Bernard Thibault veut mettre la pression sur le gouvernement

Pour son meeting de rentrée, le secrétaire général de la CGT a choisi Lyon le 31 août dernier pour lancer le bras de fer social sur les retraites. A une semaine de la mobilisation du 7 septembre, Bernard Thibault annonçait “tout sauf un baroud d’honneur” pour la manifestation de ce mardi. Retour sur ses motivations et reportage sur le meeting.

Pour un 31 août, la petite salle de la Bourse du travail de Lyon débordaient de plus de 400 cégétistes. Normal, leur secrétaire général avait fait exceptionnellement le déplacement hors de Paris pour tenir son meeting de rentrée. Devant ses troupes, Bernard Thibault a prononcé un discours d’une petite heure pour, une nouvelle fois, battre en brèche le projet de loi sur les retraites. Mais l’objectif n’était évidemment pas de convaincre mais de galvaniser des syndiqués qui devaient “être tous sur le pont” pour la journée de mobilisation de ce mardi. “le président nous contraint à une rentrée exceptionnelle”, a reconnu le secrétaire général de la CGT qui s'est montré confiant puisque l’unité syndicale était au rendez-vous avec huit organisations appellant à la journée d’action*.

Il misait sur “quelque chose d’équivalent au 24 juin”. Jour où deux millions de personnes (selon les syndicats) ont manifesté contre la réforme des retraites. Et pour donner de la visibilité à ses troupes, il a tenté de répondre “aux légitimes questions” sur l’après 7 septembre :

“Nous n’appelons pas à la mobilisation en guise de baroud d’honneur ou à un rendez-vous exutoire pour clamer notre colère une journée et abandonner nos objectifs en rase campagne”.

Pour la suite, un “dispositif exceptionnel” a été mis en place pour apprécier plus “finement l’ensemble des événements”. Pour lui, le choix de se réunir en intersyndicale dès le 8 septembre montre la volonté de continuer la mobilisation si le gouvernement ne change pas d’attitude.

“La dangereuse escalade sécuritaire aux relents xénophobe de cet été”

Bernard Thibault s'est également montré confiant sur le devenir du mouvement social car “le pouvoir est en difficulté”. La preuve ? Il utilise selon lui “tous les moyens pour faire diversion”. Parmi ces moyens, “la dangereuse escalade sécuritaire aux relents xénophobe” de cet été. “Une nouvelle fois, on attise la haine contre les “étrangers” déclarés coupables de tous les maux et désignés à la vindicte populaire. On associe désormais officiellement immigration et insécurité. Seul jusqu’à présent le Front National en a fait son fonds de commerce”.

“On nous refuse le débat sur les nouveaux financements de la retraite”

Le secrétaire général de la CGT n’a pas perdu son humour pour fustiger les “faux arguments” servi par le gouvernement. Une réforme qui, selon lui, n’est ni pour les jeunes, ni pour les femmes mais qui n’a qu’un but : “faire des économies”. “On nous refuse le débat sur les nouveaux financements de la retraite”, ajoute-t-il. Et comme on le prive de débat, il avance en quelques mots les propositions de la CGT pour financer les retraites. Elles s’articulent autour d’une politique “dynamique” de l’emploi qui améliorerait le financement de nos systèmes de protection social, notamment grâce à une baisse du chômage et une révision complète des politiques d’exonérations de cotisations sociales. La CGT revendique également que les “revenus financiers des entreprises soient soumis à contribution. 20 milliards de recettes peuvent être collectés rapidement à ce titre”.

Des militants prêts pour une course de fond ?

Les militants semblent surtout avoir retenu le message pour la journée du 7 septembre."La journée de mobilisation va marcher, le plus important sera de suivre derrière. Il faut bien avoir conscience que ça va être une bataille de longue haleine. Il faut s’organiser à l’échelle de l’entreprise pour maintenir la pression sur les gouvernement et le patronat qui se cache derrière", estime Olivier Minoux, délégué syndical chez Rhodia à Lyon. Pour Nathalie Ducruet, déléguée aux HCL, la CGT "a déclaré haut et fort qui elle est". Car au-delà du discours syndicaliste, c’est également la parole politique de Thibault qui séduit. "Aborder le sujet des Roms, c’était important. Ça nous touche", confie Nathalie Ducruet."Ça fait du bien de sentir tout ça", soupire-t-elle, un sourire aux lèvres. Le meeting peut se terminer sous les "on va gagner" d’une foule visiblement galvanisée. Place ensuite à l’autre “star” du jour, le guitariste Frédéric Fromet, qui a entonné son "casse-toi pauv’ con" sur un air de “laisse béton”. Un avant goût de manif.

*CGT, CFDT, FO, CGC, CFTC, Solidaires, UNSA, FSU

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