Photo : Aline Duchêne

Ce qu’il faut retenir du premier tour des législatives à Lyon

En 2022, c’est plutôt une vague de rouge et verte qui a déferlé sur la métropole de Lyon. Les candidats de la Nupes font jeu égal avec ceux de la majorité présidentielle dans les circonscriptions du Grand Lyon. Lyon Capitale vous résume les grands enseignements d’un premier tour marqué la poussée de la Nupes à Lyon.

La gauche est de retour

Dans les urnes, Nupes est une réussite. Au moins au premier tour. Dimanche soir, le maire EELV de Lyon Grégroy Doucet évoquait “une soirée historique”. En rassemblant la gauche derrière lui, Jean-Luc Mélenchon voulait éviter de subir, comme en 2017, une déperdition des voix entre la présidentielles et les législatives. Cinq ans plus tard, l’union de la gauche a fait de Nupes le deuxième parti de France, 21 000 voix derrière Ensemble sur l’ensemble des 577 circonscriptions. Le score des différentes formations est en recul par rapport au premier tour de la présidentielle de 2022. Mais la gauche, à la différence de 2017, peut se maintenir dans un très grand nombre de circonscriptions. Dans le Rhône, elle sera présente au second tour dans 12 circonscriptions et est arrivée en tête dans six d’entre elles. Seul Ensemble fait mieux avec 13 candidats qualifiés. La gauche unie s’invite au second tour dans des circonscriptions qui paraissaient encore défavorables il y a encore quelques semaines. Ainsi Fabrice Matteucci, abonné aux défaites dès le premier tour, s’est qualifié pour le second dans la 5e circonscription. De même Michèle Edery (PS) s’invite au second tour face à Thomas Gassilloud dans la 10e circonscription. Ces deux candidats n’ont en revanche guère de chance de l’emporter.

À Lyon, ce dimanche soir, la Nupes se prenait à rêver de remporter trois des quatre sièges en jeu. Les plus optimistes vont même jusqu’à imaginer un grand chelem. Dans les 1re, 2e et 3e circonscriptions, les candidats de la gauche unie sont arrivés en tête. Un résultat attendu pour Hubert Julien-Laferrière (2e) et Marie-Charlotte Garin (3e) qui virent en ballottage favorable. Pour Aurélie Gries (37,75%) le scénario est plus improbable face à Thomas Rudigoz (32,96%), député sortant en difficulté dans la 1re circonscription. À Villeurbanne (6e), le parachutage de Gabriel Amard est finalement plutôt réussi : 41,30% des suffrages. Dans la 14e, Idir Boumertit (35,76%) est aussi en ballottage favorable face au sortant Yves Blein (25,47%.

LREM recule, mais ne rompt pas

Les candidats de la majorité présidentielle sont en net retrait par rapport au cru 2017 qui les voyaient flirter avec la barre des 40%. Le meilleur score revient à Blandine Brocard avec 36,11% des suffrages dans la 5e circonscription, celle de Caluire-et-Cuire et du val de Saône. Si les candidats d’Ensemble n’ont pas toujours viré en tête, ils pourraient quand même être majoritaires à l’échelle du département le dimanche 19 juin au soir. Le parti présidentiel s’invite au second dans 13 des 14 circonscriptions. Seule Anissa Khedher est éliminée dès le premier tour dans la 7e circonscription, un résultat que redoutait la majorité présidentielle.

Les bonnes surprises pour Ensemble viennent du monde rural. Dans la 8e, l’agriculteur Dominique Despras (Modem) a viré en tête et semble en ballottage favorable face à la députée sortante Nathalie Serre (LR). Dans la 9e, celle de Villefranche-sur-Saône et du nord du Beaujolais, Ambroise Méjean a réussi à se faufiler au second tour et pourrait trouver des réserves de voix sur sa gauche. Politiquement, ces élections législatives ont validé la bascule de la majorité présidentielle vers le centre droit. Les candidats d’Ensemble réalisent de meilleurs scores dans les villes LR que dans celles gérées par les écologistes et la gauche. Leurs candidats des 4e, 5e, 8e, 10e, 11e, 12e et 13e virent ainsi en tête.

