REPORTAGE – Des militants qui aspirent à plus de liberté ont installé un camp à proximité du Gros Caillou sur le plateau de la Croix-Rousse. Nous sommes allés à leur rencontre, sous le tipi.
"Ici se tient le campement de la résistance pour la liberté" peut-on lire à l'entrée du campement installé depuis dimanche dernier sur la place du Gros Caillou, dans le 4e arrondissement. Des affiches antinucléaires, anti-Loppsi2 ou encore anti-gaz de schiste sont placardées ça et là. Les militants entendent "se réapproprier l'espace public" comme l'explique une des pancartes.
Un quarantaine de personnes sont installées sur ce campement autogéré. Une yourte trône à côté d'un grand tipi indien, au milieu d'une dizaine de tentes. "Il y avait même un bus, nous explique Noémie, une militante de 36 ans, mais il est parti hier". Un dizaine de musiciens, jongleurs et spectateurs sont réunis au centre du campement. "On n'a pas vraiment d'idées clairement définies, continue Noémie, mais notre mobilisation vise à combattre la loi Loppsi-2* et les autres textes liberticides présentés par le gouvernement".
"Vivre autrement"
Si on nous assure que sur le camp il n'y a pas de chef, nous sommes invités sous le tipis par deux militants, que l'on pourrait considérer alors comme des “leaders". Pour Antoine, venue d'Ardèche : “les gens doivent prendre conscience que l'on peut vivre autrement". "On sort de nos campagnes pour dialoguer avec des personnes qui ne sont pas forcément d'accord avec nous. On veut échanger avec les citadins" rajoute rwan.
Sur le campement, les passants s'arrêtent, lisent les affiches et interrogent les militants. Le but des organisateurs est de “réfléchir, échanger et agir" annonce une des affiches à l'entrée du site. “Les gens sont assez réceptifs à notre message, indique Antoine. On les invite à discuter autour d'un thé ou d'un café".
Les campeurs profitent également d'être situés à proximité de l'Ecole du Gros Caillou et de la crèche Saint Bernard, pour organiser des activités pour les enfants. “On propose de leur apprendre le jonglage, on lit des contes. Ils ont des étoiles pleins les yeux, et leurs parents aussi".
“On comprend que l'on dérange les Croix-roussiens"
Ces “nomades du 21e siècle“ vivent de manière quasi-autonome : “on achète la base avec un pot commun, on fait de la récup', et on a des dons", nous explique Erwan. On a l'eau potable juste à côté. On est bien ici, en plus c'est un lieu historique de résistance“. Mais l'implantation d'une communauté sur une place publique ne peut pas faire l'unanimité.
Car si les curieux trouvent ce campement sympathique, l'installation ne s'est pas faite sans divers petits contentieux.“On a eu quelques plaintes du voisinage au début, concède Erwan, mais on vient s'installer devant chez eux, c'est normal. On comprend que l'on dérange les Croix-roussiens". Une négociation est en cours avec la mairie du 4e, mais le compromis semble compliqué.
“Nous souhaitons juste obtenir un terrain pour continuer de discuter avec les gens, déclare Antoine, on veut qu'ils soient heureux. On est comme un gros bisou sur Lyon". Nathalie Perrin Gilbert, la mairesse du 1er arrondissement, se serait engagée oralement à les accueillir dans le jardin des Chartreux selon eux. Pour Noémie : “il faut pouvoir rester aussi longtemps que nécessaire".
(*) La loi sur la sécurité intérieure passée devant l'Assemblée nationale en décembre dernier prévoit notamment l'expulsion, décidée par le préfet, de toute personne vivant dans un logement susceptible de "comporter de graves risques pour la salubrité, la sécurité ou la tranquillité publiques". Et ce, dans un délai de quarante-huit heures, sans l’avis du juge.
Pourquoi ne vont-ils pas du côté de l'Antiquaille ces braves personnes, y aurait-il un Nimby puissant par là-bas??
Curieux et intéressant campement !Campement, façon village gaulois, au milieu des lyonnais pour leur faire du bien et des bisous... MdrC'est tellement décalé, que je demande à voir comment cela va évoluer.