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Ces élus qui défilent à la Gay Pride

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Farida Boudaoud, Jean-Louis Touraine, Pierre-Alain Muet et Najat Vallaud-Balkacem sont des fidèles de l'événement et marcheront samedi. Gérard Collomb pourrait "y faire un tour". D'autres, comme Etienne Tête, trouvent la manifestation trop "officielle", plus vraiment revendicative. Gilles Buna regrette sa trop grande proximité avec le PS. Et les élus de droite critiquent.

Ils dépareillent un peu, au milieu des torses imberbes, des tenues extravagantes et des sonos hurlantes. Des élus participent toujours à la Marche des Fiertés, la chemise légèrement déboutonnée. Parmi eux, il y a aura peut-être Gérard Collomb (sur la photo ci-dessus, lors de la gay pride de 2006). Un événement qui est chaque année à son agenda, mais que le maire n'honore pas fréquemment. Ce samedi, il pense "y faire un tour". Il y est allé il y a deux ou trois ans avec sa fille aînée. L'occasion d'échanger sur le mariage homosexuel.

"Ne défilent pas que des personnes homosexuelles"

Au milieu des fidèles, il y aura Gilles Buna, adjoint Vert, qui ne compte plus les kilomètres de Gay pride à son compteur. Il les a toutes faites, excepté l'année du décès de son père. "J'ai connu des marches très militantes, d'autres hypercommerciales. A présent, on a un bon équilibre entre le festif et le revendicatif". Farida Boudaoud, vice-présidente du Conseil régional en charge de la culture et de la lutte contre les discriminations, participe à celle de Lyon, parfois celle de Paris. "Je n'en pense que du bien. J'y allais déjà avant que ce soit ma délégation", précise-t-elle. Le député Pierre-Alain Muet répond aussi présent. "Je la fais chaque année, surtout depuis que je suis député. J'ai alors réalisé que le mariage est un droit fondamental". Premier adjoint à la Ville de Lyon, Jean-Louis Touraine souligne que les homosexuels "vivent une injustice car on les prive de droits en fonction de leur vie privée et de quelque chose qu'ils n'ont pas choisi."

Maire du 1er arrondissement, Nathalie Perrin-Gilbert y va une année sur deux. Elle accueille en mairie la réception inaugurale de la semaine des Fiertés. Najat Vallaud Belkacem qui est secrétaire nationale aux questions de société au PS estime "que ce type de manifestation attire l'attention sur les revendications qui sont celles de tous ceux qui croient que l'égalité ça se conquiert. C'est pour ça qu'à la marche des fiertés ne défilent pas que des personnes homosexuelles". Voilà pourquoi elle souligne qu'il ne faut plus parler de Gay pride.

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Plusieurs élus socialistes souhaitent s'y rendre, mais ne sont pas disponibles. Jean-Paul Bret sera aux Invites de Villeurbanne, le festival annuel de musiques et d'arts de rue. Mais le maire de la ville souligne avoir signé l'appel de Montpellier, lancé par Hélène Mandroux, en faveur du mariage des personnes de même sexe. Conseiller général, Thierry Philip sera en Ardèche où il participe à une course de cyclotourisme. "Si j'avais été disponible, j'y serais allé volontiers. Je trouve qu'on est plutôt en retard sur les sujets de société en France".

"La Gay pride s'est institutionnalisée"

Aucun élu de gauche ne manifeste des réserves quant à un défilé parfois provocateur et exhibitionniste. "Les gens qui sont homosexuels expriment ce qu'ils sont. Je trouve que c'est bien parce que ça leur donne un côté sympathique. Je crois que c'est plutôt bien vécu par les Lyonnais", estime au contraire la sénatrice Christiane Demontès. "La Gay Pride diffuse un message d'ouverture qui me convient parfaitement, affirme Alain Giordano, maire du 9e arrondissement (Les Verts). La politique, c'est aussi de la tolérance entre les gens, admettre que les gens soient différents de nous et ne pas s'arrêter sur des a-priori". Cette manifestation "est perçue différemment par chacun, certains n'y voient qu'une marche folklorique et d'autres, en majorité je pense, se demandent pourquoi cette marche existe", observe Jean-Louis Touraine. Voilà qui amène des échanges, des réflexions. Gilles Buna regrette la proximité du mouvement avec le PS. "Certains ont essayé de restreindre la Gay pride à une sensibilité", déplore-t-il.

