Alors que Twitter vient de passer le nombre de caractères par tweet de 140 à 280 signes, Bernard Pivot, fervent utilisateur du réseau social, a critiqué cette nouveauté.
Celui qui faisait l'éloge au micro de Lyon Capitale en juin dernier s'est désolé dans les colonnes du journal Le Figaro du choix du réseau social de passer de 140 à 280 signes. Une possibilité que le président du prix Goncourt a d'ores et déjà annoncé "qu'il n'utiliserai pas". "Premièrement, parce que je n'ai pas envie de changer mes habitudes, deuxièmement car je trouve que je m'exprime mieux en 140 signes plutôt qu'en 280 caractères, troisièmement car je pense qu'il y a une sorte de réaction déviationniste de Twitter. Certes avec ces 280 signes, nous ne sommes pas encore dans la logorrhée de Facebook, mais nous ne sommes déjà plus dans la rigueur janséniste de la maxime", s'est justifié le présentateur d'Apostrophes.
En portant ses messages de 140 à 280 signes, Twitter permet à Trump de doubler la longueur de ses âneries et de ses menaces. Irresponsable!
— bernard pivot (@bernardpivot1) 27 septembre 2017
"Je pense que beaucoup de gens vont trouver plus agréable et plus facile de s'exprimer en 280 signes. Car ainsi, ils ne seront pas bridés et pourront se laisser aller. Toutefois, je pense que la qualité de Twitter va en pâtir. Et je ne parle pas des fautes d'orthographe, de grammaire ou de syntaxe", a-t-il poursuivi.
"On tombe dans la facilité"
Selon lui, utiliser 280 signes c'est "s’ajouter des adjectifs inutiles, des adverbes. Il n'y aurait alors plus cette rigueur que donne Twitter. Moi ce qui m'intéresse dans ce réseau social, c'est à la fois l'exercice mental et l'exercice de style (…) Donc, les 280 signes ne m'intéressent pas. On tombe dans la facilité". Twittos averti avec ses 770 000 abonnés, Bernard Pivot a donné au quotidien la recette de ce qu'il estime être un bon tweet : "C'est une idée précise de ce que l'on veut dire, avec une économie de mots. Un tweet vous oblige à aller à l'essentiel, sans fioritures, sans propositions subordonnées. On n'a pas le temps de mettre des "cependant", des "quoique"... Il faut dégager l'image, la pensée que vous voulez écrire. Et cela demande un effort intellectuel. Vous direz sûrement que c'est au détriment de la nuance de la pensée, d'accord, mais dans ces cas-là, il faut écrire des articles ou des livres!". Rien de mieux qu’un exemple posté récemment par le journaliste sur son compte à propos des Paradise papers : "Il n'y a désormais rien à craindre aux Bermudes, paradis fiscal : plus de triangle, rien que des ronds !".