"C'est la peur qui te maintient en vie" : il raconte les coulisses de son saut depuis la tour To-Lyon

Rémi a sauté en parachute, il y a un mois, depuis la tour To-Lyon de la Part-Dieu. Pour Lyon Capitale, ce Lyonnais de 30 ans, adepte du base jump, raconte les dessous de ce projet hors du commun.

C'est un saut qui coupe le souffle et des images spectaculaires dont nous vous évoquions l'existence vendredi dernier. Un groupe de Lyonnais a réalisé une vidéo d'un saut en base jump depuis la tour To-Lyon de la Part Dieu. Un projet mené par l'explorateur et youtubeur Antoine Explore avec Rémi, un Lyonnais de 30 ans adepte du base jump depuis trois ans et des sports extrêmes depuis tout petit.

La vidéo publiée ce mercredi du saut depuis la tour To-Lyon dans le quartier de la Part Dieu.

Le base jump, ou saut extrême, consiste à sauter en parachute à partir d'une plateforme fixe de grande hauteur comme un immeuble, une antenne ou une falaise. Si sa pratique est légale en France dans la nature, elle est totalement prohibée en ville.

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En dévoilant officiellement ce mercredi la vidéo du saut, qui a été effectué fin septembre à Lyon, Rémi revient, pour Lyon Capitale, sur cette performance qui devrait marquer les esprits.

Un peu plus d'un mois après cet incroyable saut, qu'est ce qu'il te reste en tête de ce moment ?

Honnêtement, sur le moment, je ne pense à rien du tout. Quand j'arrive en haut, c'était la première fois que je me retrouvais au sommet de cet immeuble. J'étais excité et en même temps soulagé d'y être, car on a eu du mal à y parvenir.
Une fois en haut on a eu le temps de tout revoir, d'appeler les copains pour savoir si tout le monde était en place, revérifier le vent, refaire le saut dans ma tête, tout recalculer une dernière fois. Et ensuite il fallait y aller.

Rémi, le Lyonnais derrière ce saut de la tour To-Lyon. (Photo Instagram @Remioffthewall)

Tu as le temps de réaliser ce que tu fais au moment où tu te lance dans le vide ?

Ça va beaucoup trop vite. La tour fait 170 m de haut, et quand je m'élance dans le vide, je sais que j'ai 5 ou 6 secondes avant d'impacter le sol si je n'ouvre pas mon parachute. Au bout de trois secondes environ de chute libre, je déclenche mon parachute et je reste ensuite entre 1min30 et 2 minutes sous la voile.

"La principale crainte c'était de nous faire repérer par les forces de l'ordre"

Rémi

Et après, au moment de l'atterrissage, quel était ton sentiment ?

Une fois que je suis arrivé en bas, la principale crainte, c'était de nous faire repérer par les forces de l'ordre.

Ça rajoute une difficulté en plus ?

Ça rend surtout le truc un peu plus excitant encore. Après, on n'est pas non plus des délinquants car on ne dégrade jamais rien, mais ça fait partie du jeu.

Et donc une fois en bas, tu as quitté les lieux immédiatement ?

J'ai récupéré très vite mon matériel, j'ai couru vers un collègue qui était en bas pour lui donner ma gopro et j'ai filé en direction de ma voiture pour partir au travail car je travaillais ce jour là.

Tu n'as même pas eu le temps de débriefer avec toute l'équipe ?

Non pas du tout, je suis parti directement. Je n'avais pas envie de rester sur place de toute manière.

400 sauts à son actif

Ça fait longtemps que tu pratiques le base jump ?

Depuis tout petit j'ai toujours été passionné de sports extrêmes. Vers 13 ou 14 ans, j'ai découvert les flying frenchies, un groupe de base jumpeur français qui faisaient des vidéos de leur exploit. Je regardais ça avec des étoiles dans les yeux. Mais à cette époque, je me disais que c'était un rêve inaccessible.

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Comment on devient base jumpeur ?

J'ai débuté par l'escalade, puis différents sports de montagne. Ensuite je suis devenu cordiste et j'en ai fait, pendant un temps, mon métier.
Et puis lors d'un voyage en Californie, je suis tombé amoureux du parachute. Je savais que c'était la première étape à cocher pour faire du base jump. Ca m'a tout de suite plu, j'ai fait 108 sauts en trois semaines puis quand je suis rentré j'ai acheté mon parachute et j'ai continué la dedans avec toujours cette idée en tête de faire un jour du base jump.

J'ai finalement débuté le base jump en 2020 pendant la période du Covid. Un ami m'a enseigné les rudiments puis j'ai commencé doucement à sauter depuis un viaduc en Croatie puis depuis une falaise en Italie. Aujourd'hui j'ai plus de 400 sauts à mon actif.

Les images du saut de Rémi depuis la tour lyonnaise.

Pourquoi avoir eu envie de sauter depuis un immeuble ?

Le base jump est un acronyme pour Buildings (immeubles), Antennas (antennes), Spans (pont), Earth (falaise). Si on veut être un vrai base jumpeur il faut cocher ces 4 cases. J'avais déjà fait les 3 premiers et il me manquait le 4e, même si j'avais déjà sauté d'un immeuble à Lyon il y a quelques mois. Mais l'immeuble faisait 40m, ce qui est trop petit pour faire une vraie chute libre.

Pourquoi avoir choisi la tour To-Lyon ?

En réalité, j'avais déjà repéré cette tour il y a quelque temps. Lors de sa construction, avec un ami on avait essayé de sauter depuis la grue qui était à côté, mais on avait échoué au moment de monter au sommet. J'ai parlé de cette tour à Antoine et il était partant. Il m'a dit qu'il s'occupait de la partie vidéo et de l'organisation et moi je devais m'occuper de la partie base jump.

"Avoir le contrôle total sur ma propre vie"

Qu'est ce qui t'attire dans ce sport ?

Y'a plus rien qui compte à part le moment présent quand tu sautes. Tu es concentré à 100% sur ce que tu es en train de réaliser. J'adore avoir le contrôle total sur ma propre vie. Dans une vie au final, tu choisis pas où tu nais, où tu as grandi, tu choisis pas tes parents. Même les choix que tu fais après sont conditionnés pour beaucoup à qui tu es, à ta jeunesse. Mais pendant ces trois secondes de chute libre, j'ai le total pouvoir sur ma propre vie. C'est très excitant et ça procure une sensation incroyable.

Et tu as peur ?

Oui c'est évident que la peur fait partie des sentiments que tu ressens. Quelqu'un qui fait du base jump et qui te dit qu'il n'a pas peur, soit il ment, soit il est débile et il faut qu'il arrête le sport tout de suite, car il est dangereux. Dans notre sport, c'est la peur qui te maintient en vie.

Quel est la suite pour toi ?

J'ai pour projet de commencer le wingsuit (vol en combinaison ailée). C'est aussi beaucoup de préparation, mais j'ai commencé cette année à sauter d'un avion. J'ai très envie d'essayer depuis une falaise. 

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