Sophie Brac de la Perrière
Sophie Brac de la Perrière, co-fondatrice et diriegante de la medtech lyonnaise Healshape

Cancer du sein : une révolution mondiale en marche à Lyon

La start-up lyonnaise Healshape développe une solution unique au monde de prothèse mammaire afin de régénérer les propres tissus des patientes suite à une ablation du sein.

Healsdhape est une medtech lyonnaise créée par six co-fondateurs : Sophie Brac de la Perrière, diplômée d'HEC et ex-international customer service director chez Sanofi Pasteur, Caroline Durand, ingénieure en biotechnologie, Amélie Thépot, docteure en thérapie cellulaire, Christophe Marquette, docteur en biochimie spécialiste de l'impression 3D pour la santé, Luciano Vidal, chirurgien plastique et Morgan Dos Santos, docteur en ingénierie tissulaire.

Healshape développe une prothèse unique au monde afin de régénérer les propres tissus des patientes suite à une ablation du sein. La bioprothèse, imprimée en 3D à partir de matières naturelles, a la capacité de permettre une régénération des tissus de la patiente et de se résorber dans les mois suivant l'intervention, pour ne laisser place qu'aux tissus d'origine.

Grâce à cet implant transitoire et naturel, la patiente retrouve son propre sein. Cette solution, peu invasive et compatible avec les pratiques chirurgicales actuelles, permet la mise en place d'une prothèse composée à 100% de matières biosourcées, représentant une réelle alternative aux solutions existantes qui requièrent le plus souvent des chirurgies complexes ou encore des matériaux synthétiques.

Aujourd'hui, 1 femme sur 8 sera confrontée à un diagnostic de cancer du sein dans sa vie, elles seront 8 sur 10 à s'en sortir dans un avenir à cinq ans. Et, 1 seule femme choisira de se faire reconstruire après une mastectomie.

"Une fois qu'on est guéri du cancer, ce n'est que le début pour les patientes, explique Sophie Brac de la Perrière. Pour le médecin, en effet, il a fait son boulot, et c'est un sacré boulot, et je dis toujours bravo à la médecine, mais derrière, il y a toute cette question du parcours de reconstruction de soi-même, de son corps, de sa vie. Nous, on veut en faire partie, on veut vraiment proposer une solution pour aider les patientes à redevenir architectes de leur vie, c'est-à-dire qu'elles ont beaucoup subi pendant tous ces mois de maladie, de traitement, et on veut leur donner le choix et permettre d'être de retrouver leur identité, de reprendre les rênes."

Healshape a déjà levé six millions d'euros lui permettant de développer sa bioprothèse. Les études cliniques débuteront d'ici 2026. Pour continuer le process, la medtech lyonnaise devra procéder à une levée de fonds de 15 à 20 millions d’euros.


La retranscription intégrale de l'entretien avec Sophie Brac de la Perrière

Bonjour à tous et bienvenue dans ce nouveau rendez-vous de 6 minutes chrono. Nous accueillons aujourd'hui Sophie Brac de la Perrière. Bonjour.

Bonjour.

Vous êtes fondatrice et dirigeante de la société lyonnaise Healshape. Le contexte : aujourd'hui, 1 femme sur 8 sera confrontée à un diagnostic de cancer du sein dans sa vie, elles seront 8 sur 10 à s'en sortir dans un avenir à cinq ans. Et, 1 seule femme choisira de se faire reconstruire après une mastectomie. La société lyonnaise Healshape a mis sur pied une prothèse mammaire 100% naturelle. Avant de parler ça dans le détail, aujourd'hui il existe quoi comme solution sur le marché ?

Oui, alors, en effet pour les femmes qui sont diagnostiquées pour un cancer du sein, presque la moitié ont une mastectomie et aucune ablation du sein. Ensuite, elles ont le choix entre soit des prothèses mammaires synthétiques, qui sont rapides à mettre en oeuvre mais il faut les remplacer tous les dix ans - il y a eu pas mal de scandales autour et de risques associés -, ou alors elles ont le choix d'avoir des solutions plus naturelles qui sont chirurgicales. Donc soit on va aller faire un lambeau, prendre un bout de tissu vascularisé pour reconstruire le sein, mais on va, du coup, mutiler une partie du corps pour reconstruire le sein. Ou alors le lipofilling c'est-à-dire qu'on va transférer de la graisse de la patiente pour la réinjecter au niveau de la poitrine; mais sans un support pour l'injecter, cette graisse se résorbe de moitié à peu près, donc il faut renouveler l'opération.

Donc vous vous êtes partie de ce diagnostic...

