L'ex-président de la chambre de commerce de Lyon (2007-2011) devait être jugé ce mercredi pour "prise illégale d'intérêt" et "détournement de fonds publics" au tribunal correctionnel de Lyon. Mais l'audience a été renvoyée faute de temps prévu pour entendre les sept témoins cités par la défense. Elle aura lieu les 3 et 4 mai prochains. Récit.
Il n'a fallu que trente minutes au président pour renvoyer l'affaire. Guy Mathiolon, ancien patron de la CCI du Rhône de 2007 à 2011 (son successeur a pris ses fonctions ce mercredi), Christian Barthélémy, conseiller communautaire, élu du 5e. arrondissement et Yves Guyon, ancien directeur général de la CCI, les trois prévenus été présents sur le même banc dans la salle d'audience, la mine blême à l'arrivée du président dans la salle. Mais leur calvaire a été de courte durée. Leur conseil, Me Alain Ribeyre, ayant obtenu le renvoi immédiat de l'affaire les 3 et 4 mai prochains. L'avocat a motivé sa demande en expliquant qu'il n'aurait pas assez d'une après-midi pour entendre les sept témoins qu'il citerait à la barre et pour aborder plusieurs points de nullité.
Les 3 et 4 mai prochain, on sait maintenant que sept témoins s'exprimeront à la barre : quatre anciens collègues de Guy Mathiolon à la CCI : Pierre Mossaz, ancien vice-président chargé des questions internationales et du suivi des Aéroports, Philippe Laget, chauffeur, Bruno Tarlier, chargé du commerce et Bernard Sinou, directeur général. Tous, selon Me Ribeyre, "éclaireront le tribunal sur le rôle de Christian Barthélémy et le fonctionnement de la chambre de commerce en interne".
Rappelons que Christian Barthélémy est poursuivi pour avoir, via sa société d'audit, facturé plus de 55 000 euros à la CCI en 2008, en échange de six notes commandées par Mathiolon et Guyon portant sur l'actualité lyonnaise (l'avenir de la gare TGV à Saint-Exupéry, des transports, la révision générale des politiques publiques, etc).
Philippe Dibilio, ancien journaliste à l'Humanité, TLM et Tribune de Lyon sera également cité en mai prochain, tout comme André Gerin, député du Rhône et André Marcon, président de la CRCI d'Auvergne, "témoins de moralité". Me Ribeyre entend également contester les conditions dans lesquelles son client a passé plus de 36 heures en garde à vue fin juin dernier.
Po!ur finir, au sortir de l'audience reportée de ce mercredi, Guy Mathiolon s'est dit "déçu" du report de son procès et de la façon dont a été menée l'enquête par le Parquet, certains points ayant été éludé selon lui. A la question d'une journaliste qui lui demandait s'il se sentait "victime d'une chasse à l'homme", l'ex-président a répondu "oui", vu le contexte de campagne électorale à la CCI dans lequel l'affaire a éclaté. Mathiolon ayant été empêché, selon son analyse, par"d'anciens colistiers" de se représenter. Ceci étant, l'ancien président a rappelé que "les électeurs ont tranché". Le 7 janvier, ils ont élu Philippe Grillot, tête de liste CGPME, à la tête de la CCI jusqu'en janvier 2015.
Et alors que Philippe Grillot, élu il y a 5 jours, s'installait ce mercredi dans son bureau à la CCI, Guy Mathiolon, s'est dit "libéré d'une lourde tâche". Il se consacrera, jusqu'à son procès dans quatre mois, à la direction de son entreprise, le groupe de travaux publics Serpollet. "Dans le monde de l'entreprise, les coups sont plus francs" s'est-il félicité par avance, dégouté de la fin de son expérience consulaire.