L'écrivaine lyonnaise Brigitte Giraud a remporté le prix Goncourt 2022 pour son livre Vivre Vite. Une consécration qui ravit le petit monde littéraire lyonnais. Témoignages.
En 2017, alors que son livre Un loup pour l'homme avait déjà été sélectionné pour le prix Goncourt 2017, Brigitte Giraud nous avait fait cette confidence : "Si je ne devais avoir écrit qu’un seul livre, ce serait celui-là". Pas sûr qu'elle dise la même chose ce jeudi 3 novembre où elle s'est vu décerner le prix Goncourt 2022 pour son dernier livre Vivre vite. Un prix qui devrait changer à jamais la vie de l'écrivain lyonnais âgée de 62 ans.
Dans Vivre vite, elle revient à travers un roman intimiste sur l'enchaînement des événements qui ont conduit à la mort de son compagnon dans un accident de moto en 1999. "J'ai lu Vivre vite assez tôt, j'avais eu les épreuves en juillet. C'est un livre qui ne me lâchait absolument pas. Un mois après, j'y pensais encore. J'ai dit à Brigitte au milieu de l'été : "je crois que c'est un grand livre"", raconte Sylvain Fourel, à la tête de la librairie La Voix aux chapitres dans le 7e arrondissement de Lyon.
À propos de l'enquête sur la mort de son mari qu'elle mène dans Vivre vite, Sylvain Fourel estime qu'elle transforme ce drame familial en une histoire universelle. "Cet accident n'a pas de cause et il est important pour elle de chercher une cause. Il y a une grosse partie qui est consacrée à la moto que Claude a eu (son mari). Avec tous ces éléments-là, c'est un livre qui peut toucher beaucoup de monde. Elle parle souvent de soi, mais elle parle à plus de monde qu'à elle-même. C'est une écriture qui n'est pas narcissique, mais une écriture qui cherche", poursuit le libraire.
"Elle parle souvent de soi, mais elle parle à plus de monde qu'à elle-même"
Sylvain Fourel, fondateur de la librairie La Voix aux chapitres
Un autre Lyonnais connaît bien Brigitte Giraud. Il s'agit de Yann Nicol, directeur de la Fête du livre de Bron. L'écrivain participe en effet depuis de nombreuses années en tant que conseillère littéraire. "Elle a écrit énormément de très beaux livres. Elle revient cette fois sur un événement tragique de sa vie. Elle avait déjà publié des textes autour de cet accident. Vivre vite est un roman très littéraire, qui montre comment la littérature peut s'emparer d'un fait réel", juge Yann Nicol.
Ces dernières semaines, il sentait l'écrivaine "tendue" à l'approche des listes des prix littéraires, mais rien d'anormal à ça selon le directeur de la Fête du livre. "Quand on est un écrivain qui se lance dans la course de la rentrée littéraire, il y a une tension particulière. Quand on est dans les listes de prix, c'est déjà en soi quelque chose d'extraordinaire de faire partie d'une vingtaine de livres repérés. Elle se disait que c'était déjà très beau d'être dans les quatre derniers nominés pour le Goncourt", conclut Yann Nicol.
Maintenant, Brigitte Giraud va pouvoir savourer cette consécration, qui devrait aussi gonfler les ventes de ses ouvrages et la faire connaître à un cercle élargi de lecteurs. Comme l'an dernier avec le prix remis au Sénégalais Mohamed Mbougar Sarr, l'Académie Goncourt a fait le choix d'une autrice peu connue du grand public et pas habituée aux gros chiffres de vente, poursuivant ainsi un certain renouveau.