Ayrault veut investir dans le Linky : une vraie fausse bonne idée ?

Matignon a annoncé que les compteurs Linky allaient bénéficier de plusieurs millions d’euros d’aide financière dans le cadre des investissements d’avenir. Le but : développer les services que pourrait offrir ce petit compteur électrique intelligent, en test depuis 2010 à Lyon. Pourtant, le bilan du Linky reste mitigé et les services qui vont être développés grâce à cette aide pourraient être payants.

Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a annoncé lundi 18 mars que deux projets relatifs à des compteurs d’électricité bénéficieraient de 90 millions d’euros d’aide financière dans le cadre des investissements d’avenir. Parmi eux, Linky, le compteur nouvelle génération en tests depuis 2010 à Lyon. Un boîtier intelligent qui permet “à chaque foyer de mieux maîtriser [sa] demande électrique”, explique Matignon dans un communiqué.

Concrètement, le compteur Linky se propose d’afficher en temps réel la consommation d’électricité du foyer et des informations permettant de la maîtriser. Mais d’autres services peuvent être envisagés (évolution de la consommation sur des périodes variables…), directement accessibles depuis un site Internet dédié.

25.000 foyers lyonnais testés

C’est d’ailleurs pour le développement de ces nouveaux services que seront utilisées les subventions de l’État. Des tests sur ces nouveaux usages seront effectués auprès de 25.000 foyers lyonnais déjà équipés du boîtier. Selon le Gouvernement, il s’agira d’une des plus grandes expérimentations conduites à l’échelle mondiale dans le domaine des compteurs “intelligents”.

Un compteur écolo ?

Les Linky devraient se généraliser en France d’ici à la fin 2014. À condition que les désaccords portant sur le financement du petit objet vert pomme soient tranchés entre ERDF, les collectivités locales et les associations de consommateurs. Car Linky ne fait pas que des émules. En avril 2012, l’UFC-Que choisir ? saisissait le conseil d’État, estimant que le dispositif ne servait pas réellement les intérêts du consommateur. Si la pose des appareils, estimée à 4,5 milliards d’euros pour la France, est annoncée comme gratuite pour les foyers, elle est en réalité compensée par une modification du tarif d’acheminement. Sujet que le ministère a promis de clarifier.

Mais le Linky remplit-il au moins son rôle de compteur écolo ? Oui et non. Le compteur lui-même consomme de l’électricité. Il pourrait générer, selon les chiffres de l’Ademe*, une augmentation de consommation de 0,05% au niveau national. De plus, ce n’est pas le compteur lui-même qui assure une réduction de la facture énergétique, mais l’utilisation des données qu’il fournit. Libre à chaque foyer de les interpréter ou pas. Mais encore faut-il pouvoir le faire facilement. L’UFC-Que choisir ? notait dans son enquête que, pour 50% des foyers, le Linky se situe à l’extérieur du logement, dans un garage ou en hauteur.

Des économies payantes ?

La nature des informations pourra également être plus ou moins pertinente. Et c’est justement sur leur développement que porte la subvention de l’État. Des outils particulièrement intéressants comme des conseils, des outils de comparaison, d’analyse sur un laps de temps variable, etc. Mais, là encore, le bât blesse, car la gratuité n’est pas assurée. Chaque fournisseur d’énergie pourrait être libre de définir une tarification pour l’accès à ces services. Finalement, la principale crainte reste que le coût du service ne soit égal à l’économie potentielle, voire supérieur. Pas tellement vert, le Linky s’apparenterait plutôt, a minima, à une opération blanche pour le portefeuille des Français.

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