Selon nos informations exclusives, Bouygues Bâtiment Sud-Est a été choisi pour construire le campus du numérique à Charbonnières. Lors de sa campagne pour les régionales, Laurent Wauquiez évoquait un projet à 10 millions d'euros. Au final, il grimpera au moins à 28 millions, sans compter les dépenses faites auparavant.
Que faire de l'ancien hôtel de Région à Charbonnières-les-Bains, vide depuis 2011 ? Lors de sa campagne pour les régionales, Laurent Wauquiez avait promis de le transformer en campus du numérique, évoquant un projet à 10 millions d'euros qui devait ouvrir dès la rentrée 2016. Fin 2017, toujours rien : certains commençaient même à croire le projet mort et enterré, notamment à cause de la question de la desserte des lieux en transport en commun. Pourtant, un marché public pour la conception et la réalisation d'un campus du numérique, de 10 000 m² modulables, a été lancé début 2018.
Selon nos informations exclusives, la commission a choisi le projet de Bouygues Bâtiment Sud-Est, devant celui de Citinea (Vinci) et BLB construction. L'offre des Bouygues pour la base et des prestations supplémentaires éventuelles (PSE) était la plus chère, mais la mieux notée (Les PSE concernent la réhabilitation du bâtiment Amphtyrion pour obtenir des plateaux modulables). Après négociations, cette offre de Bouygues s'établit à 27 960 000 euros, contre 26 998 800 euros pour Citinea et 25 920 000 pour BLB Construction. Le projet s'est distingué grâce à une grande modularité des locaux, et une architecture forte selon les documents consultés.
De nombreuses questions encore en suspens
Le campus qui proposera plusieurs formations en lien avec le numérique ouvrira ses portes en 2020 avec 1 000 étudiants et personnes en cours de formation. Ils devraient être 3 000 d'ici 2025. L'objectif est clairement d'être prêt avant les futures élections régionales de 2021, encore faut-il qu'il n'y ait aucun retard dans la construction et procédures. La Métropole de Lyon doit encore traiter une demande de modification du PLU, et les travaux ne commenceront que début 2019, au mieux. Selon une source dans le bâtiment : "des délais trop courts sont le risque de voir les coûts grimper".
Le campus sera également accompagné d'activités de commerces et d'un hôtel. Une décision qui pourrait bien concurrencer l’établissement Mercure, ainsi que les nouveaux commerces qui viennent juste d'ouvrir en bordure du futur campus. Contactée par Lyon Capitale, la région Auvergne-Rhône-Alpes ne souhaite pas faire de commentaires pour l'instant. Selon nos informations, le groupe Socialiste et Démocrate a voté contre le projet, souhaitant avoir des réponses sur plusieurs questions, notamment sur le coût du projet, loin des promesses de campagne, ainsi que les dépenses déjà engagés sur le campus provisoire de Confluence.
Ainsi, lors de sa campagne en 2015, Laurent Wauquiez évoquait un budget de 10 millions d'euros. En 2017, le président de région parlait alors de 15 à 20 millions d'euros. Au final, c'est donc 27 960 000 d'euros qui seront déboursés (hors surcoûts éventuels lors du projet). Une somme qui ne prend pas en compte celles déjà dépensées pour les coûts de fonctionnement du campus du numérique temporaire installé dans le bâtiment King Charles à Confluence. Ces derniers sont évalués à 7,5 millions d'euros sur trois ans pour le fonctionnement et 2,5 millions d'investissements (soit 10 millions d'euros). Reste enfin un sujet sensible : la desserte en transport en commun. Comment les étudiants se rendront-ils dans ce campus à 10 kilomètres de Lyon ? Le sujet n'est toujours pas tranché du côté du Sytral. Ambitieux sur le plan architectural et fonctionnel, ce futur campus sera-t-il répondre aux besoins de 2020 ? Les usages seront le juge de paix pour dire si oui ou non Laurent Wauquiez aura eu raison de transformer l'ancien hôtel de région.
Article mis à jour à 14h30 : précision sur le vote du groupe Socialiste et Démocrate