Jérémy Compagnat
Jérémy Compagnat, directeur de Bel Air Textile

Bel Air Textile, un exemple de réindustrialisation en milieu urbain

Bel Air Textile est un lieu de 2 800 m2 à Villeurbanne destiné à accueillir et accompagner de jeunes entreprises de textile. Un projet qui répond aux enjeux de recrutement et d'avenir du secteur.

C'est le lieu repère du textile, le totem de la filière en Auvergne-Rhône-Alpes. Bel Air Textile a pour but de rassembler les acteurs de la filière textile dans un lieu repère afin de faire rayonner l’industrie en proposant de la location d’espaces de travail privatifs et collaboratifs au coeur de l’écosystème textile. Mais pas que, Bel Air Textile allant plus loin qu'un simple projet immobilier. "C'est aussi une montée en compétences, une ouverture de réseau, explique Jérémy Compagnat, à la tête du lieu de 2 800 m2, dans le quartier naturel de la Soie, à Villeurbanne. Différents modèle sont ouverts, comme de l'incubation, de l'accélération pour les faire infuser dans un réseau textile. Vraiment l'idée, c'est de leur dire 'on est plus forts tous ensemble que chacun de son côté' ".

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Tout est parti du constat, fait il y a plusieurs années, d'une ré-industrialisation nécessaire en milieu urbain. Les freins étaient nombreux, entre la raréfaction du foncier, le textile exigeant souvent une grosse l'emprise au sol (nombreuses machines XXL, et le coût des terrains. "On a réfléchi sur comment on peut arriver à mutualiser cet espace pour justement, en fait, écraser les frais de structure et le rendre beaucoup plus accessible pour un business plan."

Bilan : 2 800 m2 trouvés dans le quartier de la Soie, clin d'oeil cette étoffe qui a fait la réputation et la prospérité de Lyon pendant près de 350 ans sans discontinuité et est à l'origine du décollage économique du territoire.

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La commercialisation ayant été lancée au courant du mois de mai, pour l'heure une dizaine d'entreprises ont rejoint le lieu. A terme, Bel Air Textile table sur une petite centaine.

Auvergne-Rhône-Alpes réunit plus d'un cinquième des emplois du textile en France, selon la dernière étude de l'Insee. Elle est ainsi la première région employeuse dans le secteur, bénéficiant d'un fort ancrage territorial depuis deux siècles. En effet, la région est devenue dès le XIXe siècle le berceau de l'industrie textile. Aujourd'hui, elle emploie près de 18 000 habitants de la région, en particulier à Saint-Etienne.

Entre 2020 et 2023, près de 2 400 nouveaux salariés ont rejoint l'industrie textile en Auvergne-Rhône-Alpes, surtout des femmes. Elles représentent en effet 60 % des employés. Cependant, depuis 2008, la part du textile dans l'emploi de la région a connu une baisse de 15 %, avant de remonter ces dernières années, notamment grâce à la maroquinerie.

En grande majorité, l'industrie textile en Auvergne-Rhône-Alpes se concentre essentiellement sur la fabrication de textiles industriels et techniques. C'est ensuite le secteur du cuir et de la chaussure et celui de l'habillement qui rassemblent le reste des activités. Vichy est d'ailleurs la seule ville a s'être centrée sur le cuir, tout en étant dans les cinq premières villes à employer dans le textile de la région.

Plus particulièrement, les villes de Saint-Etienne, Lyon et Bourgoin-Jallieu représentent une grande partie des activités, réunissant près de 8 000 emplois. La zone d'emploi de Saint-Etienne réunit à elle seule 2 800 salariés dont 85 % sont dans la fabrication de textiles, ce qui en fait la première ville de la région.


La restranscription intégrale de l'entretien avec Jérémy Compagnat

Bonjour à tous et bienvenue dans ce nouveau rendez-vous de 6 minutes chrono. Nous accueillons aujourd'hui Jérémy Compagnat, directeur de Bel Air Textile qui vient d'ouvrir dans le quartier de la Soie, à Villeurbanne. Alors c'est un espace de 2800 m², si je ne me trompe pas, qui a pour ambition de regrouper des acteurs des entreprises de la filière textile lyonnaise. De quel constat est né ce projet ?

Alors le constat est né il y a maintenant plusieurs années de la difficulté, en fait, de réindustrialiser en milieu urbain. Aujourd'hui ,on a une vraie difficulté à avoir accès à du foncier à un tarif qui est intéressant, et qui dit industriel dit forcément une emprise au sol et des machines qui prennent énormément de place par rapport à du bureau. Donc, la logique - et la logique elle est venue d'une des structures que j'ai et qui fait de la personnalisation de vêtements depuis des années -, c'est en fait de dire comment on peut arriver à mutualiser cet espace pour justement, en fait, écraser les frais de structure et le rendre beaucoup plus accessible pour un business plan.

