Au terme de la première journée de l'assemblée plénière, la Région Auvergne-Rhône-Alpes a validé la modification de son règlement intérieur, après de vifs débats entre l'opposition régionale et la majorité.
C'est dans une ambiance particulière, alternant entre invectives et rires que le débat sur la modification du règlement intérieur de la Région Auvergne-Rhône-Alpes s'est tenu jeudi 19 décembre jusque tard dans la nuit. Il était près d'1h du matin lorsque le rapport modifiant officiellement le règlement intérieur a été mis aux votes, après analyse de nombreux amendements déposés par l'opposition et rejetés quasiment systématiquement par l'exécutif.
A lire aussi : Pourquoi le projet de modification du règlement intérieur de la Région Auvergne-Rhône-Alpes ne passe pas
Alors que la gauche estimait fin novembre ce projet "ridicule", pointant du doigt le risque de "bunkerisation" de l'opposition, la Région avait joué la carte de l'apaisement, détaillant qu'il n'était pas question d'encadrer les rendez-vous des groupes politiques et des élus régionaux dans cette nouvelle mouture du règlement de la collectivité. Une question qui n'était plus présente dans le texte final, fruit d'un travail préalable et de compromis effectué par la majorité présidée par Fabrice Pannekoucke.
"Nous saluons le fait que certaines de nos demandes aient été entendues, notamment sur l'accueil des invités des groupes politiques" a débuté Maxime Meyer, du groupe des écologistes. Une "avancée modeste", selon l'opposition qui n'a pas suffit à calmer leur ardeur concernant d'autres sujets évoqués dans cette modification du règlement intérieur.
L'écharpe de la discorde
Ce jeudi soir, les débats, parfois tendus, ont surtout tourné sur la volonté de l'exécutif régional d'interdire le port d'écharpe de la part des conseillers régionaux. "Symbole fort pour rendre visible le mandat d'élu" pour les uns, "opportunité d'affirmer nos valeurs communes" pour les autres, ce sujet a été au cœur des débats.
"Nous demandons au Président à ce qu'une écharpe soit fournie à tous les élus régionaux pour renforcer la reconnaissance de leur fonction, comme c'est le cas dans d'autres régions" a poursuivi Maxime Meyer. De son côté, Boris Bouchet du groupe Insoumis et Communiste évoquait un "tour de vis" et une volonté "d'invisibiliser les élus régionaux".
A l'extrême droite de l'hémicycle, Andréa Kotarac a lui ironisé sur l'heure tardive choisie par l'exécutif pour évoquer ce sujet du règlement intérieur qui faisait pourtant débat depuis plusieurs semaines : "Les coups d'État se font rarement à midi. Il est minuit passé et nous assistons à la modification du règlement intérieur qui a seulement pour objectif une fois de plus de réduire la place de l'opposition et du Rassemblement National".
"Une dérive inacceptable et dangereuse"
Le conseiller régional d'extrême droite faisait référence à la proposition de l'exécutif de faire voter certains amendements, portés par les différents groupes d'oppositions, de manière commune quand les sujets s'y prêtent. "Instrumentaliser la justice et manipuler les règlements pour tenter de museler le débat démocratique est une dérive inacceptable et dangereuse" a également réagi Maxime Meyer un peu plus tard dans la soirée.
Si Johann Cesa, du groupe Socialiste Écologiste et Démocrate, et qui avait été l'un des premiers à critiquer cette modification du règlement intérieur, a demandé à l'exécutif la valeur de la disposition concernant l'interdiction du port de l'écharpe devant un tribunal administratif, Fabrice Pannekoucke a préféré joué l'ironie pour répondre au conseiller socialiste : "Ce sera encore un recours perdu pour vous Mr Cesa".
Au bout de la nuit le rapport a, sans surprise, été adopté. Les conseillers régionaux devront bien se passer d'écharpes pour les fêtes de fin d'année.