On avait appris que des sans-papiers avaient trouvé refuge dans des églises lyonnaises. L’information est de nature à faire “bouger les lignes", à relancer le débat au niveau national. Alors que Sarkozy a déclaré “priorité nationale" la chasse aux sans-papiers, certains entrent en résistance. Au nom d’idées de gauche ou au nom de valeurs religieuses... Ils dénoncent une aberration : on met à la porte des gens, au nom d’une idéologie de la peur, alors qu’on manque de bras pour relancer notre économie... Contre ce non-sens historique, et souvent inhumain, les “bouffeurs de curés" des pentes s’allient à l’église. Toute comparaison avec les événements de la seconde guerre mondiale serait grossière, les sans-papiers ne sont pas “exterminés" par la police française... Mais la rédaction s’est posée la question : en 1942, aurait-on écrit que l’Église cachait des juifs ? Cela aurait-il réveillé l’opinion publique et mis à mal l’antisémitisme d’État ? Ou déclenché des représailles contre les Justes ? Et aujourd’hui, quel
impact aura l’information : fera-t-elle réfléchir, comme hier un coup de hache sur la porte de l’église Saint-Bernard ? Ou permettra-t-elle simplement à la police de faire son boulot, faisant de nous de vulgaires délateurs... On en était là, à tergiverser, quand une rencontre a tout changé. Un homme s’est levé, et a pris la décision à notre place. Cet homme, c’est le curé de Saint-Polycarpe. Il dit en gros à Sarkozy : “Ça fait trois ans que je cache illégalement des sans-papiers, ose venir me chercher dans mon église !" Il faut saluer le courage de cet homme. Lui accepte le risque de devenir “un martyr". Nous le voyons plutôt comme un héros républicain. Sa position lui vaudra certainement des ennuis avec la justice. Mais espérons que dans quelques années, on lui remettra la légion d’honneur, pour avoir fait évoluer les mentalités... et les lois.
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