La réunion de travail organisée ce lundi en préfecture n'a pas débouché sur une position consensuelle. Gérard Collomb et Michel Mercier ont fait bloc pour empêcher un tracé qui passerait trop près de Lyon, au niveau de l'actuelle A450. Et le préfet n'a pas semblé mobilisé pour débloquer la situation. Le projet tel que défini par la déclaration d'utilité publique est remis en question.
Une autoroute qui vire à l'impasse… Lors de sa venue le 6 septembre dernier, le Président de la République avait donné trois mois aux élus pour s'entendre. On s'y rapproche. Le préfet a réuni ce lundi tous les acteurs concernés par l'A45, la future autoroute reliant Lyon à St-Etienne. "L'entretien qui a duré 1h30 s'est déroulé dans une excellente ambiance, constructive, même si chacun à l'évidence a exposé clairement ses positions", raconte le communiqué. La réunion a en réalité tourné court. C'est que le projet s'enterre dans ses difficultés.
Problème d'échangeur avec l'A7
L'axe actuel, l'A47, n'est ni assez rapide, ni assez sûr. Depuis 1993, est affirmé le principe d'une nouvelle infrastructure autoroutière de 48 km. "Il s'agit de favoriser l'émergence de l'aire métropolitaine lyonnaise au niveau européen par l'affirmation d'un vaste ensemble économique de 2,5 millions d'habitants regroupant les deux agglomérations", précise l'avant-projet sommaire. La partie stéphanoise ne pose pas de problème : l'autoroute viendra mourir sur l'A72, au nord de St-Etienne. Côté rhodanien, il est normalement prévu qu'elle s'embranche sur l'A450, au niveau de Brignais. C'est sur cette base qu'a été signée la déclaration d'utilité publique (DUP), en juillet 2008. Problème : l'A450 n'est pas accessible aux poids-lourds. Et son échangeur avec l'A7 n'est pas adapté à un flux plus important. Michel Mercier et Gérard Collomb ont fait bloc ce lundi pour s'opposer à une connexion entre l'A450 et l'A45, qui rapprocherait trop de Lyon ce nouveau trafic. Ils préfèrent un passage vers Givors, soit grosso modo l'itinéraire de l'actuelle A47.
Les Stéphanois prêts à payer
Ce lundi, les élus ont donc improvisé un derby Lyon/St-Etienne, Bernard Bonne, président du conseil général de la Loire et Maurice Vincent, maire de St-Etienne, défendant avec force le tracé envisagé. Ils se sont même dit prêt à régler à eux deux la part dévolue aux collectivités locales. D'un coût total de 1,2 milliard d'euros, cet ouvrage engagera 700 millions d'argent public, la moitié étant prise en charge par l'Etat. Les deux Ligériens ne sont pas arrivés à emporter l'adhésion. Peut-être parce que le préfet n'est pas lui-même un chaud partisan de l'A45 : lors de sa prise de fonction, il avait rappelé que plus que l'A45, c'est le CFAL (contournement ferroviaire de l'agglomération lyonnaise) qu'il considère comme prioritaire. La position de Michel Mercier interroge aussi : s'est-il uniquement positionné en tant que président du conseil général ? Ou le gouvernement traînerait-il aussi des pieds ? "Deux jours avant son annonce de septembre, Sarkozy était convaincu de l'abandon du projet", souffle un élu de gauche.
Au sortir de cette réunion de travail, le préfet a convenu qu'il présenterait "une contre-proposition susceptible de remplir les mêmes fonctionnalités, d'un coût identique, plus consensuel et donc pouvant être partagé". Un tel projet serait une "substitution au projet de l'A45 tel que fixé dans l'arrêté portant DUP". Mais Jean-François Carenco "n'a pas voulu à ce stade s'engager sur un calendrier plus précis et sur une comparaison entre la solution A45 et la solution d'une éventuelle substitution". En clair, on repart de zéro.