Je vous le dit, moi humble mère à la retraite, élevée dans l'esprit d'une des fondatrice du réseau de résistance Turma Vengeance, Myrtille et de sa sœur. C'est aujourd'hui que nous devons empêcher des massacres, au Darfour, au Rwanda, au Kenya... Celui qui fuit la famine la peur, la récupération dans les milices d'enfants soldats, c'est celui qui fuit tout cela que nous devions aider à vivre où qu'il veuille être.
Le Mal que vous voulez ne pas oublier eut autrefois des signes avant-coureurs ; l'interdiction de commerce, de jeu dans les squares, le port de signes distinctifs, la marque sur la veste, le listage, l'enregistrement à la police et dans les administrations.
Ce mal là aujourd'hui il renaît chaque jour. Chaque jour des enfants se cachent pour apprendre, pour jouer, pour manger. Leurs parents, dont certains travaillent pour l'Etat, doivent ne pas sortir à des certaines heures à des certains endroits. Gares, métro, places fréquentées, aéroport...
Ils se voient parfois entourés de quinze gars costauds bardés de cuir noir, et armés jusqu'aux dents : non ce n'est pas un jeu.
Comme Martine naguère avait vu un matin de Seder (le lendemain de la Pacque juive), 26 avril 44, la place vide de Sarah à coté d'elle, leurs copains un matin n'en entendent plus parler. Ils se retrouvent en cellule, dans un endroit serti de barbelé, de caméras. Avec une dizaine de policiers à l'entrée, des visites de dix minutes.
Leurs maîtres en parlent aux adultes, à eux souvent on ne dit rien du tout. Comme on ne disait rien aux enfants en partance pour le Veld'hiv. Parce qu'on ne savait rien. Aujourd'hui on le sait. Mais comment expliquer.
Les signes avant coureurs pourraient se développer. Imaginez qu'un dictateur en herbe décrète les Hongrois et les italiens indésirables en France.
Nous sommes tous des immigrés. Venus rarement par la légion étrangère, souvent en clandestins. Passés là où le pays est moins pire et plus rassurant pour les nôtres.
Passés là où nous croyions que le gouvernement humaniste garantirait notre sécurité à tous. Chez moi en 33 on a fui Berlin.
Alors tous ces enfants qui sont sur votre sol, vous vous devez de les garder dessous votre aile. Nous devons être en paix pour ne pas décevoir leurs attentes. Nous devons le respect aux enfants de la terre. Après, quand leurs besoin de manger, de jouer de grandir serons acquis, ils pourront étudier la guerre et l'injustice. Et quand on leur dira les Rafles de Drancy, ils diront moi aussi j'ai un peu connu ça : je venais d'un pays où il fallait se taire. On avait faim et on voulait m'exterminer.
Monsieur le Président soyons vivant ici et maintenant face à nos semblables, ces membres de notre espèce humaine tâtonnante certes mais qui apprend à devenir civilisée.
Monique Godard