que l’ouvrage a été réalisé sur plan et par des ouvriers spécialisés", explique le chercheur. Les galeries ne sont donc pas l’œuvre d’amateurs, mais bien une initiative privée ou publique dotée de très forts moyens. "Pourtant, on n’a pu retrouver aucune trace de financement. C’est très énigmatique car cela veut dire que soit le réseau a été réalisé de manière secrète, soit les documents ont été détruits..." Autre mystère : l’origine des pierres qui compose le dédale. "La pierre vient du Beaujolais, elle n’est pas de la région."
Plusieurs légendes et rumeurs accompagne le réseau, que Walid Nazim tient à dissiper. "Le réseau n’est ni galo-romain, comme à Fourvière, ni du XVIe siècle, assène-t-il. Il date du XIIIe siècle environ." Autre certitude sur cette construction selon lui unique au monde, elle n’aurait pas eu d’utilité militaire. Enfin, pour ceux qui ont entendu parler d’ossements retrouvé dans les galeries, c’est bien vrai, comme Lyon Capitale le mentionnait dans un article daté de 2008.
L’accès aux arêtes de poisson reste interdit, l’endroit n’étant pas éclairé et étant partiellement inondé. Il est toutefois visité par des curieux qui en connaissent les entrées, mais leurs intentions ne sont pas toujours aussi louables que celles des chercheurs. On sait aussi que ces galeries sont au centre d’un réseau bien plus vaste, courant de la Croix-Rousse à Miribel. Les explorations ont toutefois été stoppées par la ville, et les travées qui n’ont pas encore été déblayées pourraient mener au-delà de la Saône.