Finalement, les principaux freins pour monter une entreprise textile c'est 1/ la raréfaction du foncier 2/ les prix qui sont assez élevés...

C'est une des difficultés. Lla deuxième, et c'est justement à ça qu'on vient pallier, c'est justement le fait d'éviter aux jeunes structures de faire des erreurs, et de les accompagner sur du retour d'expérience, du coaching, du réseau parce qu'en fait, c'est un secteur qui a quand même eu beaucoup de difficultés dans la digitalisation et où trouver les bons acteurs les bons prix, les bonnes personnes c'est souvent du réseau. Donc justement on vient appuyer là-dessus.

Bel Air Textile ce n'est donc pas simplement un projet immobilier, c'est au-delà du projet immobilier.

Exactement, c'est bien plus que ça : c'est une partie immobilière, justement, sur du bureau privatif du coworking des ateliers mutualisés mais c'est aussi une montée en compétences, une ouverture de réseau, et puis une capacité à avoir accès à justement de la production mutualisée, qui font qu'on va pouvoir écraser une partie des prix.

Donc cela veut dire qu'une entreprise textile qui vient s'installer sur le "campus" de Bel Air Textile, elle arrive et quelque part il y a un accompagnement de cette entreprise ?

Il y a différents modèles qui sont ouverts, qui sont de l'incubation, de l'accélération juste de on va dire infuser dans un réseau textile. Mais vraiment l'idée, c'est de leur dire "on est plus forts tous ensemble que chacun de son côté", et donc, c'est à partir de ça qu'on va réussir à faire monter les gens en compétences. C'est par de l'événementiel, donc de l'ouverture du réseau, c'est par de la formation, c'est plein de choses. Donc vraiment le lieu il est basé sur la co-construction et sur l'idée de dire que, si on n'y arrive pas tous ensemble on ne pourra pas y arriver parce que, justement c'est la difficulté qu'a eu ce secteur pendant des années.

Voilà le message qu' il faut retenir un de Bel Air Textile c'est finalement "ensemble on est plus forts". Alors j'imagine que, derrière, il y a c'est un véritable défi pour l'avenir parce qu'on a une filière textile en Auvergne-Rhône-Alpes qui est très dynamique et se porte bien. On a reçu déjà ici plusieurs fois par exemple pour n'en citer qu'un, Pierric Chalvin qui est le directeur d'Unitex, le syndicat textile. Et, en fait, j'imagine aussi que c'est pour rester compétitif innover, par rapport à l'étranger.

Il y a une vraie volonté d'innovation sur les modèles de production, sur les business model, sur tout ce genre de choses et, vraiment, d'aller chercher des choses qu'on peut faire en local pour leur donner une vraie valeur ajoutée.

Quelles institution publiques vous ont accompagné dans ce projet de Bel Air Textile ?

En fait, le projet est la résultante de l'association de quatre acteurs : le réseau Bel Air Camp, la chambre de commerce, l'UIT notre syndicat de filière et puis une des structures que je possède qui s'appelle Crafters. Et on a la chance, donc là-dessus, d'avoir une vraie complémentarité au niveau des profils des associés et puis, surtout on est appuyé dans nos décisions par la ville de Villeurbanne, par la Métropole et par toutes les instances, parce que justement refaire de l'industriel, refaire du textile en milieu urbain ça a une vraie force. C'est de la formation, du développement d'emplois, ce sont des choses qui sont en local, donc qui évidemment sur l'empreinte carbone ont beaucoup moins d'impact que des choses qui viendraient en grand export, donc c'est un projet très global et qui par contre a une vraie influence en local.

Combien d'entreprises sont déjà installées sur le Bel Air Textile et à terme on peut en accueillir combien ?

On vient de lancer la commercialisation sur le courant du mois de mai. Aujourd'hui, on est autour d'une dizaine d'entreprises qui ont rejoint le lieu. En fait, ça s'amorce et, évidemment, c'est le genre de projet où il y a un effet d'entraînement parce que plus vous avez une communauté qui est large, plus les gens sont intéressés, plus ça ouvre le réseau, donc on a cet effet là et on sait que notre objectif, c'est vraiment de démarrer sur la rentrée de septembre parce qu'on sait qu'avec l'été qui arrive, c'est toujours un peu compliqué de se projeter dans des locaux. je n'ai aucun souci sur le fait que ça va se remplir très vite.

A terme vous pouvez accueillir combien d'entreprises dans le Bel Air Textile ?

Je dirais entre 50 et 100, parce qu'on a des bureaux qui sont fermés mais on a aussi des espaces de coworking où là, on peut venir avec une deux personnes en flex office et donc là, on peut avoir beaucoup de projets qui peuvent nous rejoindre.

L'émission touche à sa fin, c'est un très beau projet parce que comme vous l'avez dit la filière textile en Rhône-Alpes est très dynamique se porte très bien et voilà encore un nouveau projet qui va permettre de justement à cette filière d'être encore plus compétitive.

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