Beyoncé
Beyoncé Photo by TIMOTHY A. CLARY / AFP)

Beyoncé vue de Lyon

La chanteuse Beyoncé ne passera pas par Lyon. On ne vous explique pas pourquoi mais qui est celle qui "influence la pensée mainstream".

L'information a fait le tour des médias. Mercredi 1er février, la chanteuse super-star américaine Beyoncé a annoncé sur son site officiel les dates de sa tournée mondiale qui débutera le 5 mai à Stockholm. Pendant quelques minutes, une date a été fixée au 6 juin à Lyon, au Groupama Stadium. Quelques minutes plus tard, elle a été supprimée du site. 

Pour quelle raison Beyoncé a-t-elle autant affolé la toile ?

Avalanche de commentaires sur les réseaux sociaux. Pour quelle raison une chanteuse a-t-elle autant affolé la toile ? Jean-Yves Sècheresse, ex-adjoint à la sécurité de Lyon (2014-2020), aujourd'hui conseiller municipal d'opposition, livre en ce début d'année un abécédaire politique qui explore les relations avec... la pop music *.

En un peu plus de 140 entrées, l'auteur éclaire les contextes dans lesquels sont ancrés les grands combats de cette époque, en étudiant les liens qui se font et se défont entre les cultures musicales, les générations, les classes sociales et les mouvements politiques.

"Beyoncé influence la pensée mainstream"

Jean-Yves Sècheresse, auteur de Pop Music, un abécédaire politique

S'il se revendique éperdument "springsteenien", Jean-Yves Sècheresse a un petit faible, dans la génération actuelle, pour la chanteuse Beyoncé, "pas inintéressante" en objet féministe sexualisé revendiqué qui "influence la pensée mainstream". 

"Comme sa devancière Madonna qui, après une réussite sans pareil, se retrouve l'objet de la curiosité d'intellectuels la décrivant comme porteuse d'un progressisme teinté de féminisme, Beyoncé prend elle aussi une dimension que ses concurrents ne peuvent lui contester. Comme l'écrit Rachel Kaazdi-Gansah (journaliste à Snatch, NdlR), 'si Madonna exemplifie l'émergence d'une nouvelle féminité blanche, sexuelle et indépendante, Beyoncé montre à ses ouailles qu'il est possible d'être noire et d'être au centre de toutes les attentions' ".

En effet, ajoute Jean-Yves Sècheresse, "avec Beyoncé, dans un pays qui s'imagine parfois post-racial, c'est cette dimension qui accompagne le triomphe de celle que l'on nomme à ses débuts, la fille au teint de miel, façon d'éviter de dire qu'elle est Afro-Américaine."

Fabriquant avec insolence un hymne se voulant celui de femmes indépendantes capables de diriger le monde Beyoncé alimente un phénomène addictif qui séduit la presse féminine."

Jean-Yves Sècheresse, auteur de Pop Music, un abécédaire politique

Jean-Yves Sècheresse ajoute que Beyoncé est "tout sauf un clone de Michael Jackson" et bénéficie, comme Bambi, "d'une forte cohésion communautaire édifiée autour d'une personnalité que le public aime savoir porteuse de féminisme".

Le féminisme. Beyoncé le revendique haut et fort. La diva s'affiche en guerrière avec le slogan "Filles, nous dirigeons ces mecs". "Fabriquant avec insolence un hymne se voulant celui de femmes indépendantes capables de diriger le monde, Beyoncé alimente un phénomène addictif qui séduit la presse féminine, sa formule "ma persuasion peut bâtir une nation", faisant l'unanimité."

Et malgré ses paroles témoignant d'une sexualité affirmée qui choquent la bien-pensance, le président américain Barack Obama avait déclaré qu'il n'imaginait pas de "modèle plus exemplaire que Beyoncé pour (ses) filles". Et son épouse Michelle d'en remettre une couche : "un modèle donnant l'exemple à tant de femmes".

"Aveuglé par la réussite de son modèle, le public en oublie les rapports tarifés qu'elle entretient avec Pepsi, Wal-Mart, L'Oréal ou Barneys, ignorant les roucoulades que l'idole destine à des dictateurs."

Jean-Yves Sècheresse, auteur de Pop Music, un abécédaire politique

"Au moment de soutenir Obama, écrit jean-Yves Sècheresse, l'engagement de Beyoncé est réactivé sous l'influence d'un Jay-Z expert en flatterie (le mari de Beyoncé, rappeur et producteur, NdlR). Chantant lors des investitures, répondant toujours aux invitations des Obama en appuyant les campagnes de la First lady contre l'obésité, Beyoncé devient l'alter-ego de Michelle et Jay-Z le double de Barack, de quoi parler de 'bromance' ".

Et d'ajouter que "aveuglé par la réussite de son modèle, le public en oublie les rapports tarifés qu'elle entretient avec Pepsi, Wal-Mart, L'Oréal ou Barneys, ignorant les roucoulades que l'idole destine à des dictateurs."

Voir l'émission 6 minutes chrono : Le rock, un marqueur très politique (vu de Lyon)

*Pop music, un abécédaire politique (Le mot et le Reste, 2023, 29€)

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