Les six employés du registre des malformations en Rhône-Alpes seront au chômage dès le 1er janvier prochain.
Le 16 octobre dernier, l’équipe du Remera (Registre des malformations en Rhône-Alpes), qui révélait le scandale sanitaire des bébés malformés dans l’Ain, était convoquée par les hospices civils de Lyon, en vue d’un éventuel licenciement. Sans surprise, les six employés ont reçu ce vendredi leur lettre. Dès le 1er janvier 2019, ils seront au chômage. "Notre employeur, les hospices civils de Lyon, n’a plus les moyens de débourser 25 000 euros annuels qui permettaient de payer nos salaires et notre loyer. Je suis d’autant plus choquée qu’Agnès Buzyn avait annoncé dimanche dernier que le registre n’était pas menacé", se désole Emmanuelle Amar, celle qui s’était autoproclamée lanceuse d’alerte à la suite de ses révélations.
Depuis 2011, le Remera alertait sur le nombre inquiétant de bébés naissant avec une atrophie du membre supérieur. Entre 2009 et 2014, dans un rayon de dix-sept kilomètres, sept enfants sont nés malformés. "Cela correspond à un taux de malformations 58 fois supérieur aux taux anormalement entendus pour de telles malformations", s’indignait Emmanuelle Amar dans les colonnes de Lyon Capitale le 12 octobre dernier. Quelques jours plus tard, le ministre de la Santé, Agnès Buzyn, apportait son soutien au Remera en assurant qu’il était "hors de question d’arrêter la subvention des registres" et qu’une enquête allait être "relancée" pour déterminer la cause des malformations de ces sept enfants. Le JDD a pu se procurer une note relative à cette affaire, plutôt difficile à interpréter. En date d’octobre 2016, on peut y lire : "En conclusion, les données rapportées sont insuffisantes pour affirmer la présence d’un cluster [regroupement inhabituel de problèmes dans une zone géographique et un temps donné, Ndlr] dans l’Ain." Plus loin dans le texte en revanche, on trouve ceci : "Cependant, compte tenu de la nature du problème détecté et ses répercussions sociétales en termes de craintes des populations concernées, une vigilance renforcée semble nécessaire." Difficile d’interpréter le rapport de Santé publique France avec une telle conclusion.