Le verdict est tombé mercredi 28 septembre. Le tribunal de commerce de Lille oblige les 514 magasins Camaïeu à vider leurs stocks jusqu’au samedi 1er octobre. Neuf boutiques sont concernées à Lyon.
Le géant nordiste du prêt-à-porter a jusqu’à samedi 1er septembre pour liquider ses stocks avant la fermeture définitive. En France, pas moins de 514 magasins de l’enseigne, pour 2 600 salariés vont devoir fermer boutique ce week-end. Alors que l’actionnaire HBP n’avait pas réussi à réunir les 90 millions d’euros nécessaires à la poursuite de l’activité, l’enseigne cumulait plus de 230 millions d’euros de dettes.
Dans l’agglomération lyonnaise, neuf boutiques sont concernées par cette sentence, soit environ 200 salariés. Dans le magasin du cours Vuitton du 6e arrondissement de Lyon, les quatre salariés se serrent les coudes jusqu'au bout pour offrir aux clients leur dernier service.
"C’était plus qu’un simple travail, on se levait le matin, non pas pour l’argent, mais pour des valeurs humaines qui véhiculaient une relation de confiance avec le client"
Brigitte Marigot, manageuse et salariée depuis 28 ans chez Camaïeu.
Depuis l’annonce, le magasin fait face à des vagues inédites de clients où "les cabines sont archi-pleines". Jeudi, le magasin a enregistré un record avec plus de 17 000 euros de chiffre d'affaires. Tout le monde s'empresse pour faire de bonnes affaires avec une baisse des prix jusqu'à 40%. Derrière les caisses, deux à trois vendeuses se répartissent les clients.
Une équipe qui a toujours été dans le conseil
La manageuse de la boutique met les bouchées doubles depuis le premier confinement - période critique pour l'enseigne Camaïeu - pour souder son équipe. "J'ai créé un groupe WhatsApp, "les oies de Lyon", pour que les filles s'envoient chaque jour des mots qui nous boostent et nous aident à aller de l'avant".
Celle qui a senti le redressement financier venir depuis un long moment, a préparé un buffet mercredi, avant d'annoncer la nouvelle à ses collègues. "Moi j'étais effondrée. On s'est tous pris dans les bras et on a pleuré ensemble. On s'est dit, ça y est c'est la fin d'une aventure, il n'y a plus de seconde chance", se rappelle Anna Antonini, responsable adjointe et coach à l'image depuis 29 ans chez Camaïeu.
L'équipe compare la décision juridique à un "tsunami auquel personne n'était préparé psychologiquement". Les larmes aux yeux, la coach à l'image se remémore tous les bons souvenirs et la relation qu'elle entretenait avec sa clientèle.
Les clients en profitent pour faire leurs "adieux"
Une cliente régulière de l'enseigne, également émue par la situation, témoigne de la "bonté" des jeunes femmes. "Ces femmes-là méritent tout mon respect. Ce sont de véritables conseillères, qui savent dire quand le vêtement est beau ou non. Elles n'ont jamais poussé à l'achat".
Depuis l'annonce de la fermeture définitive, l'équipe du Cours Vuitton reçoit de nombreuses cartes de visite, de soutien, d'accolades et d'embrassades. Des enfants du quartier leur ont également apporté des dessins pour les soutenir. Les clients en profitent pour faire leurs "adieux" en écrivant des remerciements et des encouragements sur le livre d'or : "Merci pour toutes ces années de shopping", peut-on lire.
Interrogés sur la suite des événements, les salariés de Camaïeu souhaiteraient faire le "deuil" et "profiter de la famille". Les 2 600 personnes licenciées recevront une lettre du Plan de sauvegarde de l'emploi (PSE), à compter du 15 octobre. La question du devenir des articles invendus est encore en suspens. La directrice régionale du groupe Camaïeu ne sait ni où, ni comment les vêtements partiront des boutiques.