À Lyon, dans les 1re, 2e et 3e circonscriptions, les candidats Nupes ont devancé ceux de la majorité présidentielle qui perd du terrain dans le coeur de la métropole par rapport à 2017. La vague qui avait submergé la classe politique lyonnaise il y a cinq ans a perdu de sa superbe et devra compter sur des reports de voix de l’électorat LR pour garder la majorité dans le Rhône comme au niveau national.

La droite lyonnaise en grande souffrance

La droite ne sera présente au second tour dans aucune circonscription à Lyon. Dans la 4e jadis présenté comme un bastion inexpugnable, Pascal Blache, le maire du 6e, n’a pas réussi à s’inviter au second tour, nettement devancé par Anne Brugnera et l’écologiste Benjamin Badouard. Dans les trois autres circonscriptions lyonnaises, les candidats LR n’arrivent même pas à passer la barre symbolique des 10%. Les résultats sont meilleurs qu’au premier tour de l’élection présidentielle, mais loin des standards habituels de la droite à Lyon. Dans la métropole, le verdict des urnes n’est guère plus encourageant. Gilles Gascon n’arrive qu’en quatrième position avec 15,50% des suffrages dans une 13e circonscription que Les Républicains imaginaient gagnable. Dans 12e circonscription, la candidature de Jérôme Moroge, axée sur la fronde des maires, n’a pas été concluante (22,3%). La seule bonne nouvelle est venue de la 7e circonscription où Alexandre Vincendet, un temps tenter de rallier la majorité présidentielle, s’est qualifié pour le second tour. Dans les parties rurales du département, la droite a résisté. Le passage de témoin de Bernard Perrut à Alexandre Portier (1er avec 27,64% des voix) a plutôt bien fonctionné. Dans la 8e circonscription, la sortante Nathalie Serre (21,97%) a été devancée par le macroniste Dominique Desprats, mais Les Républicains s’imaginent des réserves de voix sur leur droite.

Les anciens barons perdent leur influence

Gérard Collomb, ancien maire de Lyon, et son homologue villeurbannais Jean-Paul Bret s’étaient engagés dans la bataille des législatives au soutien de candidats des radicaux de gauche dans les derniers jours de la campagne. Chacun avec ses raisons, mais pour un résultat commun décevant. Gérard Collomb avait apposé un bandeau portant son nom sur les affiches de Grégory Dayme dans la 1re circonscription pour protester contre les investitures de la majorité présidentielle, et barré la route de Thomas Rudigoz. Son candidat est éliminé dès le premier tour avec 3,76% des suffrages. “On connaît son poids politique”, s’amusaient de concert des écologistes et des macronistes dimanche soir. Dans la 6e circonscription, celle de Villeurbanne, l’ancien maire Jean-Paul Bret ferraillait pour compliquer l’atterrissage de Gabriel Amard (Nupes) dans ce bastion socialiste. Sa candidate, la radicale de gauche, Katia Buisson n’obtient que 6,57% des voix.

Le RN inexistant dans la métropole de Lyon

Si les législatives ont marqué une progression du RN par rapport à 2017, elle ne se mesure pas dans la métropole de Lyon et dans le Rhône. Le parti de Marine Le Pen n’arrive à placer aucun de ses candidats au second tour des élections législatives dans les 14 circonscriptions du Rhône. Le RN attend fébrilement le résultat du recompte des bulletins dans la 13e circonscription. Pour sept voix, son candidat Alain Pechereau manque le coche. “Reconquête n’aura aucun député à l’Assemblée nationale, mais leur présence nous empêche d’être au second tour dans cinq ou six circonscriptions. Ça ne ressemble à rien”, pestait Michèle Morel, référente départementale du RN et candidate à Villeurbanne.

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