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Barbarin : Alexis Jenni critique “la culture du silence” de l’Église

Dans un entretien paru dans le journal Le Monde, l’écrivain lyonnais Alexis Jenni exprime sa colère et son malaise suite aux révélations de plusieurs scandales dans le diocèse de Lyon.

Alors que le cardinal Barbarin est actuellement mis en cause dans deux affaires de pédophilie où il lui est reproché de ne pas avoir dénoncé les faits, Alexis Jenni (prix Goncourt 2011 pour L’Art français de la guerre) a vivement critiqué le fonctionnement de l'Eglise dans le journal Le Monde : "Ce qui m’a frappé et accablé dans l’affaire du diocèse de Lyon, c’est la culture du silence de la hiérarchie catholique à propos des questions liées à la sexualité. L’institution religieuse parle de miséricorde mais ne prend pas en compte la souffrance des êtres qui sont victimes d’agression sexuelle."

Questionné sur son point de vue concernant une possible démission du cardinal Barbarin, l'écrivain, qui se définit comme un "chrétien de langue française", a une fois de plus critiqué le fonctionnement de l'institution : "il faut changer la culture de l’institution, dont les hauts dignitaires ne sont que la part émergée. L’Eglise est une machine idéologique folle lorsqu’elle est confrontée à la vie sexuelle en général, et à la pédophilie en particulier. D’un côté, elle exclut les divorcés remariés pour avoir rompu un sacrement, et de l’autre, les homosexuels sous le prétexte d’une mention dans le Lévitique : “Tu ne coucheras pas avec un homme comme on couche avec une femme : ce serait une abomination” (chap. XVIII, verset 22). Mais elle ne semble pas prendre en compte sérieusement la souffrance de ceux qui sont abusés, et ne semble pas davantage prendre les mesures nécessaires pour que les responsables de ces abus ne puissent plus les commettre", a-t-il critiqué.

Pour tout changer, Alexis Jenni appelle à une "réforme" de l'institution : "Il y a un problème séculaire de l’Eglise avec le corps, à l’image de Grégoire le Grand qui mentionnait l’“abominable vêtement du corps”. Toutefois, ce n’est pas la frustration qui pousse certains prêtres à abuser des enfants, mais cette insupportable emprise sur les âmes. Et puis cet esprit de corps d’une Eglise française surnuméraire, en voie d’extinction, et qui préfère l’omerta à la vérité par peur de s’effondrer. Ce sont les institutions qui, comme l’école ou l’Eglise, peuvent exercer de la coercition sur les enfants, qu’il faut d’urgence réformer."

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