Pour mieux comprendre la question de l’Assistance médicale à la procréation (AMP) en France, Lyon Capitale est allé à la rencontre d’Estelle Dorival membre d’un collectif apportant une aide aux possibles futurs parents.
D’abord appelé "Procréation médicalement assistée" (PMA) depuis la loi de 1994, le nom a aujourd’hui changé pour devenir "Assistance médicale de procréation" (AMP). L’idée reste la même, "mais il faut bannir le terme PMA le nouveau c’est AMP, pour orienter sur le fait que ce soit seulement une aide médicale", exprime Estelle Dorival, responsable de l’antenne Bamp à l’échelle de Lyon.
"Il y a eu des échecs au long du processus, mais j’ai la chance aujourd’hui d’avoir une petite fille", Estelle Dorival.
Le collectif national aussi présent dans la capitale des Gaules propose une aide et un suivi psychologique avant et après la démarche. "C’est un groupe d’échange ou des patients, des anciens patients, des personnes infertiles, des parents ou des personnes qui ne le seront jamais viennent échanger sur l’AMP". Tout comme Estelle Dorival passée aussi par une FIV, elle s'est rendue compte de l’importance d’un soutien psychologique, "il y a eu des échecs au long du processus, mais j’ai la chance aujourd’hui d’avoir une petite fille".
De nombreuses techniques d’AMP
Tout le monde a déjà entendu parler de l’AMP et "on pense souvent à la technique de Fécondation in vitro (FIV) avec la stimulation des ovaires ou l’insémination (don de sperme)", appuie Estelle Dorival. Aujourd’hui cela englobe beaucoup de techniques dont notamment le simple fait de prendre un traitement pour rétablir un équilibre et avoir un enfant par la suite.
Sur l’année 2022, plus de 150 000 demandes de toutes techniques confondues ont été faites, pour un résultat de 25 000 naissances. Parmi tous ces chiffres, seulement une FIV sur cinq abouti. Malgré les bienfaits de cette nouvelle façon de procréer, le taux de réussite reste relativement bas.
Un élargissement de la loi sur la bioéthique
Au fil du temps, les choses évoluent et après des années de lutte, notamment grâce aux associations LGBT, la loi relative à la bioéthique vient d’être élargie. À partir du 2 août 2021, la PMA est aussi possible aux couples de femmes et aux femmes seules. Une avancée majeure pour l’univers de l’AMP.
"Certains arrêtent dès la première tentative du fait de la longueur du processus".
Avec cet élargissement, les demandes sont de plus en plus importantes et, au contraire, les stocks de gamètes, spermatozoïdes chez l’homme et ovule chez la femme sont moins importants ce qui entraîne des délais extrêmement longs. La longueur du processus est aussi due "au nombre incalculable de rendez-vous". Premièrement, il faut voir un médecin spécialiste pour exprimer si l’objectif est possible, s’en suit une série d’entretiens pour discuter avec une équipe médicale et ensuite être redirigé vers les services de l’AMP pour montrer son envie de faire une FIV. Malheureusement, cela décourage un bon nombre de personnes et "ils arrêtent dès la première tentative du fait de la longueur du processus".
En France, l’AMP est 100% remboursée jusqu’à six inséminations (consiste à injecter des spermatozoïdes dans la cavité utérine, le jour de l’ovulation) et quatre FIV. Aujourd’hui, certains font le choix de partir à l’étranger à cause de la longueur du processus dans notre pays. " Parfois certains français lorsqu'ils en ont les moyens préfèrent payer et aller à l'étranger plutôt que d'entamer un processus en France", souligne tristement la membre de Bamp.
"On brandit la naissance du premier bébé éprouvette née par FIV du bébé Amandine en 1982 en laissant de coté des idées novatrices"
Malgré des avancés sur certains points, le collectif constate une vision un peu passée des réussites médicales françaises. Aujourd’hui, il y a une sorte de piétinement, "on brandit la naissance du premier bébé éprouvette née par FIV du bébé Amandine en 1982 en laissant de coté des idées novatrices". Depuis cette grande première, plus de 400 000 enfants français sont nés après un traitement AMP.
Un impact psychologique important
En plus d’une attente longue, celle-ci génère aussi un impact psychologique pour les futurs parents. "Cela engendre beaucoup de stress, socialement c’est compliqué de voir autour de soir des enfants, cela pèse sur le moral", affirme Estelle Dorival. Elle qui de son côté a fait trois tentatives pour avoir un enfant connaît ce sentiment de tristesse, "j’ai fait une fausse couche après j’ai eu une petite fille et la dernière n’a pas marché". Le fait de partir dans une démarche d’AMP impact le couple, "il n’est pas rare que certains couples se séparent durant le processus".
"J’ai fait une fausse couche après j’ai eu une petite fille et la dernière n’a pas marché"
Aujourd’hui avec toute son équipe de Bamp, elles travaillent pour essayer de faire bouger les choses notamment sur la question de la prévention. "Ce n’est pas parce que ce processus se démocratise que le traitement s’adoucit, il est toujours aussi lourd". Le collectif est aussi la pour alerter, mais aussi permettre à ses personnes "de vider leurs sacs".
Les dons de gamètes se font d’une manière anonyme, "il est impossible en France de pouvoir donner à un proche".
Dans ce processus d’AMP, il y a aussi la question du donneur. Les dons de gamètes se font d’une manière anonyme, "il est impossible en France de pouvoir donner à un proche". Mais depuis peu, un changement s’est opéré. À sa majorité l’enfant né sous inséminations à la possibilité de demander le nom du donneur. "La plupart ne sont pas à la recherche d’un parent, c’est juste pour trouver la pièce manquante du puzzle", souligne Estelle Dorival. Cela aurait pu faire peur à certains donneurs, mais au contraire il y a eu 764 donneurs de spermatozoïdes sur l’année 2022 contre 601 sur l’année 2021. Un chiffre restant relativement faible, mais qui augmente d’année en année.
À l’heure actuelle avec les progrès de la science en France, plus de 60 enfants naissent par jour grâce à une des techniques de l’AMP. Un chiffre que souligne la nouvelle maman, mais elle espère une amélioration concernant l’accompagnement plus important sur la santé mentale des futurs parents.