Cadavres dans l'élevage : 3 ans de dénonciation avant les mesures

Le GAEC du Perrat dans l'Ain a fait scandale dans la presse et chez les politiques depuis la diffusion d'une vidéo de ses conditions sanitaires par l'association L 214, basée à Lyon. Alors que des employés de ce GAEC, des riverains et l'association L214 dénonçaient l'élevage depuis déjà trois ans à la direction départementale de la protection des populations, deux jours ont suffi pour prendre les mesures nécessaires.

Il aura fallu un sacré remue-ménage pour parvenir à un "arrêté préfectorale d'urgence" de la part du préfet de l'Ain concernant le Gaec du Perrat de la commune de Chaleins. Parmi les 300 000 poules et les 500 truies de l'exploitation, cohabitaient des asticots, des cadavres en décomposition et des poux. Des conditions sanitaires intolérables pour une production d’œufs sous la marque "Matines", leader du marché en France. Cette marque appartient d'ailleurs au groupe Avril, présidé par Xavier Beulin, patron de la FNSEA. Presque directement après la diffusion de la vidéo par l'association L 214, les œufs ont été retirés des supermarchés et le ministre de l'agriculture, Stéphane Le Foll, promettait sur France Info de "fermer cet élevage" s'il le fallait.

C'est donc suite à l'instruction express de Stéphane Le Foll, mais aussi de Ségolène Royal, que le préfet de l'Ain demande par cet arrêté d'urgence à ce : "que les bâtiments d'élevage soient vidés et nettoyés sous un délai de trois semaines." Le communiqué précise que cette décision "exceptionnelle" serait "l'aboutissement d'une succession de procédures administratives et pénales qui avait, depuis quelques mois, montré de grandes difficultés à respecter les prescriptions techniques d'entretien et de nettoyage des bâtiments". En effet, l'association L 214, des employés du Gaec et des riverains tireraient la sonnette d'alarme à la direction départementale de la protection des populations... depuis trois ans. Le communiqué précise que cet élevage "est en très grande difficulté économique, avec un nombre d'employés devenu insuffisant pour remplir correctement les tâches quotidiennes."

Où vont aller les poules en attendant ?

La préfecture de l'Ain précise avoir cherché différentes solutions pour "accueillir" les animaux de l'élevage. Finalement, le préfet de l'Ain, Laurent Touvet, explique à l'AFP que les 300 000 poules seront abattues ou vendues à des tiers pour être transformées en farine pour l'alimentation animale. Des poules pleines de poux pour nourrir d'autres animaux, l'idée semble extrêmement appétissante. Les associations de protection animale s'arrachent les cheveux et demandent au préfet "une collaboration afin de confier aux associations le plus grand nombre d'animaux possibles". Brigitte Gothière, présidente de L214, lance un appel pour que ces poules trouvent un coin dans un jardin d'adoption. Les employés du GAEC du Perrat se retrouvent également sur le carreau, la préfecture de l'Ain précise que "l'Etat sera vigilant aux possibilités de réembaucher localement les employés de l'exploitation".

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