Grégory Doucet © Antoine Merlet
Grégory Doucet © Antoine Merlet

Attentats "derrière nous", pour le candidat vert à Lyon, qu'en est-il réellement ?

Lors du débat des municipales sur France 3, le candidat des Verts, Grégory Doucet, a défendu l'idée d'une Fête des lumières dans tout Lyon, expliquant que les attentats étaient "derrière nous". Qu'en est-il réellement du risque terroriste et de l'idée d'une telle Fête des Lumières ?

C'est une courte phrase lors du débat des municipales sur France 3 qui pourrait bien coller à la peau du candidat Verts à la ville de Lyon, Grégory Doucet.

Tout commence par une séquence autour de la Fête des Lumières, le candidat sans étiquette Georges Képénékian, fait un rapide historique sur l'événement dont il a été un temps responsable à la ville : "la rupture elle est en 15 avec les attentats et que l'on décide de supprimer la Fête pour des raisons de sécurité".

Face à lui, Grégory Doucet se fend d'un "tout à fait", puis enchaîne sur les attentats expliquant "mais qui sont derrière nous et aujourd'hui on peut repenser une Fête des Lumières sur les quartiers". Georges Képénékian reste inflexible : "non sur le plan de la sécurité, on ne pourra pas faire des choses dans tous les arrondissements".

Fin de la séquence, le troisième candidat Yann Cucherat sur le plateau ne réagit pas à cet échange. Ce sont ses soutiens qui plus tard isoleront la scène pour la diffuser sur les réseaux sociaux, multipliant les messages à l'encontre de Grégory Doucet et sa possible future gestion de la sécurité à Lyon. 

Une situation toujours préoccupante

La phrase est reprise par la presse et massivement sur les réseaux sociaux, L'attentat de Victor Hugo s'est produit il y a à peine un an, 14 personnes avaient été blessées légèrement. Fin août 2019, un homme tuait un jeune étudiant lors d'une attaque au couteau à Villeurbanne.

La menace est toujours présente, la France est encore placée en plan "Vigipirate sécurité renforcée risque attentat". Il existe un seul niveau supérieur "urgence attentat", en cas d'attaque imminente ou la suite d'un attentat.

Si les services de l'État sont actuellement dans une période de réserve à cause de la campagne électorale, quelques semaines avant, ils rappelaient que le Rhône devait faire face à une double menace : terroriste et sanitaire avec la crise du coronavirus. La seconde a pris le dessus médiatiquement sur la première, mais dans la région, l'attaque au couteau du 4 mai à Romans-sur-Isère a rappelé que le risque était toujours présent. Dans l'agglomération de Lyon, les multiples détonations entendues le soir ravivent parfois la crainte du pire (lire ici). La ville reste marquée.

Sur le terrain, les enquêteurs se retrouvent face à une situation rendue plus complexe par l'épidémie avec la généralisation du masque qui peut rendre les identifications plus délicates et une vigilance globale en retrait face à la menace terroriste.

Plusieurs sources dans la sécurité interrogées par Lyon Capitale ce jeudi matin sont unanimes "rien n'est derrière nous", tandis que l'idée d'une Fête des lumières élargies est jugée impossible "dans le contexte", "un casse-tête qu'aucune ville n'a résolu" et "que l'argent ne réglerait pas".

La Fête des Lumières dans plusieurs quartiers, promesse intenable sur ce mandat ?

Depuis le début de sa campagne, le candidat vert Grégory Doucet a proposé de revenir aux sources de la Fête des Lumières dans plusieurs arrondissements avec une manifestation tournée davantage autour des Lyonnais et des quartiers. En l'état actuel, cette idée est très difficilement tenable pour plusieurs raisons.

Un maire peut organiser une manifestation comme la Fête, en lien avec les services de l'État, cependant ces derniers conservent la décision finale en matière de sécurité. Lors des événements précédents, l'élargissement de la Fête des Lumières s'est toujours fait après d'âpres négociations, de manière très limitée et sur le fil (le retour de Tête d'Or était loin d'être gagné d'avance).

Un retour à l'ancien modèle se heurterait immédiatement à une autre réalité : aujourd'hui aucun territoire ne pourrait obtenir le nombre de policiers nécessaire pour sécuriser plusieurs lieux durant une manifestation festive dans plusieurs arrondissements, durant plusieurs soirs (avec également l'obligation de sécuriser les accès, zones TCL types métro et flux). C'est pour cela qu'à chaque fois, les événements ont été rationalisés, avec des points de concentration très précis.

Dans le contexte terroriste, l'équation tend un peu plus vers l'impossible. La Fête des Lumières devrait continuer de se dérouler majoritairement en Presqu'île, voire au Parc de la Tête d'Or, mais le retour dans les arrondissements se heurte au mur de la réalité. 

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