En fait, nous, on avait envie de pouvoir permettre à la patiente, à la femme, de pouvoir choisir sa reconstruction. Aujourd'hui, c'est quand même très compliqué comme choix et on a réfléchi à apporter la simplicité de la prothèse mammaire mais avec le côté naturel. Et du coup on a développé cette bioprothèse qui est comme une prothèse mammaire, dans le sens où c'est quelque chose qu'on va pouvoir implanter, d'accord, mais elle est 100% naturelle parce qu'elle est biosourcée, c'est-à-dire que des matériaux naturels et donc c'est un hydrogel qu'on imprime pour être un support.

Oui alors, c'est épatant, un hydrogel qu'on imprime. Sans trop rentrer dans les détails technologiques comment ça ça marche ?

C'est fou. C'est, en effet un hydrogel qu'on fabrique nous-mêmes et qu'on arrive à imprimer, avec une architecture pour permettre à des cellules de pouvoir migrer à l'intérieur et régénérer du tissu. La complexité, c'est d'abord de pouvoir l'imprimer, qu'il y ait la bonne rhéologie, où les bonnes caractéristiques, pour l'imprimer. Ensuite, c'est de pouvoir l'implanter chez la patiente et que ça résiste à l'implantation, aux chocs de la vie de tous les jours. Du coup, c'est cet aspect qu'on a beaucoup travaillé pour que les propriétés mécaniques répondent à tous ces enjeux.

Et là aujourd'hui vous êtes en phase de développement ? Vous avez déjà développé la bioprothèse et vous avez déjà des applications ?

On est encore en développement, c'est-à-dire qu'aujourd'hui on a la bioprothèse, évidemment, on est en train de faire des tests avec. On n'est pas encore sur les patientes, donc le démarrage de nos études cliniques, qui nous permettront ensuite d'aller jusqu'à un produit qu'on puisse proposer aux patientes, vont commencer en 2026. On n'est pas si loin, à notre échelle, parce que c'est un temps quand même assez long.

Combien de temps vont durer les études cliniques ?

Quelques années parce qu'on a besoin d'avoir un peu de recul. Mais toute la problématique de notre produit c'est que c'est régénératif et résorbable. Donc il faut quand même qu'on ait le temps de voir tout ce cycle-là. On va le plus vite possible mais c'est vrai que ce n'est pas juste implanter un produit, c'est l'implanter et voir dans le temps comment le volume se maintient, le tissu régénère et la bioprothèse se résorbe vraiment.

Oui c'est ce qui fait aussi l'originalité de Healshape, de votre produit

Nous, elle est naturelle, elle est résorbable, donc elle va disparaître, et régénérative. L'objectif, c'est vraiment qu'elle soit juste là comme un support pour régénérer les tissus et qu'au fur et à mesure, en quelques mois elle disparaisse.

Alors c'est vrai que on vous a invité sur ce plateau pour parler de ce nouveau produit moi il y a un discours que le discours que j'aime bien c'est qu'effectivement il y a d'un côté la guérison, les médecins sont là pour guérir le cancer du sein, mais effectivement la femme se retrouve un peu amputée c'est à dire qu'elle a une perte d'intégrité et vous ce que vous inventez il y a aussi ce volet psychologique c'est comment mieux vivre après.

C'est vraiment très psychologique, en effet. Une fois qu'on est guéri du cancer ce n'est que le début pour les patientes. Pour le médecin, en effet, il a fait son boulot, et c'est un sacré boulot, et je dis toujours bravo à la médecine, mais derrière, il y a toute cette question du parcours de reconstruction de soi-même, de son corps, de sa vie et donc, nous, on veut en faire partie, on veut vraiment proposer une solution pour aider les patientes à redevenir architectes de leur vie, c'est-à-dire qu'elles ont beaucoup subi pendant tous ces mois de maladie, de traitement, et on veut leur donner le choix et permettre d'être de retrouver leur identité, de reprendre les rênes.

Vous êtes, j'imagine, déjà en lien avec des chirurgiens ?

Alors on est vraiment beaucoup en lien avec le monde médical. On a des partenariats, notamment avec le centre Léon Bérard, avec qui on travaille beaucoup. Pour, justement, travailler sur notre produit et puis anticiper aussi la clinique. Surtout, on a beaucoup de manipulations, avec des chirurgiens de notre prothèse, voir si le geste est naturel et approprié. On travaille beaucoup avec eux, on a besoin de leur avis, on a besoin d'un comité médical en place et on a également des partenariats avec les patientes. On travaille avec beaucoup de patients, des associations de patientes. On n'est pas pour développer juste un produit. On veut absolument s'assurer que notre produit répond à un besoin et que ça s'intègre bien dans leur dans le parcours de la patiente.

Merci Sophie Brac de La Perrière pour nous avoir nous présenté ce futur produit Healshape.

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