La crise sanitaire a accéléré la prise de conscience d’une fatale et nécessaire révision du modèle économique touristique en montagne. La région Auvergne-Rhône-Alpes, qui concentre plus des 3/4 de la consommation des remontées mécaniques françaises, est particulièrement concernée.
La montagne sans le ski, c’est un peu comme le littoral sans la mer. Impensable. Voire complètement loufoque, tant la montagne a été pensée comme le lieu d’une organisation touristique de type industriel avec la pratique des sports d’hiver. Pourtant, jamais la formule choc et parfaitement marketée prononcée dès 2008 à Grenoble, "le tout ski, c’est fini, mais sans le ski, tout est fini", n’aura résonné avec autant d’écho qu’aujourd’hui. Sur les sommets, la pandémie de Covid-19 a rappelé la montagne à son étroite et dangereuse dépendance au ski, parfaitement illustrée par la formule "stations de ski", dont l’économie est polarisée par et pour le ski.Contexte Les pistes de ski sont fermées depuis plus d’un an et demi. Un avant-goût de ce qui attend certaines stations au milieu du siècle. Enjeux Sortir de la dépendance touristique de la montagne au “tout ski” et repenser les territoires montagnards. Ce qui se décide aujourd’hui fera la montagne de 2050.
"C’est la pire crise économique depuis la création des sports d’hiver, il y a un siècle", résume Jean-Marc Silva, directeur de France Montagnes, une association qui fédère les principaux acteurs du tourisme de la montagne française. Apocalypse snow. Plus fort que le climat, le SARS-CoV-2 a mis à terre les tire-fesses et les télésièges de l’intégralité du domaine skiable français. Une onde de choc qui a tout emporté sur son passage. "Une perte sèche de huit milliards d’euros", s’étrangle Alexandre Maulin, le président des Domaines skiables de France. Et une catastrophe économique et sociale en Auvergne-Rhône-Alpes, la région concentrant 80 % du chiffre d’affaires global du tourisme hivernal de montagne (dont les trois quarts dans les départements de Savoie et Haute-Savoie).
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