Certains auraient pu craindre quelques pancartes et slogans pro-tibétains ce soir, devant l'Hôtel de Région, à l'occasion du 50e anniversaire des relations diplomatiques entre la France et la Chine. Il n'en sera (très probablement) rien.
Lixian Yin, consul général de Chine à Lyon, n'aura pas besoin d'emprunter la petite porte du siège du conseil régional, pour assister au "lancement des festivités en Rhône-Alpes". Non pas que le quartier sera interdit au public - comme ce fût le cas en 2001, place des Terreaux, lors de la visite du président chinois Hu Hintao – mais plus simplement parce que les deux associations historiques lyonnaises pro-tibétaines ont disparu (2010 pour Lions des Neiges et 2005 pour Rhône-Tibet). "Pour le moment (début d'après-midi), il n'y a rien de prévu, explique Patrick Bonnassieux, bénévole de la cause tibétaine et ancien porte-parole de Lions des Neiges. J'adresse néanmoins ce message aux élus lyonnais : c'est bien joli de faire des affaires avec l'une des plus grandes dictatures de la planète mais il faut aussi penser aux libertés du peuple tibétain et aux droits de l'homme qui sont bafoués".
27 ans d'amitié sino-rhônalpine
150 chefs d'entreprises de Rhône-Alpes devaient être sur leur 31 ce mercredi, de nombreux élus aussi, mobilisés par le sénateur de la Drôme Jean Besson, président du groupe interparlementaire France-Chine. "Rhône-Alpes accueille 20% des investissements chinois en France, c'est donc tout naturellement que la Région a souhaité mettre en avant la coopération économique qu'elle entretient avec Shanghaï".
Entre Rhône-Alpes (6,3 millions d'habitants) et Shanghaï (23,4 millions), les liens sont forts et "amicaux". En vrac, 170 entreprises régionales sont implantées en Chine, 27 entreprises chinoises sont installées en Rhône-Alpes, 675 étudiants sont partis en Chine l'année dernière, 3 000 lycéens de la région apprennent le chinois et, selon le cabinet de Jean-Jack Queyranne, "Bocuse est considéré comme le meilleur restaurant de Shanghaï"...
Le 31 janvier dernier, interviewée par Lyon Capitale dans L'Autre Direct, la ministre du commerce extérieur, Nicole Briq, lançait une sorte d'appel : "nous espérons bien que la porte céleste de la Chine va s'ouvrir (…) Si on loupe la Chine, ça va être dur." Et tant pis si les droits de l'homme sont relégués aux seconds rôles...
La ministre faisait allusion à la venue de Xi Jinping en France. Le président chinois pourrait même s'arrêter à Lyon à la fin du mois de mars, entre les deux tours des municipales. Une visite officielle qui intervient dans le cadre du cinquantenaire de l’amitié franco-chinoise, mais que Gérard Collomb espère bien transformer en argument électoral.