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Bilan carbone de l'UTMB : 5,5 fois moins que celui de Roland-Garros

Avec un budget de 400 000 euros, le budget transports de l'UTMB Mont-Blanc permet de mobilier 200 bus transportant plus de 12 000 personnes.

L'UTMB, et le monde du sport plus globalement, peut-il emprunter un virage stratégique durable et respectueux de l'environnement ? Réponses avec Thomas Boyer, chargé de projets mobilités et environnement à l'UTMB.

Lyon Capitale : Quel est le bilan carbone d'un événement comme l'UTMB ?

Thomas Boyer : Il est de 11 610 tonnes (à titre de comparaison, l'empreinte carbone du marathon de Paris, et ses 60 000 coureurs, est de 25 000 tonnes, NdlR).

Thomas Boyer, chargé de projets mobilités et environnement à l'UTMB

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On est plutôt dans la fourchette basse ou haute ?

Je me prononcerais plus sur une fourchette assez basse, on est quand même un événement sport outdoor. Et pour faire la comparaison, on est 5, 5 fois moins que l'événement Roland Garros. Ce qui est important de retenir, c'est que depuis la création de l'UTMB en 2003, il y a toujours eu cette notion tournée vers le développement durable et l'environnement, à savoir qu'on ne parlait pas tant d'émissions carbone que d'impact sur le terrain. L'idée était de faire en sorte que l'événement se déroule sans qu'on voit qu'il soit passé. Sur le bilan carbone, comme la plupart des évènements sportifs internationaux, ce sont les transports qui sont le plus émissif, à savoir plus de 80% des émissions. L'enjeu est donc de proposer des solutions alternatives pour que les coureurs viennent sur événement et se déplacent pendant la durée d’un événement est une priorité.

En 2023, on a augmenté le budget alloué au sport transport et on souhaite transporter à peu près plus de 30 % de personnes.

Quelles sont les grandes actions qui ont été mise en places sur l'UTMB ?

Déjà, il y a un engagement de notre part, notamment avec la signature, en 2017, de la charte Grands événements sportifs internationaux, porte par le ministère des Sports et le WWF France. On a signée la version 2 en 2022. Cela implique de respecter 15 engagements d'amélioration en faveur du développement durable (environnement, social, économie). Par exemple, d'ici 2024, on devra adopter une politique d'achats responsables et effectuer au minimum 90% des déplacements en mobilité durable. Pour garantir la crédibilité des engagements de l’ensemble des signataires, le dispositif exige désormais la publication d’un rapport basé sur une évaluation de l’atteinte des différents objectifs. Nous, au niveau du territoire, on s'engage avec l'Université de Savoie Mont-Blanc et Asters, le Conservatoire des espaces naturels de Haute-Savoie, à travailler en collaboration sur tout l'impact environnemental pour allier au mieux en fait impact et qu'il soit moindre chaque année. Globalement, on a toute une partie très importante sur l'aspect communication, avec les abonnés et les personnes qui suivent les réseaux sociaux UTMB, qu'on sensibilise à ce sujet qu'ils soient coureurs,  accompagnants, spectateurs en amont de l'événement. Le jour de l'événement, on met en place des ambassadeurs de l’environnement, une équipe de vingt bénévoles, qui sont les représentants de l'organisation en termes d'environnement sur le terrain, de sensibilisation auprès des accompagnants et des  coureurs.

Avec la démarche zéro gobelets, zéro plastique, ce sont 100 000 gobelets jetables économisés par édition.

On a donc un grand rôle de sensibilisation, et puis on a toute la mise en place de la démarche zéro gobelets, zéro plastique. Les coureurs doivent courir avec le disposifif BYOU ("brings your own ustensils"), à savoir le bol et les couverts pour manger. Et en contrepartie, nous, en tant qu'organisation, on s'engage sur les ravitaillements à ne pas plus mettre de vaisselle jetable à disposition des coureurs et des bénévoles. C'est 100 000 gobelets jetables économisés par édition.

Sur plan de mobilité, qui représente les trois quarts des émissions carbone ; quelle sont les ambitions de l'UTMB ?

Si on réfléchit au pourquoi du plan de transport,  nous, on vit dans une vallée ou dans des vallées, en fait, qui sont assez obstruées par l'impact de l'automobile, on sait que nous, en tant qu'événement, on ramène aussi en nombre de personnes. Et donc l'idée c'est de se dire que via ce plan de transport, nous on est capable de transporter donc tous nos coureurs et tous nous accompagnants et que ce genre de suivi courses, en termes d'événementiel, il peut se faire très bien en car. On met en place plus de 200 bus qui sont mobilisés. pendant une semaine, des avec des transporteurs qui sont en français, à savoir Transdev, on travaille avec un transporteur suisse, c'est donc TMR et en Italie avec ATS. On crée huit lignes de bus spécifiques pour transporter les coureurs au départ des courses mais aussi pour gérer les abandons des coureurs et puis les possibles spectateurs qui peuvent également prendre le bus pour suivre la course. En 2022, la saison est à peu près 12 000 personnes transportées. En 2023, on a augmenté du coup le budget alloué au sport transport et on souhaite transporter à peu près plus de 30 % de personnes.

Quel est le montant du budget transports sur l'UTMB ?

L'année dernière, on était à environ 250 000 €. cette année on est  à 400 000 euros environ.  

L'idée finale, c'est un un UTMB sans voiture individuelle 

La charte des grands événements sportifs internationaux contraint les signataires à effectuer au minimum 90% des déplacements en mobilité durable d'ici 2024. Peut-on imaginer un UTMB sans voiture individuelle ?

L'idée finale, c'est celle-là en effet. Mais ce n'est réalisable qu'avec une capacité de transport en car conséquente. Aujourd'hui, on a des cars qui circulent à plein mais on a beaucoup de véhicules individuels qui montent dans la vallée. En fait, l'idée est tant de travailler pendant l'événement qu'en amont de l'événement, à savoir toutes les personnes qui viennent. En fait, on travaille sur une stratégie en trois parties : «  venir sur l'événement », « se déplacer pendant l'événement » et « se déplacer dans les vallées de Chamonix en-dehors de l'événement ». Du coup, pour toute la partie « venir sur l'événement », on travaille sur la communication du type « vous avez le train, vous avez le TER, et si vous, coureur international, n'avez aucune possibilité de venir autrement en avion, vous pouvez par la suite arriver à l'aéroport de Genève, par exemple, et prendre une navette en car au lieu d'un véhicule de location et obstruer encore plus la vallée ».

Concrètement, comment incitez les gens à venir plus « durablement » ?

On va essayer de travailler à des règles peut-être un peu plus coercitives pour essayer de faire en sorte que les gens prennent moins leur voiture, et qu'il y ait moins de déplacements nocifs pour l'environnement. Courir un trail, c'est aussi respecter toute la partie environnement qu'il y a derrière.

Plus coercitif ?

On est en cours de réflexion. Je pense que pour l'UTMB 2025, des annonces seront faites.

On imagine que vous travaillez sur le sujet en lien avec les autorités de police, préfecture, collectivités...

Tout à fait.

On parlait de 11 610 tonnes empreinte carbone selon le cabinet Utopie. L'idée serait descendre à combien ?

Je ne vais pas me prononcer sur ce chiffre. En fait, nous, on a fait notre bilan carbone et l'idée c'est donc de travailler sur la stratégie plan de transport, réduction des émissions carbone, tout le développement durable pendant l'événement, et ensuite un deuxième second bilan carbone sera fait, je ne sais pas à quelle échéance, pour voir où on en est.

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