Elle venait à peine d'être installée...
Trois étudiants de Lyon 2 sont jugés mercredi. Ils sont accusés d'avoir tagué et démonté une partie de la toute nouvelle grille, qui entoure une partie d'un campus de Bron en bien mauvais état. L'action s'est déroulée le 6 février. "On nous a imposé les vigiles puis les caméras de vidéosurveillance. Maintenant des grilles ferment la fac. Ça fait vraiment prison. Un jour on ne pourra franchir les portes du campus qu'avec une carte d'étudiant" explique l'un des trois accusés, qui nient avoir directement participé au démontage, même s'ils reconnaissent appartenir à ce groupe d'une cinquantaine d'étudiants d'extrême-gauche, tendance libertaire, qui revendique ces actions.
Malaise
Ce démontage, même s'il émane d'une frange radicalisée des étudiants de Lyon 2, révèle le malaise suscité par l'installation de ces grilles à la fin de l'année 2006. Même le syndicat Unef (majoritaire), réputé bienveillant à l'égard de la direction, se montre critique : "On les a installé sans en débattre au conseil d'administration", déplore Chaineze Kabouya qui voit dans ces grilles la marque d'une certaine dérive sécuritaire. Le président de Lyon 2, Claude Journès trouve, lui, que l'on en fait un peu trop autour de ces grilles : "ça devient une vraie mythologie alors qu'en réalité ces grilles sont ouvertes en journée et fermées quand les étudiants sont partis. Sa finalité est d'empêcher les intrusions des personnes qui viendraient taguer ou faire du skate". Il martèle l'obligation de l'université de se prémunir du vol.
"Des efforts financiers considérables ont été faits pour rénover le campus. Certes, ce n'est pas encore suffisant. Mais je ne peux pas tolérer les vols et dégradations qui nous empêchent de poursuivre ces effort comme je ne peux pas accepter qu'une quelconque idéologie politique se traduise par des délits". Le président de l'université a donc décidé de sanctionner l'agitation gauchiste. Il a fait intervenir deux fois la police sur le campus et il a interdit le repas bio qu'organisaient les étudiants contestataires. Mais surtout, l'université a porté plainte et engagé une procédure disciplinaire contre les étudiants arrêtés. Selon ces étudiants, un dossier aurait même été constitué par la direction pour "ficher" les étudiants d'extrême-gauche, ce que dément Claude Journès. A ce tour de vis, répondent pétitions, AG et autres rassemblements,... dans l'indifférence des autres étudiants.
Mais au-delà de l'opposition entre gauchistes et direction, cette polémique autour de la grille, est une mauvaise opération de communication pour Lyon 2. Une université, réputée ouverte sur la société et les débats politiques, est symboliquement en train de se couper de son environnement.