Grégory Doucet entouré des candidats lyonnais du Nouveau Front populaire
Grégory Doucet entouré des candidats lyonnais du Nouveau Front populaire

Ce qu'il faut retenir du 1er tour des législatives dans le Rhône

A Lyon et dans la Métropole, la gauche pourrait obtenir plus de députés qu'en 2022. La majorité présidentielle recule quand le RN devrait faire élire un de ses candidats. Une première depuis 1986.

Une participation en hausse

Les Français ne s'étaient jamais autant mobilisés pour une élection législative depuis près de 50 ans. La participation a régulièrement dépassé les 70% dans de nombreuses circonscriptions du Rhône : 74% dans la 1re, 75% dans la 5e, 71% dans la 9e. Dans la 7e où l'abstention est souvent forte, 61% des inscrits se sont déplacés ce dimanche 30 juin.

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Le nombre de procurations particulièrement avait donné un indice depuis trois semaines sur une participation en forte hausse après des législatives en 2022 où l'abstention était particulièrement élevée. Ce sursaut républicain a plutôt profité aux candidats de la future ex majorité présidentielle dont l'électorat s'était probablement désintéressé des élections européennes. Le Rassemblement national qui a longtemps sur-performé quand l'abstention était haute n'a pas pâti du regain d'intérêt des citoyens.

Le Front populaire rêve d'un grand chelem à Lyon

Marie-Charlotte Garin, députée sortante écologiste, est la seule candidate du Rhône à avoir été élue dès le premier tour. Elle a obtenu 51,51% des suffrages, devançant de 30 points la candidate Renaissance. Boris Tavernier, lui aussi candidat écologiste, a raté la victoire pour une poignée de voix (49,95%). Dans les deux autres circonscriptions lyonnaises, les candidates du Nouveau Front populaire ont viré en tête : Anaïs Belouassa-Chérifi dans la 1re et Sandrine Runel dans la 4e. Pour cette dernière, l'issue du scrutin est plus incertaine. Elle affrontera dans une triangulaire, Anne Brugnera, la députée sortante Renaissance, et le RN. Les 10% du candidat LR pourrait permettre à la candidate de la majorité présidentielle de conserver son siège.

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Dans la Métropole de Lyon, d'autres candidats du Nouveau Front populaire sont en ballottage favorable. Idir Boumertit (LFI) dans la 14e a frôlé la victoire dès le premier tour (48,78%). Dans la 7e circonscription et dans une triangulaire, Abdelkader Lahmar (LFI) devrait renverser le député sortant Alexandre Vincendet (Horizons). A Villeurbanne, le second tour pourrait charrier son lot de surprises. Gabriel Amard (LFI), député Insoumis sortant, vire en tête avec une large avance. Mais au second tour, il sera seul face à Jean-Paul Bret, l'ancien maire PS de la ville, parti en croisade contre l'élu Insoumis qui a le soutien de Renaissance. Il va transformer le second tour en referendum sur la personne de Gabriel Amard. La remontée semble toutefois improbable.

Renaissance résiste plutôt bien

Au soir des européennes, les additions de voix pouvaient laisser craindre le pire aux députés sortants de la majorité présidentielle. En trois semaines, les 14% de Valérie Hayer se sont transformés en une vingtaine de % et ont déjoué les sondages qui leur prédisait une décrue violente. Dans les territoires où la sociologie CSP+ épousent l'offre macroniste, le sursaut de participation a profité aux candidats de la majorité présidentielle. Le scénario catastrophe n'a pas abouti mais difficile pour autant de dire que le pari de la dissolution d'Emmanuel Macron est une réussite. Ses troupes vont en payer le prix fort. A Lyon, Thomas Rudigoz (1re circonscription) est en ballottage très défavorable tout comme Alexandre Vincendet (7e). Sarah Tanzilli (13e) s'est retirée pour faire barrage au Rassemblement national qui est arrivé en tête et appelle à voter pour Victor Prandt, le candidat du Nouveau Front populaire.

Thomas Gassilloud (Agir) est bien placé dans la 10e et bénéficiera du désistement de la socialiste Florence Perrin. Jean-Luc Fugit (11e) est distancé par le candidat du RN et des Républicains, Alexandre Humbert Dupalais, mais aura derrière lui un front républicain après le retrait du candidat communiste du Nouveau Front Populaire. Dans la 5e, Blandine Brocard est en ballottage favorable dans une triangulaire où la gauche et le RN n'ont pas de réserves de voix quand les 14% du LR Bastien Joint lui semblent acquis. Le salut de Cyrille Isaac-Sybille passera aussi par un report des électeurs LR sur sa candidature dans une triangulaire dans la 12e.

Renaissance devrait garder quatre députés quand des projections pessimistes ne laissaient entrevoir la réélection que d'un seul des leurs. En 2017, La République en Marche, en pleine vague, avait gagné 12 des 14 circonscriptions. En 2022, elle en avait conservé huit. Le 7 juillet, Renaissance devrait en sauver quatre voire cinq. Si le parti centriste résiste bien dans le Rhône, il épouse toutefois la trajectoire, à la baisse, nationale.

Le retour de députés RN ?

Depuis l'introduction d'une dose de proportionnelle par François Mitterrand en 1986 et l'élection du lyonnais Bruno Gollnisch, le parti d'extrême-droite n'avait plus réussi à faire élire un de ses membres rhodaniens à l'Assemblée nationale. Le 7 juillet, le Rassemblement national espère l'emporter au moins dans la 13e circonscription.

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La déléguée départementale, Tiffany Joncour, est arrivée en tête (36%) avec dix points d'avance sur le candidat du Nouveau Front populaire qu'elle affrontera au second tour. Les 10% des suffrages du très droitier candidat des Républicains, Philippe Meunier, pourrait décider du sort de l'élection. La députée sortante Sarah Tanzilli s'est retiré pour faire barrage au RN. Une manœuvre dont il est difficile en cet été 2024 de mesurer l'efficacité. Dans la 11e, le candidat investi par Les Républicains courant Ciotti et le RN peut aussi espérer être élu. Il a lui aussi obtenu 36% des suffrages et sera face un front républicain contre lui. Les 10% des LR seront là encore l'arbitre du second tour.

Dans le Rhône, le RN est arrivé en tête dans quatre circonscriptions (8e, 9e, 11 et 13e) rurales ou périurbaines. La dynamique national autour du parti de Jordan Bardella s'est aussi traduite en milieu urbain. Dans Lyon, une ville où le RN est traditionnellement en difficulté, ses candidats s'invitent au second tour dans les 1re et 4e circonscriptions. Une percée historique dans une soirée où le camp de Marine Le Pen a explosé de nombreux plafonds de verre. Leurs candidats seront présents au second tour dans 11 des 14 circonscriptions du Rhône. Lors des précédentes élections législatives, en 2022, aucun RN ne s'y était invité. Au premier tour, le RN avait obtenu 71 000 voix dans le département. Ce 30 juin, ils en ont eu trois fois plus.

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