Conseiller municipal écologiste, Etienne Tête s'y rendait, alors que "c'était un acte politique. Maintenant, c'est devenu officiel, ce n'est plus vraiment revendicatif". Il soutient une position originale : il est contre le mariage homosexuel. Et pour cause : "Je suis pour l'abolition du mariage, ce n'est pas le mariage qui doit nous donner des droits". "Il y a toujours un thème principal à défendre mais c'est vrai que la Gay pride s'est un peu institutionnalisée car elle est installée depuis de nombreuses années dans le paysage", observe Emmanuel Hamelin, conseiller municipal. L'élu UMP ne marchera pas samedi.

Nora Berra y sera peut-être

Dans le cortège, vous ne trouverez peut-être qu'un seul élu de droite, preuve que le sujet recouvre encore le clivage entre droite et gauche. "Il se peut que j'y passe si j'ai le temps", déclare Nora Berra, secrétaire d'Etat à la Santé. Elle tient à revenir sur l'origine du mouvement : la descente de police en juin 1968 à Stonewall Inn aux Etats-Unis. "Cela permet de se rappeler comment les homosexuels ont été traqués. C'est un devoir de mémoire", affirme l'élue. Député, Michel Havard relève que cette marche des fiertés sert aux homos à "montrer qu'ils n'ont pas honte d'être ce qu'ils sont. C'est très bien". Mais il est hostile au mariage et à l'adoption par deux personnes de même sexe. La position de Nora Berra sur le mariage est un peu alambiquée : "je suis pour la reconnaissance de cette union. Mariage n'est peut être pas le bon terme car il y a une connotation religieuse. Mais je suis pour l'égalité des droits". Ses collègues sont plus tranchés : hostiles au mariage homosexuel et absents du cortège.

"Si cette manifestation sert en plus à revendiquer le droit au mariage, je ne vais pas y aller vu que j'ai voté contre à l'Assemblée", explique le député de l'Est lyonnais Philippe Meunier. Quant au fait de voir des collègues de gauche défiler, il affirme ne pas partager avec eux la "même conception de l'élu". "je suis motard et il y a une manifestation de motard samedi. Je n'irai pas. Moi je m'adresse aux Français, pas aux homosexuels, aux juifs, aux chasseurs". Philippe Cochet revient sur son opposition au mariage. "Ce n'est pas une question d'avoir les mêmes droits, mais fondamentalement ce n'est pas la même chose, soutient-il. Il y a deux genres, le genre masculin et le genre féminin et si ça a marché depuis 2000 ans c'est bien qu'il y a une raison". Emmanuel Hamelin est sur la même position, même s'il est favorable "à des aménagements du Pacs comme sur l'héritage".

Gollnisch et les "hommes en cuir qui s'embrassent sur la bouche"

Maire du 2e arrondissement, Denis Broliquier doit chaque année se positionner, puisque le défilé se termine sur "son" territoire. "Pendant des années, j'ai donné des avis défavorables car ils ne respectaient pas l'environnement, raconte-t-il. C'est-à-dire qu'il y avait des attentats à la pudeur, au sens de la loi. Et il y avait des nuisances sonores fortes. Aujourd'hui, je donne un avis favorable, dans la mesure où effectivement, la Gay pride s'est assagie quelque part, et en tout cas respecte complètement la loi". L'élu divers droite estime toutefois que les participants à la marche ne représentent qu'une "partie des homosexuels. J'ai beaucoup d'amis homosexuels et des personnes qui travaillent dans ces associations homosexuelles qui ne se reconnaissent pas dans la Gay pride".

Conseiller régional FN, Bruno Gollnisch observe "ces hommes en cuir qui s'embrassent sur la bouche". "Cela heurte mon sens du bon goût. C'est assez extravagant de voir des élus se commettre dans ce genre de manifestation". Faut-il l'interdire ? L'élu frontiste est partagé entre son "attachement à la liberté d'expression et l'outrage publique et à la pudeur". Il est hostile "à la promotion militante de l'homosexualité et aux manifestations indécentes" et au mariage homosexuel sans réprouver les personnes. "Je suis pour le droit à l'indifférence. Ce qui se passe entre adultes consentants ne regarde pas l’État".

Lire aussi : 16e marche des Fiertés samedi à Lyon (le parcours)

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