Le chef deux-étoiles Philippe Gauvreau a été sommé par son employeur, le groupe Partouche, de quitter Le Pavillon de La Rotonde et de réintégrer le casino voisin Le Lyon Vert. Raison officielle : aucune. Officieusement, Partouche a besoin de redoper les chiffres de son établissement de jeux, fleuron du groupe, en chute vertigineuse. À lire dans le dossier “Casinos et jeux d’argent” de Lyon Capitale-le mensuel. Extraits.
La dépêche a fait l’effet d’une petite bombe dans le milieu des casseroles lyonnaises : trois ans et demi après son take-off pour Le Pavillon de La Rotonde (3 millions d’euros d’investissement), retour à la case départ et au Lyon Vert pour le chef Philippe Gauvreau. Le GaultMillau d’Or 2011 et brillant double-étoilé, que d’aucuns imaginaient dans un futur imminent prochain “grand” du Michelin, voit ses chances de troisième étoile partir en fumée. Activité trop coûteuse et pas assez rentable, comme le pensent certains observateurs ? Sanction pour avoir ouvert, en mai dernier, son it-brasserie, Halles 9, à Tassin-la-Demi-Lune – ouverture qui avait pourtant été approuvée par la direction ?
Rien ne va plus
Et s’il s’agissait, en réalité, de rebooster l’activité du casino, en perte de vitesse depuis des années ? - 16,2 % de chiffre d’affaires au Lyon Vert depuis 2007, - 26,4 % en cinq ans pour le produit brut des jeux (PBJ, différence entre les mises des joueurs et les gains reversés par le casino). À l’échelle du groupe, la situation n’est pas plus rose. En 2011, le chiffre d’affaires s’est dégradé de 3 %, quand les pertes sur le PBJ dépassaient 15 millions d’euros. Et, pour le troisième trimestre 2012, le PBJ affiche - 8,4 %...
Rien ne va plus chez Partouche. Pourtant, cet été, le casinotier a ouvert un nouveau “Pasino” à La Grande-Motte, pour 19,7 millions d’euros. Et, pour attirer toujours plus de monde, Partouche n’hésite pas à franchir la ligne jaune et à mettre la morale au placard en allant racoler dès la maternelle, avec sa salle de jeux d’arcade “de 3 à 17 ans”. Le terme de “crise”, dont use jusqu’à l’écœurement le Syndicat des casinos de France (Barrière, JOA, Tranchant, Émeraude, Cogit et quelques indépendants), est tout trouvé : “On est très souvent le premier ou le deuxième employeur après l’hôpital. Dans certains coins, vous enlevez les casinos, il n’y a plus rien. Ni bar, ni resto, ni activités, ni lumières. Sans compter que l’État touche aussi sa part, plus d’un milliard d’euros. Les casinos ont donc toute leur place.”
À Charbonnières, Partouche compte bien là-dessus. Et il faut croire que ça passera par le retour d’un restaurant gastronomique, attirant une clientèle plus argentée qui pourrait redorer l’image de standing d’un casino, certes Belle Époque, mais un peu ringarde. Gauvreau rêvait de la troisième étoile, Partouche a préféré que la sortie des clients du restaurant se fasse... par la porte des machines à sous.
Également au sommaire du dossier “Casinos et jeux d’argent” :
• Quand les jeux financent les villes (Charbonnières, La Tour-de-Salvagny, Lyon)
• Le blanchiment, face noire des jeux d’argent
• JOA, le Lyonnais qui veut changer les casinos
• Alexandre Dreyfus, le fondateur de Webcity, as du poker mondial
Un dossier à lire dans Lyon Capitale n°717, en vente en kiosques jusqu’au 20 décembre, et dans notre boutique en ligne.